L’ambition y est, la volonté et la motivation suivent. Des milliers de jeunes filles rêvent fortement d’un avenir meilleur et se consacrent aux études supérieures. La société civile, des mécènes, les gouvernants à travers plusieurs mécanismes encouragent fortement ces jeunes filles dans leur rêve. Malgré la volonté, les programmes, elles font parfois face à des barrières qui, pour certaines sont difficiles à surmonter et pour d’autres constituent une autre source de motivation.
Au Togo, la représentation féminine dans l’enseignement supérieur reste faible par rapport à celle des hommes. Pour l’année académique 2021-2022 par exemple, 96 451 étudiants se sont inscrits dans les Universités de Kara et de Lomé selon les chiffres révélés par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Parmi ce nombre, on note une proportion de 36% de filles. Ce déséquilibre trouve ses racines dans plusieurs facteurs. Pour de nombreuses familles, les ressources limitées obligent à faire des choix difficiles. Les frais de scolarité, de transport ou d’hébergement peuvent représenter un obstacle insurmontable, surtout si la priorité est donnée aux garçons.
Les stéréotypes et normes ont la peau dure
Dans les normes et traditions, il est fait obligation à la jeune fille d’entretenir la maison et de prendre soin des autres membres de sa famille notamment les autres frères et sœurs. Ceci constitue dans de nombreux cas, un frein à leur cursus scolaire ou universitaire. « Nous sommes obligées de jongler entre études et attentes familiales, notamment en ce qui concerne les travaux domestiques. Les études supérieures coûtent cheres, et certaines étudiantes peuvent avoir plus de difficultés à obtenir un soutien financier (bourses, aides familiales, etc.). Beaucoup d’étudiantes doivent cumuler études et emploi, ce qui peut affecter leur performance académique et leur bien-être », a raconté Djifa, étudiante à la Faculté De Droit (FDD).
Les filières scientifiques et techniques restent majoritairement fréquentées par des hommes. Amévor Amouzou-Glikpa dans un article publié en juin 2017 intitulé « Genre et éducation : l’accès des filles aux filières technologiques à l’Université de Lomé » a fait ressortir avec des chiffres, ce déséquilibre observé.

Et dans ces filières, de nombreuses étudiantes en minorité témoignent des comportements et propos sexistes dont elles sont victimes et qui handicapent leur épanouissement. Assa Chafatou, par exemple, est étudiante à l’Institut des Sciences de l’Information, de la Communication et des Arts (ISICA) de l’Université de Lomé. « Les gens pensent que c’est plus facile pour un garçon qu’ une fille de manipuler les matériels audiovisuels et ça tue la confiance en soi de la fille », a-t-elle révélé.
Au-delà de ces barrières, plusieurs autres sont recensées notamment, le harcèlement moral et sexuel des jeunes filles, la pression familiale, les difficultés financières… Mais alors, quelles actions concrètes peut-on mettre en place pour accompagner ces jeunes filles ambitieuses et leur permettre de surmonter les obstacles qui jalonnent leur parcours dans les études supérieures ?
Sensibilisations et accompagnements
Plusieurs pistes d’action peuvent être envisagées à l’instar des campagnes de sensibilisation, qui doivent viser non seulement les jeunes filles, mais aussi leurs familles, la communauté, pour déconstruire les stéréotypes de genre qui freinent leur accès à l’éducation supérieure. Elles se font déjà mais méritent d’être intensifiées. La Direction des Affaires Académiques et de la Scolarité (DAAS) de l’Université de Kara de son côté, initie des tournées de sensibilisation dans les lycées pour présenter ses offres de formation. A ce moment, les filles sont encouragées à ne point abandonner leurs études et surtout à embrasser les domaines scientifiques. « Les femmes enseignantes, personnellement, encouragent les jeunes filles à tenir bon, à bien travailler durant le parcours licence, pour avoir de meilleures chances pour postuler à un master et après à un doctorat », a déclaré Bétiré Daria OURADEI, Enseignante-Chercheure au Département de Sociologie de l’Université de Kara.
Des dispositifs de soutien aux filles sur le campus peuvent être renforcés. Par exemple, installer des coins reposoirs pour des filles uniquement où elles peuvent se soulager et mieux prendre soins d’elles pendant leur période menstruelle, multiplier des initiatives de bourses à l’endroit des femmes et filles, diminuer les frais d’inscription par exemple pour les filles au Supérieur comme c’est le cas dans l’enseignement secondaire.
La lutte contre les comportements sexistes et le harcèlement sur les campus universitaires deviennent un impératif. Renforcer les dispositifs d’écoute et de suivis des jeunes filles serait une autre solution pour permettre aux filles d’étudier en toute quiétude.
Les femmes représentent plus de la moitié de la société togolaise. Les encourager et leur faciliter de réaliser leur rêve pour celles qui veulent faire un parcours universitaire contribuera à réduire les inégalités.
Article rédigé dans le cadre de la campagne de communication « Femme et éducation au supérieur ».