Dans un communiqué publié le 25 juin 2025, la communauté togolaise « Les Négresses féministes » tire la sonnette d’alarme sur la situation des droits humains au Togo. L’organisation féministe dénonce une série d’abus perpétrés ces dernières semaines, qui mettent à mal la cohésion sociale et la sécurité des femmes dans le pays.
Tout part de l’arrestation de l’artiste togolais Aamron (de son vrai nom Tchalla Essowe Narcisse) dans la nuit du 26 mai 2025. Selon son avocat, Me Célestin Agbogan, le chanteur a été interpellé à son domicile par une cinquantaine de gendarmes, sans mandat ni convocation préalable. Une opération jugée illégale et inquiétante au regard des lois togolaises et des conventions internationales. Aamron, transféré à l’hôpital psychiatrique de Zébé à Aného, n’a été relâché que le 21 juin, après près de quatre semaines de détention. Cette arrestation a provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux, entraînant une vague d’indignation parmi les jeunes, les militants de la société civile et certains partis de l’opposition. Une mobilisation qui a culminé le 06 juin par une manifestation pacifique à Lomé, violemment réprimée par les forces de sécurité, relate le communiqué.
Femmes violentées, justice piétinée
Le communiqué des Négresses féministes revient sur les violences policières qui ont émaillé cette manifestation. Gaz lacrymogènes, arrestations arbitraires, traitements inhumains… De nombreux témoignages évoquent des actes de torture, des humiliations, des agressions physiques et psychologiques. Des femmes libérées ont présenté des traces de violences sur leur corps, preuves concrètes, selon le collectif, de sévices délibérés. Amnesty International, dans un rapport daté du 17 juin, a confirmé ces allégations en dénonçant la cruauté manifeste des agents impliqués.
Pour Les Négresses féministes, cette violence s’inscrit dans un contexte plus large de crise sociale, économique et politique : flambée des prix, augmentation du coût de l’électricité, précarisation des foyers les plus vulnérables. Les femmes et les filles, premières victimes de cette instabilité, voient leur quotidien encore davantage fragilisé.
Pas de paix sans justice
Face à cette situation, le ton est ferme. Le collectif appelle à une mobilisation générale : citoyens, partenaires techniques et financiers, ONG féministes, défenseurs des droits humains. Objectif : que les auteurs de ces actes soient identifiés, poursuivis et punis. L’impunité ne peut, selon elles, rester la norme.
Dans une démarche solidaire, Les Négresses féministes rappellent que la justice sociale n’est pas une option mais un fondement essentiel de la démocratie. À l’approche des nouvelles mobilisations prévues les 26, 27 et 28 juin, elles lancent un avertissement clair aux autorités : aucune dérive ne sera tolérée. La protection des droits, notamment ceux des femmes et des filles, est une obligation de l’État.