Le harcèlement sexuel en milieu universitaire, un sujet longtemps passé sous silence, était au cœur d’une conférence-débat organisée par l’ONG Cœur Solidaire en collaboration avec l’Université de Lomé et l’ANCY. Intitulée « Harcèlement sexuel en milieu universitaire : briser le silence, agir pour l’égalité », cette initiative qui s’est tenue dans le cadre de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, vise à sensibiliser étudiantes et jeunes femmes sur les conséquences du harcèlement sexuel dans les établissements et à promouvoir un environnement académique où chaque individu peut s’épanouir sans crainte.
« Lorsque j’ai signalé les avances persistantes d’un enseignant, on m’a conseillé de me taire pour ne pas compromettre mes études. J’ai perdu confiance en moi, mais grâce au soutien de ma famille et de mes amis, j’ai pu retrouver ma force et continuer mon chemin », a témoigné une ancienne étudiante, que nous allons nommer Akua. Une autre se confie sur son expérience aussi amère que regrettable : « L’ami de mon père me proposait le sexe en contrepartie du travail que je voulais. J’ai refusé et je n’ai jamais eu le poste ».

Ce sont là, des témoignages recueillis chez des victimes du harcèlement sexuel à la conférence-débat. Les participantes, au cours de la rencontre, ont été instruites pour mieux se protéger et réagir face à ces situations. Plusieurs thématiques sont abordées : Comment reconnaître et prévenir le harcèlement sexuel ? Face au harcèlement en milieu universitaire et professionnel, que faire ?
Dans son intervention, la secrétaire générale de l’ONG Cœur Solidaire, Dissami Koyé, a insisté sur l’importance d’éduquer les étudiantes sur leurs droits juridiques, souvent méconnus, afin de leur permettre de se défendre contre les abus. Elle a expliqué les impacts graves du harcèlement sexuel sur le parcours académique des étudiantes : « Beaucoup de jeunes femmes souffrent en silence, ce qui affecte non seulement leur estime de soi mais également leur progression académique. Il est primordial de leur donner les moyens de s’informer et de réagir face à ces situations », a-t-elle proposé.

La Juge d’instruction Odette N’Zonou, de son côté, a apporté un éclairage juridique en rappelant les cadres législatifs existants, tels que le code pénal et la loi de 2022 sur la protection des apprenantes contre les infractions à caractère sexuel. Elle a encouragé les victimes à porter plainte et a insisté sur l’importance du soutien psychologique dans leur processus de guérison : « Le harcèlement sexuel affecte profondément la santé morale des victimes. Le recours à des psychologues est essentiel pour les aider à retrouver leur équilibre », a-t-elle précisé.
Le combat contre le harcèlement sexuel en milieu universitaire continue. Chaque témoignage, chaque dénonciation est une victoire contre le silence. Cette conférence a été un moment d’échanges et de sensibilisation. Les étudiantes présentes ont pu repartir mieux armées face à ces problématiques, avec une meilleure connaissance de leurs droits et des moyens de prévention. L’ONG Cœur Solidaire et ses partenaires appellent à une mobilisation collective pour éradiquer ce fléau.