INTERVIEW : « e-land répond à un besoin de vulgarisation de l’information foncière, d’accessibilité des femmes surtout celles victimes d’exclusion foncière » Dieudonné Kossi
L’accès à la terre est un droit pour tous. Les problèmes liés à cette denrée sont souvent fréquents et divisent des familles, voir toute une communauté. Dans ce lot, les femmes, malheureusement, sont parfois victimes d’exclusion foncière. Pour apporter appui et assistance à celles-ci et à toutes les personnes ayant un problème lié à la terre, l’application e-land est lancée depuis novembre 2021. L’initiative est portée par la Clinique d’Expertise Juridique et Sociale (CEJUS) avec l’appui de la fondation Konrad Adenauer Stiftung (KAS).
Le Directeur de CEJUS explique le fonctionnement de cette application. Dieudonné Kossi répond aux questions de Eugenie GADEDJISSO TOSSOU :
AFRIKELLES : Dieudonné kossi, bonjour
D. KOSSI : Bonjour !
AFRIKELLES : à quel besoin répond l’application e-land ?
D.KOSSI : l’application e-land répond à un besoin précis, un besoin de vulgarisation de l’information foncière dans notre pays, un besoin d’accessibilité des femmes surtout celles victimes régulièrement d’exclusion foncière et un besoin d’assistance foncière de proximité, aussi à un besoin d’accompagnement notamment lorsqu’il y a besoin d’assister en justice.
AFRIKELLES : assistance et accompagnement surtout des femmes, spécifiquement qu’est-ce que vous faites avec elles ?
D. KOSSI : je dois dire que bien avant même l’application e-land, nous avions ensemble avec la Fondation Konrad Adenauer Stiftung (KAS) mis en place un centre d’écoute des femmes victimes d’exclusion foncière. C’est donc avec ce centre, que nous avions, préalablement, commencé par écouter et assister les femmes qui nous saisissent par le biais des chefs traditionnels des différentes localités où la Konrad travail. Nous avions, bien entendu senti le besoin d’élargir l’offre en permettant directement aux femmes de pouvoir nous saisir sans passer par l’entremise d’autres personnes, à travers l’application e-land plus précisément le robot WhatsApp ou le SOS qui leur permet de directement cliquer et de nous avoir au bout de la ligne. Le robot ou « SOS », ce sont des onglets qui sont sur l’application et qui permettent donc aux femmes d’entrer en contact avec nous.
AFRIKELLES : explicitement, quand on a l’application sur son téléphone portable, comment peut-on entrer en contact avec la CEJUS ?
D. KOSSI : l’application offre une diversité de façon à pouvoir contacter la CEJUS. La première, c’est d’envoyer par exemple un SMS. Lorsque vous allez sur l’application, il y a une partie où on vous propose de pouvoir directement contacter la CEJUS. Dès que vous saisissez votre message et que vous cliquez sur envoyer, nous avons le message au niveau de la base arrière de l’application. La seconde, c’est d’envoyer un mail, et c’est pour ceux qui sont vraiment familiers à l’outil informatique. Enfin, pour les personnes qui ne sont pas du tout familiarisées avec l’outil informatique, nous avions créé un robot qui fonctionne de deux manières : la première manière, c’est le SOS. Vous pourrez ainsi nous parler directement. L’autre, c’est le robot WhatsApp. C’est un robot que nous avions développé et qui est d’ailleurs en cours de perfectionnement et qui permet directement à une femme peut-être grâce à l’assistance de son enfant de pouvoir interroger le robot. Il suffit de saisir un mot et puis le robot répond directement et renvoie des informations. Lorsqu’il y a des informations beaucoup plus complexes, une personne au bout de la ligne vous répond.
AFRIKELLES : les femmes ont beaucoup plus de facilité à faire des notes vocales, est-ce que l’application e-land permet à celles-ci de discuter soit en langue locale soit en langue française avec CEJUS ?
D. KOSSI : justement, merci beaucoup de m’en faire le rappel parce que, l’une des innovations de cette application, c’est justement de permettre aux femmes de pouvoir directement faire des notes vocales dans la langue locale de leur choix. C’est-à-dire, lorsqu’une femme kabyè veut nous saisir, elle n’a pas besoin de parler français. Elle a juste besoin par exemple à activer son micro WhatsApp et de saisir la note vocale et d’envoyer le message dans sa langue et nous, au bout de la ligne nous faisons la transcription et apportons la réponse appropriée.
AFRIKELLES : il y a également des femmes qui n’ont pratiquement pas accès au téléphone portable, à celles-ci qu’est-ce que la CEJUS propose ?
D. KOSSI : nous restons dans un cadre de réflexion permanent et nous rentrons dans la dynamique d’une vulgarisation sur les mois à venir de l’application dans les différentes localités. Et en partant de ce principe que chaque femme rurale a souvent un enfant ou un cousin ou une voisine qui peut aider à pouvoir saisir. Donc, pour nous, c’est amenée aussi les femmes à être solidaires dans la préservation de leurs droits fonciers. Lorsqu’une femme qui n’a pas WhatsApp par exemple est victime d’exclusion foncière, elle peut rapidement être secourue par d’autres femmes qui dans la communauté ont l’application et qui peuvent saisir. La deuxième option à laquelle nous sommes en train de penser, c’est vraiment de vulgariser l’option SMS pour permettre à ceux-là qui utilisent les « 1 + 1 » de pouvoir directement saisir des messages qui nous parviennent au niveau de la base arrière de l’application. Comme je le dis, c’est une application qui est en cours de perfectionnement et nous allons au fur et à mesure essayer d’adapter l’application au besoin du terrain.
AFRIKELLES : l’application existe déjà il y a quelques mois, avez-vous déjà reçu quelques plaintes des femmes ?
D. KOSSI : Oui, l’application est fonctionnelle depuis le mois de novembre. Jusqu’alors nous avions traité des cas de femme victime d’exclusion foncière, mais pas directement par l’entremise de l’application, mais beaucoup plus par la vulgarisation qu’il y a eu autour de l’application. Elles ont été soit orientées vers la CEJUS ou soit ont bénéficié de l’assistance de proximité que nous organisons souvent.
AFRIKELLES : Dieudonné Kossi, merci
D. KOSSI : c’est moi qui vous remercie.
Propos recueilli par Eugenie GADEDJISSO TOSSOU.