Ce mercredi 11 juin 2025 à Lomé, les regards étaient tournés vers un objectif commun : mettre fin au fléau persistant du mariage d’enfants. C’est dans ce cadre qu’a eu lieu la Troisième Rencontre Nationale de Dialogue Politique, organisée dans le cadre du projet « Agir pour l’Abandon du Mariage d’Enfants » (AAME), une initiative portée par WILDAF-AO, mise en œuvre par WILDAF-Togo et l’ONG FAMME.
Le mariage d’enfants demeure une réalité alarmante en Afrique subsaharienne. Au Togo, 41 % des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans, selon les chiffres de l’UNICEF. Ce constat préoccupant mobilise l’ensemble des acteurs impliqués dans cette lutte. Cette troisième édition de dialogue politique vise non seulement à faire le point sur les engagements pris lors des deux premières rencontres, mais aussi à recueillir de nouveaux engagements concrets pour éradiquer durablement cette pratique.
Au cours des travaux, des communications institutionnelles ont été présenté par les ministères de la Santé, des Droits de l’Homme, de l’Action Sociale et de l’Enseignement. Chaque intervention a mis en lumière les efforts déployer pour enrayer le mariage précoce. Toutefois, des insuffisances subsistent : mécanismes de prise en charge encore faibles pour les survivantes, manque de coordination entre les acteurs, ressources humaines et financières limitées…
Sodji Dometo, Directeur Exécutif de l’ONG FAMME (Force en Action pour le Mieux être de la Mère et de l’Enfant), a pour sa part rappelé l’importance de la mise en œuvre effective des lois votées : « Si les lois votées dans notre pays ne sont pas suivies d’effets ou ne sont pas appliquées efficacement, nous n’atteindrons jamais nos objectifs. Nous avons besoin que les autorités soit derrière nous, qu’elles nous soutiennent activement. Il faut qu’à tous les niveau local, communautaire, traditionnel, régional ou national, il y ait une pression constante sur ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir, pour qu’ils contribuent à faire appliquer les textes favorables à l’amélioration des conditions de vie », a-t-il relevé.

Il a également interpellé le gouvernement sur la prise en charge des enfants une fois sauvés d’un mariage précoce : « Lorsqu’un chef traditionnel annule un mariage arrangé entre un enfant et un adulte, certains parents refusent ensuite de reprendre leur fille à la maison. L’enfant se retrouve alors livré à lui-même. On nous a expliqué qu’il existe des dispositifs : des assistants sociaux, des conseillers, parfois des aides pour apprendre un métier. Mais dans bien des cas, ces enfants restent seuls, vulnérables. L’urgence doit primer. Il faut créer des centres d’accueil temporaires, où ces enfants peuvent être hébergés, écoutés, accompagnés. Ils ont besoin de retrouver leur dignité, de se reconstruire, de retourner à l’école, de rêver à nouveau. C’est pourquoi nous plaidons pour que l’État augmente le budget du ministère de l’Action sociale », a-t-il ajouté.
Au terme des discussions, les participants se sont accordés à renforcer les mécanismes existants, à poursuivre les plaidoyers, et à mettre en œuvre les recommandations issues des précédentes éditions. Plusieurs stratégies ont été proposées à l’État pour optimiser les résultats de la lutte contre le mariage d’enfants au Togo.