Interview : « Je suis l’artiste féminin qui a reçu plus de distinctions honorifiques » Almok
Elle est incontestablement l'une des figures de proue de la musique féminine togolaise.La nouvelle génération ne peut demander mieux.Très sollicitée, dotée d'une voix artistique unique, un vocal manifeste et une technique de chant raffinée, fille unique, née des parents tous deux togolais, Afi Edem KOMLA, de son nom d'artiste Almok, est une chanteuse togolaise, auteure et compositrice ayant pour style musical, le RnB et l'Afropop. La musique n'a pas de secret pour la famille d'Almok car elle a l'art de chanter pour le plaisir et à l'Eglise. La jeune artiste Togolaise emboîte très tôt les pas de sa génitrice, cantatrice à l'Eglise. Du statut de chanteuse à l'Eglise à celui de choriste de studio entre 2008 et 2009, Edem, verra son étoile de star commencée par briller dès 2010. Aujourd'hui ,diva de la musique togolaise, Afi Edem KOMLA, est une femme mariée, engagée dans le social et dans l'entrepreneuriat. Au lendemain de la sortie de son clip qui déchire depuis hier, dont le titre est "c'est le moment ", AfrikElles a trouvé que c'est le moment de tendre son micro à l'Amazone. Bonne lecture !
Treize années de carrière à votre compteur avec deux albums et plusieurs nominations. Que pensez-vous que les fans peuvent retenir de votre carrière ?
Je crois que durant ces 13 années de carrière, si je m’autorise à rentrer dans la tête des togolais, je parlerai de travail, passion et détermination. C’est un grand parcours pour avoir eu la chance de faire des scènes avec Maître Gims, Soprano, Chindima, Yémi Alade, et pour avoir une fois foulé la scène du Zénith de Paris, je crois que je parlerai plus de détermination.
Je suis l’artiste féminin qui a reçu plus de distinctions honorifiques depuis le Togo Hip-Hop Awards pour arriver aux All Music Awards et The Heroes: trophée de la révélation de l’année au Togo Hip-Hop Awards en 2011 avec le titre » le Mariage « , meilleure artiste féminins de 2012 à 2016 avec le meilleur clip vidéo Nononini en 2015. Meilleure Chanson urbaine avec Mawu bé Sekretèr en 2019, et sacrée meilleur tube de l’année de 2016 à 2020 avec Nononini, Mawou bé Sekretèr, Saka Saka.
Sans oublier des distinctions Internationales comme: le golden award de best female western africa face à Tiwa Savage, le quama award de best female collaboration avec Sessime du Bénin et un oscar critérium à Bruxelles. Je dispose dans ma discographie plusieurs chansons à succès. J’ai sorti deux albums, le premier, « Mon Idéal » de 13 titres où l’on retrouve des chansons comme: Le Mariage, C’ ma prière, Nononini…, le deuxième, « Amazone », fruit de 5 années de dur labeur, composé de 12 titres de sonorités africaines:Mawu Bé Sekretèr, Nam’Ablo, Saka Saka, Akpé, Amazone.
Je me suis mariée en 2017 et mère de trois(3) enfants, des pauses musicales par moment. Je ne gère pas ! Je jongle !
En 2018, avec la sortie de Mawou bé Sekretèr, Almok ne court plus derrière les victoires mondaines. Pourquoi ce choix ?
C’est vrai, j’ai une carrière bien assise dans les musiques de variété de tendance urbaine, surtout l’Afro pop. Je ne cours plus derrière les victoires mondaines, ce choix s’explique. J’ai toujours été une chrétienne, même si je garde mon style afro pop. Chaque fois que j’avais des difficultés, je me tournais vers Dieu, alors, à un moment donné de ma vie, je me suis senti ingrate envers lui parce que si chaque fois que j’ai besoin de quelque chose, je me tourne vers lui, pourquoi ne pas le remercier publiquement, chanter sa gloire, chanter toutes ces victoires que le Seigneur me donne à travers mon style afropop.
Mariée en 2017 avec une pause musicale, des enfants, comment arrivez-vous à gérer la vie de femme au foyer et votre carrière ?
Je me suis mariée en 2017 et mère de trois(3) enfants, des pauses musicales par moment. Je ne gère pas ! Je jongle ! Je remercie le ciel de m’avoir donné un bon mari. Il participe à tout ce qui est tâches ménagères. Il m’aide beaucoup avec les enfants et la carrière, je crois que ça me donne un peu de temps pour m’occuper de moi, de ma carrière et de ma boutique.
