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Interview : « Une jeune dame fait du fétichisme devant ma boutique», Togbedji Joujou Elza

Paris ne s’est pas construit en un seul jour. Eh oui ! Togbedji Joujou Elza, connue plus sur le réseau social Tiktok ne s’est pas faite en un jour, comme d’autres entrepreneurs d’ailleurs. La jeune Béninoise d’origine, née à Lomé au Togo, est issue d’une famille polygame de parents couturiers. Joujou a connu un parcours scolaire plutôt compliqué avec des échecs presque à tous les examens : une fois au CEPD, deux fois le BEPC, 3 fois au BAC 1 et 3 fois au BAC 2. Elle obtint finalement son Baccalauréat en Secrétariat en 2017. Sa ténacité pour avoir le baccalauréat était liée à son désir et celui de ses parents de devenir une grande secrétaire. Sauf que son amour pour l’argent et des situations de la vie, lui ont fait voir le meilleur côté de ses activités parallèles sur les bancs d’école : le commerce. Elle s’y lance avec pratiquement rien et aujourd’hui vit entièrement de la vente de jeans essentiellement, mais aussi d’autres articles. Son canal de boost, les réseaux sociaux. Dans cet entretien, notre « Elle de la semaine » nous raconte ses débuts et ses tourments. Bonne lecture.

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Consommer local

Le résumé de leur message, une jeune dame fait du fétichisme devant ma boutique. Le choc… je ne m’y attendais pas.

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Comment est née l’initiative de vendre les jeans et vêtements ?

J’aime les jeans depuis l’enfance. Quand j’avais 10 ans, mon papa étant tailleur, coupait ses pantalons pour faire des culottes et moi, je mettais les bas des jeans coupés sous forme de jupe. En ce temps, c’étaient les pantalons bas d’éléphant donc, cela m’allait bien. À mes 17 ans, je partais au marché payer des friperies, surtout les premiers choix que je portais moi-même. Mais, je ne les mettais pas pour longtemps, mon entourage les rachetait immédiatement. J’ai commencé ainsi à gagner de l’argent. Trois ans après, j’avais décidé de faire les achats au grand marché. Avec l’âge, j’avais de l’embonpoint, ce qui mettait en valeur les tenues. Je devenais comme cela mannequin pour les articles que j’achetais. Je gagnais des sous, ce qui m’a permis de payer moi-même ma scolarité à partir de la classe de 1ère. Seulement, je m’adonnais plus au commerce même si je continue par aller au cours. Grâce à cette activité, j’ai payé ma première moto pour me faciliter les déplacements, puisque, parfois, je me rends au marché 5 fois selon les commandes. Après, j’ai ajouté d’autres articles, notamment, les colliers, sous-vêtements, montres, sacs, habits… J’ai dû vendre, entre-autres, les goyaves dans les rues de Lomé à mes 10 ans ; travailler dans un bar ; dans une maison de boulangerie sur les bancs d’école en 2012 ; j’ai fait les ongles et les vernis ; j’ai cousu et vendu des draps et rideaux en pagne africains. Tout ce qui peut me faire gagner l’argent dignement, je n’hésite pas à s’y lancer.

 

Joujou dans sa boutique

Les soirs, après les groupes de travail à l’école, je pars livrer les commandes des clients. Dans la foulée, mon papa rendît l’âme en 2017, je venais d’avoir mon Baccalauréat. La vie devenait plus difficile, je suis restée à la maison avec ce job. J’ai ajouté à ma stratégie Marketing, le branding de mes articles sur les réseaux sociaux. Je mettais les tenues, me faisais prendre en photo puis les postais. Les commandes ont donc augmenté, j’ai pu faire un peu d’économie pour acheter un conteneur de 3m sur 2,50 m. En avril 2019, j’ai trouvé un espace au niveau d’Agoè pour y s’installer. Puisque, les jeans s’achètent plus vite, j’ai sollicité ma sœur aînée, qui m’accompagnait dans l’achat du premier bal de jean, sans aucune aide.

 

On ne commence pas pour arrêter parce que ça ne marche pas, il faut beaucoup de temps. Ne rien attendre des autres, il faut d’abord oser et débuter à petit prix.

 

Votre déménagement récent pour une nouvelle boutique, comment cela s’est-il passé ?

Nous avons déménagé contre notre gré. Nous avons reçu une lettre, qui nous demandait de déguerpir autour de la clôture de l’école dans un délai de trois mois. Personne parmi nous ne bougeait du terrain. Après cela, il y avait eu des pressions puisque des gens passaient régulièrement faire les contrôles. Ce fut une situation stressante pour moi, je me suis retrouvée à l’hôpital.

