INTERVIEW : « Nous sommes rattachés au patron et nous devons nous conformer à ses horaires qui sont tardives en général » Kadjé Faramammiè KPANDJAR
Elle totalise trente (30) ans de carrière en tant que secrétaire-assistante de direction. Kadjé FARAMAMMIE née KPANDJAR, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est actuellement l’assistante du Représentant de l’ASECNA (Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar) auprès de la République Togolaise après plusieurs structures et ministères. Sa carrière rime avec discrétion, disponibilité, altruisme et convivialité. En 2007, elle fonde le Cercle des Professionnels du Secrétariat et de l’Assistanat du Togo (CEPROSAT), association professionnelle membre de la Fédération Africaine des Professionnels en Secrétariat et Assistanat de Direction (FAPROSAD). Son amour pour le travail et son sens élevé de responsabilité l’ont fait Vice-Présidente chargée des Relations Extérieures et de la Communication à FAPROSAD.
Au-delà de sa profession, elle est portée par les valeurs de solidarité et de partage. De ce fait, elle milite et est d’ailleurs Coordinatrice Générale Afrique d’un réseau de femmes. Dénommée Synergie des Femmes d’Action (SYFA), cette organisation rassemble 08 pays africains et a pour mission d’œuvrer pour l’autonomisation de la femme et aussi la promotion de la paix et de la sécurité.
Dans cette interview exclusive qu’elle nous accorde, Mme Kadjé Faramammiè née KPANDJAR, avec bienveillance comme à son habitude, revient sur son parcours professionnel, son métier de secrétaire-assistante de direction et aussi sur son engagement social. Bonne lecture !
Trois de vos qualités ?
– Je suis une femme d’action (j’aime agir pour avancer, au lieu de parler seulement)
– Je suis une femme de parole, (je respecte toujours ma « parole donnée »)
– Je suis dotée d’une grande patience (je sais surmonter les situations difficiles sans trop me « prendre la tête »).
ce métier est passionnant, parce qu’on est souvent bien informé, étant donné que beaucoup de dossiers transitent par nous avant de parvenir à l’Autorité
Brève description de votre parcours scolaire et professionnel.
Après mes études primaires à Kountouaré dans la Préfecture de l’Oti, je suis entrée au collège d’enseignement général de Nano, mon village d’origine où j’obtins le BEPC. J’entame mes études en 2ᵉ cycle au Collège Chaminade de Kara où je décroche mon baccalauréat série littéraire.
Étant toujours passionnée depuis ma tendre jeunesse par le métier du secrétariat, je passe le concours d’entrée à l’Ecole Supérieure de Secrétariat de Direction de l’Université du Bénin, actuelle Université de Lomé et je suis sortie en 1991 nantie du Diplôme Supérieur de Secrétaire de Direction (DSSD) après trois ans d’études, ce qui équivaut à une Licence Professionnelle en Secrétariat de Direction.
Depuis lors, j’ai parcouru plusieurs structures pour d’abord des stages pratiques et ensuite je me suis insérée dans le milieu professionnel il y a plus de 30 ans maintenant. Je suis passée par des Ministères (Ministère du Plan, Ministère des Affaires Etrangères et Ministère de l’Économie et des Finances) en qualité de secrétaire particulière de Ministre et à la Société Aéroportuaire de Lomé-Tokoin (SALT) en qualité d’assistante du DG.
Comment a débuté votre carrière professionnelle ?
Ma carrière professionnelle a débuté en 1993 par mon intégration dans le Programme emploi/formation (PEF) au Cabinet du Ministre du Plan, puis j’ai été mutée six mois après au Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération, comme secrétaire particulière du Ministre, poste que j’ai occupé jusqu’en juillet 1995 avant d’être recrutée à la Société Aéroportuaire de Lomé-Tokoin (SALT) en qualité d’assistante du Directeur Général. C’est ainsi que j’ai poursuivi mon parcours professionnel en intégrant d’autres structures comme le Ministère de l’Économie et des Finances et depuis 2009 à la Représentation de l’ASECNA au Togo.
À l’heure actuelle, les employeurs exigent davantage la polyvalence et surtout la maîtrise de plusieurs langues
Qu’appréciez-vous le plus dans votre métier ?
Ce que j’apprécie le plus dans mon métier, c’est que c’est un métier transversal puisqu’on peut l’exercer dans plusieurs domaines d’activités. Le métier de secrétaire de direction est également un métier de contact, car il permet d’enrichir son carnet d’adresses. Grâce à mon métier, j’ai connu beaucoup de personnes avec lesquelles, j’ai gardé de bonnes relations. Aussi, ce métier est passionnant, parce qu’on est souvent bien informé, étant donné que beaucoup de dossiers transitent par nous avant de parvenir à l’Autorité (c’est pourquoi lors des recrutements, les employeurs insistent beaucoup sur la discrétion).