20% de la vente de mes albums était destiné à l’éducation de la jeune fille pour le projet « l’éducation de qualité de la jeune fille au Togo
Votre mari, un soutien indéfectible, les enfants votre priorité, vous êtes également une femme entrepreneure. L’idée d’entreprendre, dites-nous davantage ?
L’idée d’entreprendre est une initiative de mon mari. Il a trouvé qu’à part la musique, je suis également décoratrice de l’intérieur et je savais bien faire beaucoup d’autres choses comme la cuisine, une autre vraie passion. Je cuisinais à nos visiteurs, amis et à la famille. De là, mon mari m’a conseillé d’investir tout ce que je gagnais dans la musique dans un business. Un jour, je vieillirai, je ne pourrai peut-être plus faire les scènes, il y a aussi les enfants qui sont des charges énormes aujourd’hui, qu’il ne faut pas laisser l’homme seul gérer. J’ai commencé à réfléchir à comment avoir beaucoup de boulot en même temps, dépenser 20% de mon temps et gagner 80% de revenus. C’est de là que le restaurant Nononini chez Almok a vu le jour.
Quelque temps après le restaurant a fermé, quelles sont les raisons ? Une faillite ? Une décision personnelle ?
C’était avec passion que je cuisinais au restaurant. Ça rapportait énormément, malheureusement, nous avons fermé à cause de mes employés qui me trouvaient trop rigoureuse et méchante. Quand je suis présente, je fais un chiffre d’affaires entre 300.000 FCFA et 400 000 FCFA et au-delà les week-ends, et quand je m’absente, on me fait des comptes de, 15 000 FCFA, 16 000 francs CFA. J’ai engagé des managers qui ont commencé à piquer dans la caisse, à un moment donné, j’ai mis fin à tout.
Comment gérez-vous votre carrière d’entrepreneure ? Un secteur en pleine difficulté au Togo.
L’entrepreneuriat c’est la persévérance. Actuellement, j’investis mon temps, mon énergie dans la vente des tissus, des parfums, des soies et de la friperie que je contrôle moi-même. Quand je dépose les pièces, je les compte, je sais ce qui rentre et ce qui sort. Je crois que c’est mieux. Quand je commençais la musique, j’ai reçu mon 1er cachet qui était à 40.000 francs CFA et aujourd’hui, je prends des millions. Si aujourd’hui, la boutique vend 5 tissus, 10 tissus ou 15 tissus par mois, le mois prochain ne sera pas pareil mais j’ai quand même mon petit réseau de clients.
Engagée dans le social, la Fondation Almok veut semer l’espoir, on en parle ?
J’ai toujours été une femme très engagée dans le social. Égérie de Plan International Togo, quelques années en arrière pour le programme » Parce que je suis une fille », 20% de la vente de mes albums était destiné à l’éducation de la jeune fille pour le projet « l’éducation de qualité de la jeune fille au Togo. Aujourd’hui, je suis mère de trois enfants, la flamme du social brûle ardemment en moi, je réfléchis aujourd’hui plus en tant qu’une mère qu’en tant que musicienne. Souvent, quand j’amène mes enfants à l’école le matin, je vois sur la route d’autres petites filles et petits garçons qui n’ont pas la même chance. Des fois, ça ne vient pas forcément des parents, il y a certaines maisons où ça ne va pas. Si aujourd’hui, je ne peux plus sortir les 100% de ma poche, je peux demander aux bonnes volontés de m’aider à pouvoir accomplir ce devoir et apporter un peu de joie dans le cœur de certains parents et certains enfants.
Quelle sera la particularité de la Fondation Almok par rapport aux autres fondations que nous avons dans notre pays ?
La particularité de la fondation Almok, c’est l’éducation. Aujourd’hui, je donne mon nom pour que l’on puisse réunir assez de fonds pour que ça ne soit plus deux ou trois jeunes filles ou garçons que j’avais l’habitude d’aider. Je tiens à préciser que, je ne ferai pas une fondation où il faut mettre les enfants dans une maison, un orphelinat, pour les nourrir, leur apporter quelques vêtements. Je veux baser la fondation Almok sur l’éducation car quand on a accès à l’éducation, on donne plus de largeur à son cerveau pour profiter demain et aller loin.
Merci beaucoup pour la disponibilité et nous précisons que votre clip c’est le moment est déjà disponible sur toutes les plateformes de téléchargement légales en version audio et vidéo pour le plus grand bonheur des mélomanes.
Almok: Merci à l’équipe AfrikElles. Évidemment, le clip est disponible et j’invite les inconditionnels à la visualisation.
Merci.
Propos recueillis par Geoffroy AYEKE