C’est sur mon lit d’hôpital que le délai est arrivé à terme et qu’il fallait vraiment partir. J’ai fait appel à ma sœur jumelle qui est allée tout ramasser. Il fallait réfléchir dès lors pour retrouver un nouvel espace. Les boutiques à Lomé coûtent, je ne pouvais pas me permettre une quelconque location de boutique pour l’instant. J’ai loué un magasin, pour faire déposer les articles. Je n’ai pas supporté ce déplacement, j’ai fait une vidéo que j’ai partagée sur les réseaux sociaux pour expliquer la situation. Des propositions de places m’ont été faites par les abonnés. Mais un seul choix rapide s’est imposé. Pour ne pas abandonner, j’ai refait rapidement la boutique devant la maison de mon défunt père. C’est là où nous sommes aujourd’hui.

 

Comment les réseaux sociaux vous aident-ils dans votre activité ?

Chaque entrepreneur choisi son canal de communication. Moi, j’ai opté pour les réseaux sociaux. J’ai commencé par poster des images d’articles sur mon statut WhatsApp, après Facebook, puis Instagram et après tiktok. Ce dernier est d’ailleurs celui que j’utilise le plus ces temps. La première vidéo de moi qui avait le plus percer c’était dans ma petite boutique en 2020 sur mon ancien compte que tiktok a supprimé, car je ne connaissais pas la police du réseau qui interdirait les publications avec les prix et numéro de téléphone pour les ventes. Chaque jour, je fais et poste une vidéo pour rappeler aux clients que je suis là et disponible et aussi, faire connaitre les nouveaux articles. Sur les réseaux sociaux, tous mes appels à l’aide sont positifs et les gens compatissent. J’ai eu des soutiens financiers à travers les médias sociaux, des personnes que je n’ai jamais vues, des personnes qui me donnent de très grandes sommes (quand je parle de très grandes sommes, c’est parce que je connais l’effort à fournir avant de gagner 5 mille a 10 mille francs CFA. Et pour moi, c’est de très grand geste). J’ai de valeureuses clientes sur les réseaux qui me font confiance, m’envoient de l’argent, je leur fais des choix. Des dames qui s’identifient à moi quand elles étaient jeunes, n’hésitent pas à faire de grands achats pour m’aider. Des Tontons qui ne cessent de me soutenir moralement et financièrement. Je l’avoue, je leur suis très reconnaissante. Grâce aux réseaux sociaux, j’ai vraiment pu obtenir de bonnes choses.

 

Joujou vendant au bord de la route.

 

Quel a été le plus dur pour vous au tout début de vos activités ?

En 2019, mon grand ami a rendu l’âme. Une personne qui me soutenait moralement et de qui je n’avais rien eu comme cadeau bien avant. Il a été la première et seule personne jusqu’ici à qui j’ai demandé un prêt. Il n’a même pas hésité à me remettre les 200 000 FCFA pour payer mon premier bal dont je parlais plus haut. Je n’avais pas voulu de prêt, voilà pourquoi je lui ai fait appel. J’avais vendu également ma moto, pour faire les travaux de ma boutique. J’ai remboursé tout de même après. Je suis restée quatre jours sans ses nouvelles, j’appelle ses sœurs qui m’informent qu’il est décédé. Ça a été très difficile. Je ne peux l’oublier.

 

Une histoire qui vous a particulièrement touchée ?

Une nuit, une tata et son mari m’ont envoyé une note vocale trois mois avant mon déménagement de l’ancienne boutique. Le résumé de leur message, une jeune dame fait du fétichisme devant ma boutique. Le choc… je ne m’y attendais pas. J’aurais pu ne pas écouter ce vocal, car c’était sur mon numéro personnel et je ne réponds pas pratiquement vite là-bas. Mais, j’ai pris le temps d’écouter le vocal et cela fut pour moi un bouleversement psychologique. Jusqu’à présent, je m’interroge sur la finalité de ce geste ainsi que celle de l’auteure.

 

Quel est votre plus grand rêve ?

Mon plus grand rêve, si Dieu le veut, c’est devenir une très grande commerçante. Avoir ma propre marque de vêtements et vendre des articles en gros.

Un dernier mot, aux jeunes femmes qui hésitent à entreprendre ?

Merci à vous pour opportunité que vous m’aviez offerte. Je dirai, qu’il faut mettre Dieu, en toute chose devant. C’est la première personne à qui nous devons nous confier et retenir que rien est facile dans la vie. On ne commence pas forcément grand. On ne commence pas pour arrêter parce que ça ne marche pas, il faut beaucoup de temps. Ne rien attendre des autres, il faut d’abord oser et débuter à petit prix.

 

 

Propos recueilli par Eugenie GADEDJISSO TOSSOU.

 

 

 

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  1. Anna dit

    Ma cocotte ❤️☺️ elle a aussi un petit bon cœur ❤️

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