Démarche posée, Madame Ablavi Catherine Elavagnon KPONSOU épouse KOULETE a toujours rassuré avec sa voix calme et douce. Infirmière pendant 38ans, elle a pris sa retraite en Décembre 2019. Son engagement dans sa fonction et son accompagnement des patients lui ont permis de recevoir une distinction honorifique de l’Etat Togolais.
Originaire d’Aklakou, un village situé à 16 km d’Aného, préfecture des Lacs au Togo, Madame KPONSOU-KOULETE obtient en 1977 le Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC). Elle intègrera après un court passage au Lycée scientifique de Kpalimé, l’Ecole Nationale des Auxiliaires Médicaux (ENAM) de Lomé en 1978 où elle fut Major de sa promotion.
Sa carrière professionnelle a débuté en 1981 alors qu’elle n’avait que 22ans. Elle sera affectée d’abord à l’hôpital de Vogan, après à la clinique Bon secours qui devient le CHR Lomé commune puis au CHU Tokoin actuel CHU Sylvanus Olympio. Elle sera confrontée dans l’exercice de sa fonction à des réticences surtout à l’intérieur du pays. « Une femme arrive, on se pose des questions, est ce qu’elle peut tenir comme un homme » s’interrogent les populations. Très rapidement Madame KPONSOU appelée affectueusement par les habitants « mianon » notre mère en langue éwé, va s’imposer par son travail. « Ils ont compris, très tôt que c’était une femme homme. Je jouais tous les rôles dédiés à ma fonction. Il y a des actes qu’on croyait destinés uniquement aux hommes, les circoncisions par exemple. Au début, les parents hésitaient mais quand ils ont eu quelques deux ou 3 cas, cela les encourageait à venir » raconte-t-elle avec beaucoup d’émotion.
C’est une dame qui inspire beaucoup de considération, respect et sens de responsabilité. Je la considère comme la mère des soins infirmiers au Togo.
Madame KPONSOU-KOULETE pour l’amour portée à sa profession et sa détermination à toujours bien faire, deviendra infirmière enseignante en décembre 1991 à l’École Nationale des Auxiliaires Médicaux (ENAM) de Lomé. Son dévouement traversera les frontières puisqu’elle obtint en octobre 1994 une bourse d’études de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour une formation de deux ans à l’école des Cadres de Santé de Dakar au Sénégal d’où elle sortira encore major, titulaire d’un diplôme de Cadre de Santé en juillet 1996 avec mention très honorable. En septembre 2008, elle fait un stage de formation de trois mois à l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) de Dole au Nord de la France et à l’hôpital Louis Pasteur de DOLE
En 2005 elle fut nommée cheffe Monitrice Principale du département des IDE à L’ENAM Lomé.
Sa carrière force ainsi l’admiration des jeunes infirmiers qui trouvent en elle des qualités de mère et d’éducatrice hors pairs. « C’est une dame qui inspire beaucoup de considération, respect et sens de responsabilité. Je la considère comme la mère des soins infirmiers au Togo. Elle a tellement fait, pour que les étudiants prennent conscience de la hauteur des actes infirmiers. » nous a confié Kokoè Folly-djindo, infirmière.
En juin 2021, la bravoure, la consécration de l’infirmière seront reconnues par les autorités togolaises. La Présidence de la République va porter au rang mérité des Chanceliers de l’Ordre du Mono, pour une première fois, une infirmière en la personne de dame KPONSOU-KOULETE. A l’annonce donc de cette nouvelle, Kondi K. Bilante affirme en s’adressant à son ancienne éducatrice : « cette reconnaissance ne peut en aucun cas être une surprise pour nous car vous l’avez largement méritée. Merci encore une fois pour tout ce que vous avez fait pour notre formation. » a-t-il conclu.
La vie de Madame KOULETE c’est aussi un foyer, des enfants et un mari puisqu’elle est mère de quatre enfants. Les jours de services ont été éprouvants pour l’infirmière d’Etat et sa famille, les nuits interminables quand elle doit être de garde. Les garderies n’existaient pratiquement pas en ces temps. « C’est comme ça nous abandonnons les enfants aux mains des domestiques, le papa étant aussi au travail. On remercie Dieu, parce que sans lui beaucoup de choses auraient pu se passer. » raconte-t-elle, la voix enrôlée. Les difficultés avec la garde des enfants ne s’arrêtaient pas là. « Par moments aussi, vous êtes sur le point de partir au boulot quand la domestique vous dit qu’elle part. Je rends hommage à ma maman qui depuis le village venait à Lomé pour me porter secours. » affirme-t-elle.
Le vide s’est fait plus ressentir quand elle devrait en 1994 prendre des cours à Dakar au Sénégal nous raconte le fils ainé de la famille Atassé KOULETE : « Nous étions un peu livrés à nous-mêmes et Papa devait gérer ses obligations professionnelles, personnelles et les activités familiales. Il lui restait très peu d’espace pour se connecter à nos besoins de jeunes adolescents. Les conditions technologiques ne permettaient pas non plus que nous puissions prendre des nouvelles de maman et nous devions nous contenter des rares appels sur une ligne fixe que nous avions à l’époque ou encore par des courriers postaux par lesquels nous transmettions nos besoins à maman. » confie-t-il. Il affirme par ailleurs être très admiratif de sa génitrice, « de son parcours, de sa rigueur et de sa volonté de repousser les limites que la vie lui a imposé. »
« C’est parce qu’il y a les malades, que les infirmiers et infirmières existent. » Cette phrase a guidé toute la carrière de Madame KPONSOU-KOULETE pour qui la blousse blanche est synonyme de douceur, d’écoute et de disponibilité.
Ah notre maman koulete par votre bravoure vous avez su nous pousser pour être de bon infirmiers et infirmières. Bon vent à vous ♥️