DOSSIER : l’infidélité au féminin en Afrique
« J’ai commis l’adultère après le départ de mon mari du pays », confie Awa (nom d’emprunt) une femme, la quarantaine et mère au foyer. Comme Awa, elles sont nombreuses à pratiquer l’adultère. Si l’infidélité de l’homme en Afrique est tolérée et même la règle, celle de la femme est sacrilège selon la société. Encore appelée adultère « le fait pour un époux ou une épouse de violer son serment de fidélité », la pratique est diversement appréciée selon les sexes, les cultures, les traditions et la religion.
L’infidélité chez la femme est réelle. Des femmes mariées, s’engagent dans une relation sexuelle avec une personne autre que celle avec qui elles ont légalement célébré le mariage . Aujourd’hui, la pratique se répand et ne choque plus autant. Que ce soit chez la femme ou l’homme, la pratique est condamnée par toutes les religions et les sociétés en sont moins tolérantes. La pratique déchire et brise les couples qui finissent souvent par se séparer surtout quand elle provient de la femme.
Elles sont nombreuses à être infidèles à leurs conjoints. Même si plusieurs estiment qu’aucune raison ne peut expliquer l’infidélité de la femme, il y a des conditions qui poussent certaines à commettre « le pire », en témoigne Awa : « mon mari ne me satisfait plus sexuellement et j’ai commencé par chercher ailleurs. Il ne le sait pas jusqu’ici, mais moi-même je ne suis plus à l’aise dans mon foyer », conclut-elle.
DES AVIS SUR L’INFIDELITE
Daniel, marié, pense que les femmes qui commettent l’adultère sont sans moralité tout simplement. « Je ne comprends pas pourquoi une femme mariée peut se permettre cela » précise-t-il. Baba Issa rejoint Daniel et affirme que les femmes infidèles ne sont pas dignes de confiance. « Elles sont des sorcières », conclut-il sous un ton sec.
Patrice, la soixantaine résidant en France, comprend l’infidélité de la femme : « c’est en Afrique que les gens ne veulent pas comprendre. Il faut trouver les causes, chercher à comprendre pourquoi la femme a commis l’adultère. Si nous les hommes allons voir ailleurs pour changer de goût, et les femmes ? elles sont aussi des humains », déclare-t-il. Didier, pense que même si l’infidélité de la femme fait toujours mal, abonde dans le même sens que Patrice : « si je l’apprenais, j’aurai mal mais je comprendrai. Nous ne vivons pas dans le même pays, on ne se voit qu’une seule fois par an et donc elle a des besoins naturels tout comme moi à satisfaire. Ce que je demande c’est qu’elle puisse se protéger si cela arrive, afin de nous épargner des maladies. C’est d’ailleurs pour cela qu’à chaque fois qu’on doit se voir nous faisons des analyses », conclut-il. L’infidélité, loin de détruire psychologiquement l’autre partenaire, peut également nuire à la santé des deux partenaires.
LA RÉLIGION INTOLÉRANTE FACE À L’INFIDÉLITÉ FÉMININE
Toutes les religions sont unanimes, l’infidélité surtout celle de la femme est un péché.
L’Islam précise que l’adultère est un délit. Le conseiller islamique, Soule Mourtada déclare que l’infidélité est un péché grave en Islam. Il s’appuie sur la Sourate 17 verset 32 qui dit : « C’est une abomination et une voie pleine d’embûches ». En cas de manquement, le conseiller Mourtada propose une discussion franche et sincère afin de ne pas en arriver là et conseille à tous ceux qui le font et qui regrette de demander un pardon sincère à Allah et de se repentir car « Allah est pardonneur », conclut-il.
« Tu ne commettras point d’adultère », déclare la Bible dans Exode 20 le verset 14. Ceci donne clairement la position de la religion chrétienne sur l’infidélité. La Bible autorise même un homme à répudier sa femme si celle-ci commet l’adultère puisqu’elle brise le pacte entre l’homme et la femme. Se référent à la Bible, même si la femme commet l’adultère l’homme peut le lui pardonner selon qu’il est écrit dans Jean chapitre 8 à partir du verset 3.
Au niveau de la religion Vodou, il y a deux cas d’adultère. D’abord, l’adultère involontaire (les cas de viol par exemple) et celui volontaire. Le plus dangereux, c’est le second cas explique Koffi Sika Dansou Kpadenou 3, prêtre traditionnel. Il précise qu’après un ou des actes d’adultère, la femme peut regagner le foyer conjugal sauf si les fétiches de son mari ne le permettent pas : « Dans le cas où le mari peut reprendre sa femme adultérine, c’est que les divinités de l’époux le permettent. Dans ce cas, la dame doit, elle-même chercher l’argent pour faire les cérémonies afférentes. Demander pardon au Fa de son époux. Sous d’autres cieux, il n’y a plus de deuxième chance pour cette femme. Quand elle commet l’adultère, elle est répudiée automatiquement », explique le prêtre traditionnel. Il précise en outre que si l’époux insiste dans le dernier cas à prendre la femme adultérine, il sera confronté à la maladie, à des évènements malheureux.
CONSEQUENCES
Dans de nombreux cas, l’infidélité a d’énormes répercussions sur la vie non seulement de la femme, mais aussi sur son couple et ses proches.
Sur le plan sanitaire, une femme infidèle, s’expose elle-même aux Infections Sexuellement Transmissible (IST) et par ricochet, son époux. Cet acte posé par la femme engendre de nombreuses conséquences psychologiques autant chez elle que son partenaire et si ce fait est mal géré au sein des familles avec enfant(s), ces derniers seront aussi impactés négativement, affirme le Docteur DEGBOE Zinsou Selom, Psychologue Clinicien. « On observe, une baisse de l’estime en soi, la culpabilité, la colère, de la tristesse, de la douleur, mais aussi un sentiment de trahison, une diminution du rendement scolaire chez l’enfant. Certaines personnes vont souffrir de dépression et un état de stress-post-traumatique, un désir de vengeance, des comportements suicidaires chez certains partenaires », ajoute-t-il . Il précise en outre que pour éviter de sombrer, il est important pour les deux partenaires de rechercher « du soutien auprès des gens de confiance dans notre réseau social ou d’un spécialiste pour une prise en charge ».
L’infidélité de la femme surtout africaine est jusqu’alors un tabou. Même s’il peut exister des situations atténuantes, elle demeure un acte condamné par la religion et la société.
La Rédaction.