Interview : « Que les femmes et les jeunes sortent de leur zone de confort » SOSSOU Séfako A. Maire Adjointe Golfe2
SOSSOU Séfako Amè Valérie est une femme engagée pour le développement social et l’autonomisation des femmes. Juriste praticienne, elle est l’une des 21 femmes maires adjointes que le Togo compte. En 2019, elle a décidé de se présenter aux premières élections municipales dans la commune Golfe 2. Sossou Séfako Amè sera élue conseillère municipale par la population et par la suite, élue par ses pairs conseillers municipaux, maire adjointe. Elle s’est engagée à accorder une attention particulière aux questions d’éducation des enfants, des jeunes et des femmes, à travers différentes initiatives notamment le ‘Salon artistique Togo’ et l’association APEL (Association de Promotion et d’Engagement Local) dont elle est la coordinatrice nationale.
Le terrain politique ne faisant pas de cadeaux, la maire adjointe de la commune Golfe 2, apprendra à ses dépens, des leçons qu’elle garde jusqu’alors.
Dans cet entretien qu’elle a bien voulu accorder à notre rédaction, elle s’exprime à cœur ouvert et sans langue de bois sur sa vie de femme politique et de maire adjointe.
Bonne lecture!
Deux de vos qualités ?
Deux de mes qualités avec lesquelles je travaille sont l’écoute et la disponibilité.
Pourquoi avez-vous décidé de servir votre communauté en déposant votre candidature pour être conseiller municipal ?
Les deux raisons qui ont été la source de motivation pour ma candidature aux élections locales sont : Contribuer à l’orientation éducationnelle des enfants, jeunes et femmes et contribuer à relever les défis liés aux enjeux du développement intégral par les citoyens pour les citoyens. C’est d’ailleurs ce qui m’a amené à mettre en place le concept : ‘Miantokpoélawoè’, pour dire que personne ne viendra le faire à notre place.
Au Togo, le harcèlement sexuel, l’hypocrisie de nos collègues hommes et même celle de nos collaborateurs hommes freinent nos actions et empêchent véritablement l’atteinte des objectifs de nos initiatives.
Qu’est-ce qui a été le boost pour vous engager dans la vie publique du Togo ?
Au regard des expériences quotidiennes professionnelles, j’ai constaté que plusieurs personnes tombent sous le coup des lois par ignorance, par manque d’orientation, d’éveil ou de prise de conscience individuelle et par insuffisance d’écoute et d’accompagnement de la population sur les comportements civique et citoyen, gage de leur intégrité, quiétude, cohésion sociale et la paix durable.
L’environnement et le cadre du travail quotidien sont remplis de l’hypocrisie, la médisance et la cupidité.
Quelle a été votre expérience la plus amère dans votre parcours en tant qu’élue locale ?
Mon expérience la plus amère durant mon parcours est la non acceptation, l’abstinence à l’accompagnement de mes initiatives par mes pairs.
Exemple : le Programme éducatif dénommé ‘Salon artistique Togo’. Au départ, ce programme s’appelait ‘Salon artistique Golfe 2’. La réticence des uns et des autres m’a permis de réaliser que le processus de la nouvelle décentralisation enclenchée n’était pas bien compris par les élus (le fait pour chaque élu de porter un projet ou une politique de développement et de le soumettre en Conseil pour être soutenu et accompagné par tous).
Quelles sont les leçons que vous avez apprises durant les années de votre fonction ?
J’ai appris tellement de leçons durant mon parcours politique. Je peux les mettre en deux catégories :
Leçons négatives :
– La méfiance à l’endroit des personnes ennemis du développement (je suis arrivée à détecter ces personnes de par leurs actions, paroles ou actes qui consistent à mettre des bâtons dans les roues des vrais acteurs ou activités du développement.
– L’environnement et le cadre du travail quotidien sont remplis de l’hypocrisie, la médisance et la cupidité. Cette atmosphère négative a eu un impact sur ma santé morale et ma quiétude (un combat permanent).
Leçons positives :
– Par la grâce de Dieu, ces leçons négatives m’ont permis de devenir plus motivée que jamais dans mon engagement citoyen. J’appréhende autrement l’Humain. J’ai découvert et connu un autre aspect de la personnalité humaine. J’arrive dorénavant à contourner les pièges et les peaux de bananes.
Que pensez-vous des stéréotypes qui pèsent sur les femmes politiques en Afrique ? Comment pouvons-nous les briser ?
Les stéréotypes doivent quitter les concepts éducatifs et sortir des habitudes ou préjugés ; sinon ils continueront par freiner l’engagement des femmes en Afrique. Au Togo, le harcèlement sexuel, l’hypocrisie de nos collègues hommes et même celle de nos collaborateurs hommes freinent nos actions et empêchent véritablement l’atteinte des objectifs de nos initiatives. Par ailleurs, c’est ce qui fait que les femmes se sentent obligées de déployer assez d’énergie et de fournir autant d’efforts avant de réaliser ses actions. Or elle devrait préserver sa santé mentale pour apporter sa plus-value dans l’éducation de ses enfants et de celle de la société.
Que faire selon vous pour avoir plusieurs jeunes filles et femmes aux élections municipales prochaines ?
- Briser et casser les codes (préjugés et pesanteurs sociaux)
- Supprimer dans l’éducation des enfants et des jeunes, les barrières sexistes où les interdits (fille fait cela ; garçon fait ceci ou ne fait pas ça !) sans quoi les femmes vont perdre définitivement leur place aux côtés des hommes…
- Sensibiliser les femmes, les éduquer et les orienter vers la libération de la peur du rejet et des préjugés au sein de sa famille ou de sa société (exemple : la réussite d’une femme dans la société togolaise et africaine est conçue comme une faveur provenant d’un homme. L’effort de la femme est sous-estimé et moins considéré. Les seules fois où elles sont considérées, c’est lorsque l’homme se sent vide ou affaibli). Aider les femmes à croire en elles et à compter sur leurs propres facultés et capacités et leur donner les outils d’un engagement sans faille, ni détour.
Quelle sera la responsabilité des partis politiques pour avoir des femmes maires ou conseillères municipales ?
Les partis politiques doivent continuellement :
- Encourager l’engagement citoyen par le leadership féminin en ayant des listes de candidature paritaires tout en confiant à leurs femmes militantes des postes de responsabilité.
- Renforcer les capacités des femmes engagées en politique et former les jeunes filles pépinière sur la gestion du temps et la conciliation de leur vie privée familiale et leur vie socio-politique.
Vous avez des initiatives à l’endroit des jeunes et des femmes. Quel est votre intérêt pour cette cible ?
Mon seul et unique intérêt, c’est l’employabilité durable, stable efficace et efficiente ainsi que le bien-être individuel et collectif axé sur des valeurs de respect mutuel et de l’écoute.
Votre mot de fin !
Que les femmes et les jeunes sortent de leur zone de confort, qu’ils croient en eux en se levant de leur sommeil, qu’ils s’engagent fermement de façon totalement désintéressée.
Propos recueillis par Eugenie GADEDJISSO TOSSOU
J’ aime les motivations de notre maire,que Dieu fasse que ses projets puissent se concrétiser.et qu’elle puisse atteindre ses objectifs qu’elle s’est fixée à réaliser.sinon moi même j’ aime l’action sociale s’engage pour l’ épanouissement de son pays est une bonne initiative.