Quelles en sont les limites selon vous ?
L’une des limites de notre métier est souvent liée au fait que nous sommes rattachés au patron et donc dans certains cas, nous devons nous conformer à ses horaires qui sont tardifs en général. Il faut aussi noter le manque de plan de carrière pour ce métier, ce qui fait qu’il faut à un moment donné penser à se former afin de pouvoir changer de trajectoire dans sa carrière. À l’heure actuelle, les employeurs exigent davantage la polyvalence et surtout la maîtrise de plusieurs langues.
Vous êtes engagée et êtes fondatrice d’associations. Dites-nous, qu’est-ce qui vous y a amené ? Ou encore, qu’est-ce qui explique cet engagement ?
Depuis mon enfance, j’ai toujours voulu faire de mon mieux pour aider les personnes vulnérables autour de moi. J’aime aussi le vivre ensemble et le partage, car selon moi, c’est en mettant en commun nos ressources (savoir-faire, expérience, énergie et moyens) que nous pouvons mieux nous épanouir et aussi aider les autres personnes de notre milieu à s’épanouir. C’est pourquoi j’essaye de rassembler les personnes qui ont la même vision que moi pour travailler ensemble afin d’atteindre des objectifs que nous nous fixons.
Ce n’est pas forcément les grands diplômes qui déterminent une femme qui a réussi
D’AFIP, votre organisation est devenue SYFA. Expliquez-nous cette transition.
Depuis 2017, nous avions accepté d’implanter la branche Togo de Africa Femmes Initiatives Positives (AFIP) un réseau de femmes dont le siège est basé à Abidjan en Côte d’Ivoire. Tout semblait se passer bien jusqu’en 2022 où nous avons remarqué une lourdeur dans la gestion dudit réseau, due à certains dysfonctionnements liés aux changements intervenus en 2021 à la tête de AFIP. Ainsi, 08 pays précédemment membres du réseau AFIP se sont concertés pour mettre une nouvelle structure en place tout en allégeant le mode de fonctionnement. Nous avons travaillé donc ensemble jusqu’à aboutir à la création de notre réseau dénommé Synergie des Femmes d’Action (SYFA) qui a été mis en place en juillet 2023 à Lomé lors de notre toute première convention au cours de laquelle nous avons signé une charte qui constitue le texte de base de la SYFA Afrique dont j’ai été désignée par consensus comme Coordinatrice Générale.
Quelle est la mission de SYFA ?
Notre synergie est basée sur la solidarité entre les femmes, afin de partager des expériences et connaissances et créer des partenariats pour aborder des problèmes sociaux complexes. Notre mission essentielle est d’œuvrer pour l’autonomisation de la femme et aussi la promotion de la paix et de la sécurité en encourageant la participation des femmes aux processus de résolution des conflits et de la consolidation de la paix en Afrique.
Qui peut être membre de votre organisation ?
Pour être membre de la SYFA, toute personne jouissant de ses droits civiques et moraux, sans distinction de sexe, de race, de conviction politique, de culture ni de religion, qui manifestement accepte les dispositions des textes régissant la SYFA.
Aussi, l’adhésion à la SYFA Afrique se fait par pays. Si un pays aspire à créer une représentation, il s’adresse à la coordination générale qui l’admet s’il accepte les dispositions de la charte de la SYFA signée à Lomé en juillet 2023.
Selon vous, c’est qui une femme qui a réussi dans la vie ?
Une femme qui a réussi dans sa vie, pour moi, c’est une femme qui a donné de la valeur ajoutée à sa vie, en « sortant de sa zone de confort » et en s’impliquant dans des actions pouvant lui permettre de s’épanouir et faire épanouir d’autres personnes dans son milieu. Ce n’est pas forcément les grands diplômes qui déterminent une femme qui a réussi, mais surtout l’impact positif qu’elle arrive à avoir sur les autres. Bref, une femme qui a réussi sa vie, est une femme qui est un modèle dans son milieu social. Elle doit donc être responsable et surtout autonome à tous points de vue.
Selon vous, quelles sont les valeurs que la femme africaine actuelle doit préserver ?
Les valeurs à préserver par la femme africaine actuelle doivent être :
L’intégrité morale, le courage, l’abnégation, l’endurance, la capacité d’adaptation et le respect d’autrui.
Un dernier mot !
Mon dernier mot est d’exhorter les femmes à ne pas rester en marge des changements qui s’opèrent actuellement dans le monde moderne. Elles doivent agir afin de se faire une place de choix dans la société. La femme africaine est la courroie de transmission de l’éducation de base, donc elle doit être la garante de la préservation des valeurs et un modèle à suivre, grâce à son comportement exemplaire.
MERCI AfrikElles pour cette belle opportunité qui m’est offerte.
Merci également à vous !
Propos recueillis par Eugenie GADEDJISSO TOSSOU