Ce vendredi 30 mai, une conférence-débat s’est tenue à Lomé à l’initiative de l’Observatoire Togolais des Médias (OTM). Organisée dans le cadre du projet « Promouvoir la liberté d’expression et des médias et protéger les défenseurs des droits de l’Homme au Togo », cette rencontre a réuni des professionnels des médias, des acteurs politiques, des défenseurs des droits humains ainsi que des membres de la société civile. L’objectif principal de cette conférence était de réfléchir et de débattre sur la place des femmes dans les médias et dans la sphère politique togolaise. Il s’agissait d’un moment d’échange autour des obstacles, des défis et des opportunités pour une meilleure représentation féminine dans ces secteurs clés de la démocratie.
Qu’elles soient journalistes, éditorialistes, responsables de rédaction, ou encore actrices politiques, les femmes togolaises demeurent minoritaires dans les espaces médiatiques et politiques, selon les données présentées par l’OTM. Cette conférence a été l’occasion de présenter les résultats du monitoring sur le genre et les droits humains dans les contenus médiatiques au Togo (mars 2025). L’analyse révèle que la visibilité des femmes reste marginale dans la presse écrite, à la radio comme à la télévision, où elles n’occupent souvent qu’un rôle secondaire, rarement en position d’expertes ou de sources prioritaires.
« Que ce soit dans les organisations de presse, les institutions médiatiques ou dans les partis politiques, les femmes sont sous-représentées. Mais, si les médias positionnent mieux la femme, cela peut représenter un levier favorable pour accroître leur représentativité politique, mais aussi leur place dans tous les autres domaines », souligne Fabrice Petchezi, président de l’OTM.
Dans cette dynamique, les médias sont invités à revisiter leur rôle : non pas seulement témoins de l’actualité, mais acteurs de transformation sociale, capables de contribuer à une meilleure inclusion des femmes dans la vie publique. Invitée à prendre la parole, Tounou Adoudé, spécialiste en genre et inclusion sociale, a livré une analyse percutante du poids des stéréotypes et de l’éducation genrée : « Dès l’enfance, les filles sont formatées à croire qu’elles ne doivent pas incarner le pouvoir. Ces stéréotypes, nous les portons tous, y compris dans les médias. Il est temps de les déconstruire, de changer notre manière de raconter le monde. Il ne s’agit pas de faire de la figuration, mais de reconnaître leur légitimité pleine et entière dans la gouvernance de notre pays », a-t-elle précisé.
Les échanges ont donc permis d’identifier plusieurs pistes d’action concrètes, parmi lesquelles la formation des journalistes à l’approche genre dans le traitement de l’information, la création d’espaces médiatiques dédiés aux femmes leaders et engagés, ainsi que le renforcement de leur présence dans les instances de gouvernance des médias. Plus encore, il a été souligné l’urgence d’impliquer les femmes à tous les niveaux des processus électoraux afin de garantir une représentation politique plus équitable et inclusive.
La conférence s’est clôturée sur une note d’engagement collectif : transformer les médias en alliés puissants de l’égalité, pour que les femmes ne soient plus seulement spectatrices, mais bien actrices de leur propre destin politique et médiatique.
Nadège ADIKI