Togo : les femmes juges souhaitent l’intégration de l’Intelligence Artificielle dans leur travail
Les femmes juges se réunissent et réfléchissent. A l’occasion de la Journée Internationale des Femmes Juges, elles se sont retrouvées lundi 10 mars 2025 à Lomé pour réfléchir mais en même temps, lancer un projet en faveur des jeunes filles aspirantes à la fonction de magistrat. L’Association Togolaise des Femmes Juges (ATFJ) en organisant cet événement veut préparer la relève mais en même temps trouver des solutions à certaines difficultés.
La première thématique abordée lors de cette journée a porté sur « l’intelligence artificielle dans la salle d’audience : Femmes juges, pionnières de la technologie pour la justice ». Présentée par Madame Suzanne Soukoude Fiawonou, Avocat général près de la cour suprême et Président de l’ATFJ, ce sujet d’actualité a mis en lumière le rôle des femmes magistrates dans l’intégration des outils technologiques pour améliorer le fonctionnement des tribunaux et garantir une justice plus rapide et efficace. L’usage croissant de l’IA dans les tribunaux constitue un tournant majeur pour la justice moderne. En automatisant certaines tâches et en analysant de grandes quantités de données juridiques, ces technologies permettent de rendre des décisions plus rapides et, dans certains cas, plus objectives.


Les femmes juges, pionnières dans ce domaine, s’efforceront de garantir une justice où l’IA reste un outil d’aide à la décision et non un substitut au discernement humain. « Nous avons lancé le débat pour susciter la réflexion, pour que les services techniques du ministère de la justice en matière d’intégration de la technologie au sein de la justice puissent s’approprier ce volet et voir comment nous pouvons déjà commencer par créer des bases de données qui vont permettre éventuellement à l’intelligence artificielle de pouvoir exploiter cela et apporter un plus au travail du magistrat pour une justice rapide. Mais il faut quand même une intégration responsable puisqu’il y’a des défis à relever par rapport à cette introduction », a fait savoir Mme Suzanne Soukoude Fiawonou.
L’autre thématique abordée est : « Les défis de la lutte contre la corruption par le sexe » est présenté par Madame Kanko Allyn, juge d’instruction au TCCC de Notsè et Secrétaire Générale de l’ATFJ. Ce fléau, encore trop répandu dans de nombreux secteurs, y compris le système judiciaire, fait peser une menace sur l’équité et l’intégrité de la justice. Les intervenantes ont souligné la nécessité d’adopter des mécanismes de dénonciation et de protection des victimes, tout en sensibilisant les acteurs judiciaires à cette problématique. Ce type de corruption, où les faveurs sexuelles sont exigées en échange de services ou de décisions favorables, reste souvent sous-estimé et difficile à prouver. Les femmes juges, en première ligne dans ce combat, réclament des réformes législatives plus strictes et une sensibilisation accrue pour éradiquer cette pratique et protéger les victimes.
Cette rencontre a permis à l’Association Togolaise des Femmes Juges (ATFJ) de lancer son projet intitulé « Sensibilisation et formation préparatoire des femmes juristes au concours de la magistrature ». Ce projet sera exécuté en deux phases : la première phase (du 10-23 mars 2025) sera une sensibilisation via les médias et des rencontres avec les femmes juristes à Kara (29 mars) et Lomé (31 mars). La deuxième phase, la sélection des candidates motivées puis une formation intensive de 05 jours en présentiel, suivie d’un accompagnement en ligne jusqu’au concours pour celles-ci. L’ATFJ invite l’État, les acteurs judiciaires et les partenaires techniques et financiers à soutenir cette initiative.
L’Association Togolaise des Femmes Juge appelle désormais à une action concertée des acteurs judiciaires et institutionnels pour mettre en œuvre les recommandations issues de cette journée.
