Interview : « La maternité non désirée peut être un moment de vulnérabilité émotionnelle » Carolina Olympio, coordinatrice du projet ‘Résilience au féminin’
Entre septembre 2020 et mars 2021, plus de 1.220 cas de grossesses ont été enregistrés, selon une enquête de la direction de la Planification de l’éducation en collaboration avec l’UNICEF et la Banque mondiale. Ces élèves deviennent mères très tôt, obligées d’assurer des responsabilités qui impactent leur vie personnelle actuelle et future. Au rang des difficultés, le manque de ressources financières, l’absence d’accompagnement psychologique. Pour redonner une seconde chance à ces jeunes filles devenues mamans, l’Association des Alumni du Yali Dakar au Togo (AYDAT) dans le cadre du « Trimestre du YALI IMPACT & INNOVATION » initie le projet ‘Résilience au Féminin’ dans la ville de Kpalimé et de Kara. Au cours de l’exécution dudit projet, 200 jeunes mères recevront des formations pratiques sur les activités génératrices de revenus, l’épargne et marketing, le bien-être et l’éducation avenir de leurs enfants. L’étape de Kpalimé aura lieu les 13 et 14 septembre et celle de Kara, les 20 et 21 septembre. Carolina Olympio, coordinatrice du projet, donne des précisions sur le projet dans cet entretien. Bonne lecture !
Qu’est-ce qui a motivé le projet Résilience au Féminin ?
Le projet « Résilience au Féminin » a été motivé par le constat que les femmes, en particulier les jeunes mères, sont souvent confrontées à de nombreux défis, tant sur le plan économique que social et émotionnel. Les inégalités de genre, la pression sociale, ainsi que les conditions de vie difficiles peuvent avoir un impact significatif sur leur bien-être mental. Ce projet vise donc à les soutenir dans la gestion de ces défis, en les aidant à développer des compétences de résilience et à mieux gérer leur santé mentale pour leur épanouissement.
Pourquoi s’intéresser aux jeunes femmes mères et particulièrement à leur santé mentale ?
Les jeunes mères font fréquemment face à des responsabilités accablantes dès leur jeune âge, souvent sans un soutien adéquat. La maternité, quelques fois non désirée, peut être un moment de vulnérabilité émotionnelle, avec des risques de dépression, peut-être parce qu’elles sont délaissées ou rejetées par leur famille. En s’intéressant à leur santé mentale, le projet veut les aider à surmonter ces difficultés, à prévenir les troubles psychologiques et à leur offrir des outils pour mieux gérer leur vie de famille et leur propre bien-être.
3. Pourquoi choisir Kara et Kpalimé comme villes d’accueil ?
Il est important de souligner que le phénomène existe bel et bien dans toutes les régions du Togo. Cependant, bien que Lomé soit une grande ville, nous avons choisi de concentrer notre attention sur des villes secondaires du pays, à savoir Kara et Kpalimé. Dans ces zones, nous ciblons spécifiquement les jeunes filles vivant en milieu rural et rencontrant des difficultés à subvenir à leurs besoins. Il convient également de noter que la mise en œuvre de ce projet servira de phase pilote pour nous permettre d’évaluer son impact et d’ajuster notre approche en fonction des résultats obtenus.
4. Concrètement, qu’est-ce qui sera fait pour ces jeunes femmes ?
Le projet inclut des formations pratiques en entrepreneuriat, à l’éducation financière, au marketing, à la santé mentale et à la santé sexuelle. Des programmes de mentorat seront par ailleurs mis en place pour encadrer les jeunes filles mères formées.
Qu’attendez-vous d’elles après le projet ?
Après le projet, il faut que ces jeunes filles mères puissent non seulement mieux gérer leur propre santé mentale et leur vie de famille, mais aussi qu’elles deviennent des ambassadrices de changement dans leurs communautés. Financièrement autonomes, elles pourraient de plus être encouragées à partager leurs expériences, à soutenir d’autres filles, et à contribuer à renforcer la cohésion sociale dans leur environnement.
Propos recueillis par Eugenie GADEDJISSO TOSSOU