Togo: L’intervention du Président Faure Gnassingbé sur la promotion du genre au Togo suscite des réactions
« Le Président exhorte. Mais les hommes ne suivent pas »
Les propos du dirigeant sur ce sujet sont largement commentés et analysés par des acteurs qui s’intéressent à la question féminine. « Dans l’espace UEMOA, le Togo est plutôt bon élève en matière de promotion du genre. Est-ce que le gouvernement compte faire davantage ? », telle était la question posée à Faure Gnassingbé lors du grand oral sur la télévision New World TV Info. À cette interrogation, le N°1 Togolais a réagi : « Quand je vois les programmes, les projets qui sont initiés, je suis surpris par l’engagement des femmes. Ce sont elles qui font le succès de certains projets ». Ensuite, il invite les femmes à s’engager un peu plus dans les affaires de la cité : « Nous avons les élections locales, je pense que les femmes apporteraient un plus qualitatif à la gestion de nos affaires », a-t-il remarqué. Cette partie a fait réagir une femme politique qui déclare : « il y a trop de méchanceté et de coups bas avec les femmes en politique. Aussi, le droit de cuissage est très répandu ».
La réaction du Président du parti Union pour la République (UNIR) est salutaire selon la députée Raymonde Kayi LAWSON qui conseille d’ailleurs un changement de mentalité de la population. « Le Président exhorte. Mais les hommes ne suivent pas », a constaté la Présidente du Mouvement des Femmes UNIR. Dédé Akpedjé MESSAN, une femme engagée dans la vie politique et conseillère municipale, pour sa part, signale qu’il « faut que celles qui sont déjà à des postes de décisions puissent être le miroir des autres », et propose la mise en place d’un fonds d’accompagnement des initiatives portées par les femmes et pour les femmes et aussi techniquement, que « l’État togolais opte pour le choix des listes zébrées pour les prochaines élections, c’est -à -dire revoir le positionnement des femmes sur les listes électorales », a-t-elle proposé.
Cette proposition correspond un peu à ce qui se fait au Bénin. Selon des réformes sur la loi électorale dans ce pays voisin, un nombre de sièges minimum (24) est garanti aux femmes à l’issue des élections législatives. Une manière de permettre la représentativité des femmes au parlement. Cette réforme a permis d’avoir, à l’issue des élections législatives de 2023, 28 femmes parlementaires, soit une augmentation de 18,4% par rapport à la précédente législature.
La même question de la journaliste sur les ambitions futures du Togo sur la promotion du genre suscite une autre réaction chez Marthe FARE, Écrivaine, Spécialiste Genre et Militante Féminine. Cette femme engagée pour la cause de la femme estime que la question n’a pas été profonde et la réponse encore moins. Elle fait remarquer que le Togo a toujours compté plus de femmes que d’hommes et confirme qu’en matière de poste à responsabilité, le Togo est un exemple. Néanmoins, elle soutient que la question du genre ne s’arrête pas là : « la part du marché du travail est à analyser. L’accès des femmes aux ressources est encore loin de l’idéal, le secteur informel est en majorité féminin et le visage de la pauvreté aussi. Quelles sont les mesures pour garantir un accès aux ressources ? Peut-on dire aujourd’hui que la femme togolaise a le cadre institutionnel et social qu’il faut ? Les institutions sont-elles suffisamment lavées de discriminations institutionnalisées ? Les projets et programmes profitent-ils vraiment aux femmes ? », autant de questions qui suscitent réflexions pour la communicante Marthe FARE.