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Reportage : Kouméalo, une lavandière tenace et de confiance à Lomé

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Dame Kouméalo est lavandière depuis plus de dix ans. L’efficacité, la rapidité, l’honnêteté sont les adjectifs qui décrivent avec aisance cette lavandière professionnelle. Sa vie a été un mélange de mésaventures, de deuils, de défis et de survie. Orpheline de père et de mère pendant son adolescence, Kouméalo, la quarantaine n’a pas eu la chance de fréquenter ni d’apprendre un métier. Elle cumulera de petits jobs avant l’arrivée de son premier enfant, et trouvera un peu plus de stabilité économique avec le travail de lavandière. Epouse, elle affrontera des violences et perdra deux de ses enfants. Malgré tout, elle reste debout, se bat, pour la survie de ses deux autres enfants à qui elle offre la chance de faire de bonnes études. Immersion dans la vie d’une de ces braves femmes, qui endure et ne lâche rien pour le bonheur de leurs enfants.

 

Kouméalo réside à Sogbossito, un quartier de la commune d’Agoè Nyivé 1 (capitale togolaise). Il est 07h03, vêtue d’une robe couvrant ses pieds, elle monte délicatement sur sa moto, enfile son casque, dispose son sac à main sous son épaule et démarre sa moto. La circulation est assez dense puisque nous sommes presque à une heure de pointe, chacun se rendant à son lieu de travail.

Depuis que Papa a plongé dans l’alcool et qu’on a déménagé, c’est elle qui

fait tout

Kouméalo, la quarantaine d’âge a rendez-vous au quartier Avédji (10 km environ de son lieu d’habitation). Sa mission cette matinée, faire la lessive et l’entretien de la cuisine pour une de ses fidèles clientes. Elle arrive enfin sur les lieux. D’abord, il faut changer de tenue et prendre celle de service. Il faut ensuite mettre le dispositif en place, des bassines d’eau à ordonner selon les besoins. Enfin commence le travail. L’un après l’autre, à l’aide de ses mains, elle frotte avec attention le linge.

 

Lavanderie, un choix de survie

Orpheline de père et de mère à son adolescence, Kouméalo envisageait apprendre la haute couture (homme et dame). Faute de moyens, elle opte pour un job de servante de maison pour réunir les fonds nécessaires : « J’ai commencé par travailler dans une famille où j’étais payée à 5 000 francs CFA (moins de 8 euros) le mois. C’était pour payer ma formation de couture. Chemin faisant, je suis tombée enceinte de mon premier enfant, je n’avais pas d’autres choix que de travailler plus dur », nous raconte-t-elle. Dame Kouméalo a désormais une charge de plus, elle doit se prendre en charge et aussi s’occuper de sa grossesse, puisque son compagnon avait en ce moment, des revenus aussi modestes. Sa paye mensuelle étant insuffisante et ne pouvant plus travailler avec son état de grossesse, elle quitte cette famille pour être une lavandière ambulante. C’est là tout a commencé.

 

Des années de dur labeur au profit de ses enfants

Au fil des années, Kouméalo eut trois autres enfants mais avec des difficultés familiales. Elle sera donc contrainte de quitter son foyer avec ses enfants. Mère célibataire de quatre (04) enfants, Kouméalo a un seul objectif : les mettre à l’abri du besoin : « J’ai beaucoup souffert. Si mes parents vivaient et toutes les conditions étaient réunies, j’aurais eu une vie réussie. Mes enfants ne doivent pas vivre ce que j’ai vécu » affirme-t-elle. Les circonstances de la vie, rendent l’exitence encore plus difficile à Kouméalo. Elle perd 02 de ses enfants en 05 ans. Elle intensifie ses activités pour le bien-être de ceux-ci : « Ils sont ma force et ma vie. Tout ce que je fais, c’est pour eux. Ils comprennent et m’accompagnent ».

Les prestations de Kouméalo vont de 500 à 10 000 francs CFA

« Je suis fière de ma mère. Depuis que Papa a plongé dans l’alcool et qu’on a déménagé, c’est elle qui fait tout, du manger aux soins de santé en passant par les frais de scolarité », nous confie Clotilde, âgée de 17ans, élève en classe de Terminale. Elle passe ses weekends ou ses heures libres à appuyer sa génitrice dans les ménages où elle est sollicitée pour rendre service : « J’y vais avec elle. Quand nous travaillons à deux, ça passe plus vite et on revient à la maison. Elle se fatigue moins, et elle passe assez de temps avec nous », ajoute-t-elle. C’est une manière pour cette adolescente d’encourager sa mère et de contribuer aux charges dont elle fait face toute seule.


De son activité professionnelle de lavandière, Kouméalo a scolarisé ses enfants. Le premier, âgé de 20 ans, a obtenu son BAC 2 série D et est étudiant en première année génie civil. La 2ème âgée de 17 ans est élève en Terminale A4. La réussite de ses enfants à l’école fait sa fierté. « Leurs résultats à l’école apaisent mon cœur et me rassurent. Par la grâce de Dieu, ils auront chacun un travail bien rémunéré », espère-t-elle.

Pour faciliter ses mouvements, elle s’est achetée une moto qui lui permet de répondre assez vite aux sollicitations et de faire plus d’économies quand elle est sollicitée : « La moto m’aide beaucoup. Avec elle, je dépense moins pour le déplacement. Je peux dire que c’est ce que j’ai pu gagner de mon travail. Le reste de mes économies me permettent de prendre soins de mes enfants et aussi, de payer le logement », a-t-elle confié.

Une confiance instaurée

Kouméalo prend très au sérieux les tâches qui lui sont confiées. Elle s’y applique vraiment pour offrir de bons résultats à ses clientes. Au-delà, elle arrive, par son honnêteté, à instaurer un climat de confiance entre elle et ses clientes, ce qui lui permet d’être très souvent recommandée. « Je l’ai connu chez une maman et sa manière de travailler m’a plu. Je sollicite ses services plus de 05 ans déjà. Même si je suis en voyage, elle peut aller chez moi travailler sans problèmes », a confirmé Solange, une de ses clientes.

Les prestations de Kouméalo vont de 500 à 10 000 francs CFA voir plus, selon les taches à exécuter. Elle est payée parfois en vivre : du maïs blanc, des pâtes alimentaires, des huiles de cuisson… de quoi nourrir la famille.

Elle espère trouver une autre activité génératrice de revenus et abandonner son travail actuel qui selon elle « l’épuise surtout que l’âge avance ». En attendant de nouvelles opportunités, elle parcourt la ville de Lomé et ses banlieues pour faire la lessive et l’entretien dans les ménages qui ont besoin de ses services.

 

Espoire TAWI

 

 

FAITIERE
  1. Aicha BOURAIMA dit

    Bravo pour ces biographies qui inspirent afin que nous realisons que les succes sont a differentes echelles et aussi loin des media.
    Bravco Afrikelles

    1. GADEDJISSO TOSSOU Egnoname Eugenie dit

      Merci beaucoup

  2. KPODE KOFFITSÈ dit

    Une histoire très touchante ! Est ce que je peux avoir son contact ?

    1. GADEDJISSO TOSSOU Egnoname Eugenie dit

      Oui, écrivez nous sur le +228 92806246 pour le contact.

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