Actuellement résidente en Allemagne, Tchalla Adjo Emefa a donné forme à son rêve en se lançant dans la production et la transformation du gingembre. À seulement 21 ans, la jeune entrepreneure agricole, est à la tête de « Gingembre d’or », une entreprise de production et transformation du gingembre qu’elle développe avec le concours des producteurs locaux depuis 2020. Elle produit, entre autres, la poudre de gingembre naturel. Cette poudre intervient dans la cuisson et la fabrication de plusieurs produits thérapeutiques. Première à la tête de cette entreprise spécialisée dans la transformation du gingembre au Togo, elle nous partage sa vision de jeune fille, étudiante et entrepreneure à travers cette interview. Bonne lecture!
Que savoir sur le parcours de Tchalla Adjo Emefa?
Je suis Tchalla Adjo Emefa. Après mon baccalauréat scientifique série D en 2019, je me suis inscrite à l’université de Lomé en Biologie physiologie animale. Il m’a fallu une année pour me rendre compte que le choix porté sur la biologie n’était pas objectif. Mon engagement social et mes expériences dans l’activisme social auprès de l’YMCA-TOGO, de la JCI-Lomé Azur ont pu motiver ma réorientation vers la sociologie. Aujourd’hui résidente en Allemagne, je fais partie de la vague des volontaires de l’YMCA-Togo de l’année 2023 pour le service de volontariat international auprès du CVJM-Leipzig dans l’optique d’acquérir de nouvelles expériences sociales et de parfaire mes aptitudes. Pour mes études universitaires, l’objectif dans les années à venir est de clore mon parcours de licence en sociologie.
Se lancer dans l’entrepreneuriat, c’était quoi le déclic ?
Il y a quatre ans, l’avènement de la COVID-19, a impulsé le lancement de certaines unités de transformation du gingembre. Avec la presque inexistence d’entreprises de production de gingembre, c’était pour moi, l’occasion, de me lancer dans ce secteur d’agriculture qui ne m’est pas étranger. « Gingembre D’or » est une entreprise spécialisée dans la production et la transformation du gingembre frais naturel. Nous produisons la matière première où une partie est destinée à la commercialisation et l’autre à la transformation.
Racontez-nous vos débuts dans l’entrepreneuriat
Depuis l’adolescence, changer le récit qui nous est réservé selon nos origines était mon seul objectif. Venant d’une famille à moitié paysanne, le lancement de ces unités de transformation du gingembre au Togo a été un facteur déclencheur de mon entrée dans l’entrepreneuriat.
Aujourd’hui, je suis en train d’apprendre pour parfaire mes compétences dans ce secteur. Il faut noter que je me suis lancé sans compétences de base dans ce milieu entrepreneurial. C’est difficile, l’envie d’abandonner est plus importante (élevée) parfois que celle de résister, mais quand on s’entoure de ceux qui sont passés par là, des meilleurs qui comprennent et partagent leurs parcours à chaque fois et vous accompagnent, on finit par retrouver courage et renforcer ses capacités.
Comment les personnes qui vous entourent contribuent-elles à votre stabilité, tant dans l’entrepreneuriat que dans votre vie personnelle ?
Je suis partie sur des principes de l’agriculture familiale. Ensuite, grâce à la collaboration de quelques amis agronomes, nous avons commencé par travailler le système de production. Nous sommes en perpétuel travail. Je pense que notre origine, ce qu’on a vécu, la position où le statut qu’ont occupé nos parents nous amènent à diriger et à concentrer nos peines et souffrances sur l’action à poser pour changer l’histoire. Aussi, grâce au coaching de ces dames icônes du Togo, qui d’ailleurs nous inspirent, grâce au soutien moral et à la présence des proches, nous parvenons à tenir.
Pour avoir une telle motivation, un modèle de réussite est absolument nécessaire. Qui ou quoi est le vôtre ?
En Afrique, Ben Aziz Konaté, le jeune entrepreneur ivoirien, DG de « Volaille D’or » , est celui-là dont l’histoire depuis 2019 m’a poussée à l’action. Toutefois, Jack Ma, est aussi pour moi le modèle de réussite dans l’entrepreneuriat par excellence.
Quel est le volume des ventes, de la production, et le cycle de vente de « Gingembre d’or » ?
Comme dit haut, nous sommes aujourd’hui une très petite entité à une étape embryonnaire. Aujourd’hui sur le marché, nous disposons de la poudre du gingembre naturel. Pour la prochaine saison, nous travaillons pour mettre sur le marché deux nouveaux dérivés du gingembre, composés essentiellement du gingembre (matière de base), du miel et du lait.
Quels défis rencontrez-vous sur ce parcours?
L’un des plus grands défis est le manque de main d’œuvre. Très chère, elle est de moins en moins qualifiée et c’est compréhensible, d’autant plus que la grande partie sont des femmes d’âge avancé. Mais, aujourd’hui, notre vision nous impose une stratégie et un rythme de travail. Nous sommes appelés à reconsidérer notre système de production et définir notre modèle agricole. Les conséquences sont innombrables et les risques sont parfois à l’entame, des choses invisibles.
Votre rêve ultime pour « Gingembre d’or » ?
Aujourd’hui, très petite entreprise, nous voulons faire de « Gingembre D’or », la référence dans la filière en servant la qualité en quantité et en servant d’espace transitoire pour ces producteurs ruraux qui partagent nos principes afin de leur permettre de vivre et de jouir de leur travail dans le but de contribuer à la réduction de la pauvreté.
Propos recueillis par Estelle KOMLANI