Elle est jeune, ambitieuse, travailleuse et dynamique. Elle a plusieurs cordes à son arc. Elle, c’est Anita AFATCHAO, Togolaise, amoureuse de la littérature et du voyage. Deux passions, qui l’ont amenée aux métiers qu’elle exerce aujourd’hui, à savoir auteure et réalisatrice. Anita AFATCHAO dégage de l’énergie, l’humeur et la joie de vivre. Elle les transmet à travers ses œuvres. La Directrice de production chez la maison de production » Les films du siècle » et chargée de communication du festival de films ÉMERGENCE s’est engagée à faire la promotion du cinéma togolais à travers un blog ‘cinémania’. Anita AFATCHAO est également la Secrétaire Générale et Coordinatrice des ateliers du Cinéma Numérique Ambulant Togo.
Elle nous ouvre une partie du livre de sa vie à travers cette interview. Bonne lecture !
Trois mots qui définissent le mieux Anita AFATCHAO
Je dirai Dynamique, passionnée et joyeuse.
Véritable touche à tout, vous êtes réalisatrice, productrice, coordinatrice de projet, chargée de communication et nous en oublions peut-être, comment conciliez-vous toutes ces tâches au quotidien en tant que femme ?
Ce n’est pas une tâche aisée de switcher entre plusieurs entreprises à chaque fois puisque chacun de ces postes est lié à une structure différente, mais on carbure à la passion. Ça rend chaque défi intéressant. En tant que femme aujourd’hui, je n’ai pas un si grand défi. Quand j’aurai entièrement à charge une famille, ce sera plus compliqué de pouvoir s’impliquer autant parce qu’il faudra partager le temps entre les deux parties pour garder un certain équilibre. C’est un défi énorme qui, soyons francs, fait un peu peur pour quelqu’un comme moi qui s’implique énormément dans le travail et les voyages.
Vous n’êtes pas une figure inconnue dans l’univers cinématographique togolais de nos jours, racontez-nous brièvement l’histoire du couple Anita-Cinéma ?
Comme je le disais plus haut, je suis passionnée de littérature et de voyage. Avec ce combo, je me destinais à une carrière de journaliste reporter d’images. À la fin de ma formation donc en JRI et presse écrite, j’ai cherché un stage en vain à la télé. Et ce n’est que dans le cinéma que j’en ai eu l’opportunité. Voilà comment j’ai découvert ce monde et au bout de trois mois de stage, j’ai redécouvert le film documentaire que j’aime tant sous un autre jour. J’ai alors compris que c’est ce que je voulais faire. Faire du cinéma. Cela n’a pas été aisé avec l’entourage qui trouvait que ce n’était pas un vrai travail, mais ma détermination et les résultats palpables ont fini par les convaincre. Surtout, le grand prix Kodjo Ebouclé a permis de redistribuer les cartes.
Quel est l’apport de la femme togolaise dans le paysage cinématographique de son pays ?
La femme a une place très significative dans ce milieu en général et au Togo en particulier. J’aime à dire que les hommes du cinéma togolais sont des points d’appuis sûrs pour les femmes du milieu parce que, contrairement à plusieurs échos qu’on a ici et là, on veut cantonner les femmes dans certains rôles alors qu’ici, on essaie de les pousser autant qu’on peut à embrasser des métiers dits d’homme. Aujourd’hui, plusieurs initiales féminines dans le cinéma togolais sont des plus impactants. On va citer par exemple les productions d’Angela Aquereburu et Madie foltek qui mettent le Togo sur la carte de l’audiovisuel africain de façon compétitive, le salon du cinéma féminin qui forme et met en valeur les jeunes femmes cinéastes, la rencontre des femmes Katuu qui donne la parole aux femmes pour se raconter, l’association des actrices, etc. Toutes ces initiatives à leurs différentes échelles apportent un plus très significatif à l’émulation des jeunes femmes qui aujourd’hui ont des modèles pour s’orienter non plus à défaut vers l’actorat, mais vers tout autre métier du cinéma.
Qu’est-ce qui manque à la femme cinéaste Togolaise de nos jours pour son épanouissement dans le 7ᵉ art ?
Ce qui manque à la femme, c’est surtout une information juste. Une formation accessible et adéquate et surtout l’orientation vers les métiers selon ses propres aptitudes. Elles ne sont pas nombreuses celles qui embrassent les métiers techniques par peur de ne pas être à la hauteur ou par manque d’ambition aussi parfois. La plupart restent dans leurs zones de conforts alors qu’il y a aujourd’hui le nécessaire pour faire plus. Il manque essentiellement de la patience à la plupart, de se dire qu’on ne devient pas riche en un claquement de doigt en faisant du cinéma, au Togo. C’est un travail de longue haleine et de constance. Si l’on arrivait à encourager les jeunes femmes avec des bourses, à leur trouver l’environnement idéal afin de vivre de ce métier, beaucoup y resteraient et s’épanouiraient véritablement.
Depuis le sacre de votre documentaire « l’or dur » au Clap Ivoire en 2018, quelles sont vos plus grandes réalisations ou réussites six ans après ?
Je dirai que ma plus grande réalisation est d’être restée dans ce métier et de m’être fait une place et un nom. D’avoir réussi à trouver ma voie en me spécialisant dans un métier qui n’avait pas vraiment de spécialistes ici. Au-delà de ça, de façon concrète, j’ai travaillé sur plusieurs projets nationaux comme internationaux dans ma spécialité qui est la direction de production. J’ai reçu le prix Afrikammera pour le projet “moi riche, pingre et cupide ” de Joël TCHEDRE que je produis au Ouaga film lab en 2019. Je travaille sur mon long métrage qui prend forme petitement et j’accompagne plusieurs projets de courts et longs métrages. Parallèlement à tout ça, je travaille sur des projets d’atelier que je contribue à mettre en place et réaliser.
Si par enchantement, l’on vous donnait une baguette magique pour changer deux choses, situations, ou réalités dans le cinéma togolais, ce serait quoi ?
Je pense que je vais principalement rediriger certains fonds vers le cinéma pour permettre aux auteurs et à toutes les personnes maillons de la chaîne de vivre de cet art tout aussi noble. Puis permettre que germent assez d’écoles de formations professionnelles avec les outils nécessaires afin de former les futurs cinéastes togolais comme il le faut pour qu’ils soient compétitifs à tous les niveaux.
Des directives aux jeunes filles /femmes qui veulent entamer l’aventure cinématographique ?
Il faut savoir où l’on va et accepter de sortir de sa zone de confort. Nous avons un combat à mener, c’est arriver à redistribuer les cartes, de sorte que, quand on pensera à telle femme, on la choisira parce qu’elle est capable et apte et non pour remplir les quotas ou encore pour la cloisonner dans un rôle à cause de son genre.
Merci !
Merci également à vous !
Propos recueilli par Innocent WOTOGLO
Anita, est vraiment une battante. Moi je l’ai découvert et kiffé surtout lors de RIGHT ON qui est une formation de leur maison de production.
Une formation qui m’a permis de bien comprendre le cinéma.
IL fallait voir son dévouement, sa gentillesse et surtout humilité….
Bref j’adore sa sagesse… Elle est un maillon clef du cinéma togolais aujourd’hui.
Merci à Afrikelles d’avoir mis ses projecteurs sur ANITA car il faut que tout le monde connaisse ANITA et sait de quoi est capable…
Merci
Merci pour votre témoignage.