ATAKPAMÉ: Des chenilles dans la sauce !
La ville aux sept collines doit en partie sa célébrité à ses poissons. Certaines femmes, spécialement, de ce milieu, connaissent parfaitement les secrets de la vente à la sauvette en usant tous les moyens pour vendre leurs poissons. Des mots les plus doux, des surnoms les plus affectueux, un langage publicitaire envoûtant, n'envisagez pas un passage dans le calme. Les oreilles sont servies. Toutes les stratégies sont bonnes pour couler les poissons. Derrière ces moyens déployés pour la vente, se cache la mauvaise foi de certaines femmes qui servent de la pourriture à leurs clients qui, se retrouvent dans une situation embarrassante une fois à destination.
Du sud au nord, la nationale N1, est la route la plus empruntée par les voyageurs. En Afrique, un voyage c’est aussi des cadeaux à rapporter aux familles à l’arrivée, une manière de renforcer les liens familiaux voire amicaux. Si pour les enfants le pain est suffisant, les adultes attendent plus: les poissons d’Atakpamé. Les poissons de toutes sortes, vous y trouverez à des prix à la portée de toutes les bourses mais attention, les asticots sont également de la partie.
Nombreuses sont les victimes de la mauvaise foi de certaines femmes revendeuses de poissons à Agbonou (Un espace commercial réputé pour son animation à Atakpamé). Des poissons vendus sont parfois en putréfaction, les vendeuses jouent sur l’inattention de leurs clients pour leur servir du mauvais poisson qui parfois est jeté ou encore se trouve dans la nécessité de subir des traitements supplémentaires avant la consommation. Des clients victimes de cette malveillance de ces femmes dénoncent ces mauvaises pratiques qui brisent la confiance légendaire placée en ces valeureuses femmes. Pour Joséphine, c’est inadmissible: « Les femmes revendeuses à Agbonou et moi, n’avions plus rien à se dire, je ne veux plus de leur poisson. J’ai acheté des poissons capitaine quand je voyageais de Lomé à Kara, vous savez comment ces poissons sont gros, c’est également la forme des chenilles qui sont dedans. J’ai bien fait ma sauce tomate et je prends mes poissons pour mettre, ce sont de grosses chenilles qui me tombent dessus, donc j’ai perdu 9 000F. C’est triste et ces femmes doivent revoir leur politique de vente », a-t-elle déclaré. Tout comme elle, Bienvenue n’a pas échappé à la malice des revendeuses de poissons: « si tu me vois acheter encore poisson à Atakpamé donc ce sont les plus petits, les gros, même si c’est un cadeau, je ne prends pas, rien que des chenilles. C’est dégoûtant cette manière de faire. Tu vois le poisson très joli, tu salives et une fois à la maison c’est inconsommable. C’est inacceptable ce qu’elles font » soutient-elle.
D’autres victimes pensent se faire entendre comme le témoigne Gisèle: « j’ai même attaché des poissons que je vais leur remettre lors de mon prochain voyage vers le nord. Quand tu arrives, elles sont les premières à venir vers toi avec des mots très doux et quand tu tombes dans leur piège elles te font goûter le poisson d’aujourd’hui que tu apprécies très bien, au moment de te servir, elles te donnent celui qui est déjà en décomposition. Une fois à la maison, bonjour les dégâts ». Pour Esso, c’est compliqué avec ces femmes revendeuses au bord de la route à Atakpamé, « elles savent comment manipuler ton attention pour te divertir et te servir du poisson pourrit. Elles savent bien que les bus de transport font 15 minutes maximum et donc tu ne peux vraiment pas tout vérifier sur place, elles te donnent quatre bons poissons et une vingtaine de pourris, c’est dommage. Avec ce comportement, je suis dégouté de leur poisson ». Guy qui est tout le temps sur la route pour des voyages d’affaires a trouvé une stratégie pour avoir des meilleurs poissons: « tisser une relation avec une d’entre elle et donc tous mes achats, elle le fait et une fois sur place, je lui remets les sous et je prends mon colis pour continuer mon chemin, je ne discute plus avec personne », confie-t-il.
Les poissons vendus à Atakpamé viennent du barrage hydroélectrique de Nangbéto situé sur un plan d’eau d’une superficie de 180 km². Pour maintenir la réputation d’Agbonou, et sceller un bon contrat de confiance, les femmes doivent veiller à ce jeu qui devient de plus en plus malsain.
Espoire TAWI