Un atelier artistique s’est tenu à Lomé ce dimanche 22 décembre 2024, dans le cadre du projet « Agir pour réduire les grossesses non désirées et l’avortement clandestin au Togo ». Ce projet, soutenu par le consortium Together For Change, Négresses Féministes et le Mouvement Girls Motion, avec le soutien financier de Engender Health vise à sensibiliser les jeunes aux enjeux de la santé sexuelle et reproductive (SSR) et à déconstruire les mythes liés à cette thématique, trop souvent taboue dans les communautés africaines.
L’atelier a réuni des jeunes afin d’utiliser la peinture comme outil pédagogique, favorisant l’expression des expériences liées à la santé sexuelle et reproductive. L’objectif était de briser le silence, d’informer les jeunes sur l’accès aux services de santé, et de mettre en lumière les grossesses non désirées et les avortements clandestins, fréquents au Togo. « Pour moi, on ne va pas à l’hôpital seulement quand on est malade. Lorsque qu’on veut mieux connaître son corps, maitriser son fonctionnement, il est important d’aller à l’hôpital pour questionner les sages femmes, gynécologues afin d’avoir de la bonne information en tant que jeune, en tant que femme », a affirmé Rachimini Malam Moumouni, féministe.
L’atelier s’est divisé en deux grandes phases. D’abord, une session sur la santé reproductive, la planification familiale et l’hygiène menstruelle. Cette discussion a permis aux jeunes de s’exprimer librement sur leurs ressentis et de partager leurs expériences en matière de santé sexuelle et reproductive. Les tabous ont été abordés avec douceur, dans le but de créer un cadre sécurisé où chacun pouvait s’exprimer sans jugement. « Dans nos communautés, la santé sexuelle et reproductive est un sujet extrêmement difficile à discuter. Cependant, il est primordial de comprendre que cela ne se résume pas à des questions de sexe, mais qu’il s’agit avant tout de droits humains fondamentaux », a déclaré Rahile Mijiyawa, présidente de l’organisation ‘Together For Change’, coordinatrice du projet « Agir pour réduire les grossesses précoces et l’avortement clandestin au Togo ». Ce message, véhiculé tout au long de l’atelier, a sensibilisé les participants à la nécessité de prendre des décisions responsables concernant leur sexualité et leur santé.
La deuxième phase de l’atelier a consisté à explorer la thématique de la santé sexuelle et reproductive à travers l’art. Les participants ont été invités à concevoir des toiles représentant leurs perceptions de la SSR. Chaque toile a ainsi mis en lumière des réalités personnelles ou collectives, tout en offrant une porte d’entrée visuelle pour sensibiliser le public à ces enjeux cruciaux. Pour Kao Badra, l’atelier a été une véritable révélation : « Je n’avais pas suffisamment de connaissances sur des sujets comme les règles douloureuses ou les effets des contraceptifs. Cet atelier m’a permis de mieux comprendre ces réalités et d’en discuter ouvertement », a-t-elle témoigné.
De son côté, Eclou Johson Pascaline, une autre participante, a utilisé sa toile pour exprimer la notion de choix des femmes en matière de maternité. « La santé sexuelle ne concerne pas uniquement les femmes, mais aussi les hommes. Une femme a le droit de décider du nombre d’enfants qu’elle souhaite avoir », a-t-elle expliqué.
La santé sexuelle et reproductive reste un défi majeur au Togo, notamment pour les jeunes femmes de 20 à 24 ans, avec près de 5 000 grossesses non désirées par an. La faible utilisation de la contraception (20,5 %) et la stigmatisation aggravent la situation. Les initiatives commeLes initiatives comme celles menées par les organisations Together For Change, les Négresses Féministes et le Mouvement Girls Motion visent à informer les jeunes et à améliorer l’accès aux services de santé, en encourageant des discussions ouvertes sur la sexualité et les choix reproductifs.
Au final, cet atelier de peinture n’a pas seulement permis d’exprimer des idées à travers l’art, mais il a aussi jeté les bases d’une prise de conscience collective. Un changement est possible, mais il nécessite l’implication de chaque individu, jeune ou adulte, dans la lutte pour une santé sexuelle et reproductive libre, accessible et respectueuse des droits humains.
![FAITIERE](https://i0.wp.com/www.afrikelles.tg/wp-content/uploads/2024/12/WhatsApp-Image-2024-12-13-at-13.45.31-1.jpeg?w=1170&ssl=1)