Le taux de grossesses précoces en milieu scolaire est de plus en plus élevé. Au Togo par exemple, selon une enquête des autorités togolaises appuyée par l’UNICEF, il a été enregistré plus de mille deux cents (1 200) cas de grossesses précoces dans les établissements scolaire entre septembre 2020 et mars 2021. Le 24 janvier, de toutes les années, il est célébré la Journée Internationale de l’éducation. C’est bien clair que celle de la jeune fille africaine est en danger à cause des grossesses précoces. La responsabilité de cette hausse n’est pas imputable uniquement qu’aux parents d’élèves, mais à tous les acteurs impliqués dans l’éducation des enfants.
Chaque 24 janvier, est célébrée la journée internationale de l’éducation. Cette année elle est célébrée sous le thème « Changer de cap, transformer l’éducation ». Chez la jeune fille, l’éducation est parfois mis à mal par les grossesses précoces.
Des causes multiples et les responsabilités sont partagées
Selon Dede Akpedje Messan, conseillère municipale et Directrice Exécutive du Forum des Mères Célibataires (FMC), « les multiples causes des grossesses précoces relèvent non seulement de la responsabilité parentale, gouvernementale, de l’éducation mais aussi des médias. »
Le manque d’information et d’éducation sexuelle est l’une des causes de ce fléau. En effet, il est constaté l’insuffisance et l’inexistence des services de soutien d’orientation des enfants sur la santé sexuelle et de reproduction en milieu scolaire. Dans les enseignements secondaires au Togo, les cours d’éducation sexuelle sont quasi inexistants. Manquant donc d’informations, les élèves sont laissés à eux-mêmes. Le non accès à la contraception dû au manque d’information et aux tabous est aussi un facteur.
En plus de tout ceci, il y a un blocage culturel évident qui semble insurmontable. « Le sexe a toujours été tabou. Pire encore, ces jours, aucun parent ou adulte n’arrive concrètement à parler à fond de ce sujet qui est la santé sexuelle et reproductive de la femme aux jeunes. L’adolescent, ne maitrisant pas tous les contours de la sexualité, s’aventure lui-même à aller chercher la vérité, et le résultat c’est la grossesse », indique Dede Akpedje Messan.
La non stabilité des couples, le divorce affaiblit l’éducation des enfants. « Dès fois les parents sont carrément absents, ou tout simplement ils ont démissionné de leur responsabilité parentale et les rôles sont renversés car les jeunes s’auto-éduquent eux-mêmes », se désole Dede Akpedje Messan.
La non répression des auteurs de ces grossesses est aussi un facteur qui donne plus d’élan à d’autres prédateurs. La plupart du temps, les affaires de grossesses précoces sont souvent réglées à l’amiable pour motif de préserver la dignité de la famille de la victime.
Des conséquences néfastes
« J’ai eu mon enfant l’année passée quand j’étais en 5ème », regrette Adjo, une ancienne élève du lycée Agoè-est. Obligée d’abandonner les classes, elle est aujourd’hui au marché appuyant sa mère dans la vente des produits alimentaires. Comme elle, des centaines d’élèves filles sont déscolarisées chaque année pour la même cause.
L’honneur de la famille dans nos sociétés repose sur la virginité des filles. Celles qui sont enceintes hors mariage sont donc victimes de discriminations et de marginalisation. Elles peuvent être rejetées par leur famille et deviennent ainsi vulnérables aux violences et abus, à l’esclavage domestique et à l’exploitation sexuelle.
Outre ces conséquences, les grossesses précoces sont la plupart du temps les causes des décès des mères trop jeunes et des enfants. Selon une étude réalisée par l’ONG Plan Togo en 2016, 194 filles meurent chaque jour des suites d’une grossesse précoce dans le monde. Il urge alors de trouver des solutions pour remédier à cette situation.
Des approches de solutions
Les actions de sensibilisations auprès des parents et des plaidoyers auprès des autorités locales afin de les informer sur les conséquences et les risques des grossesses précoces, est la première chose à faire selon Mme Dede Akpedje Messan. « Beaucoup de personnes méconnaissent les dangers qu’il y a derrière ces grossesses », déplore-t-elle.
L’amélioration de l’accès à l’information sur la santé reproductive surtout pour les jeunes élèves serait un atout. Pour ce faire, la reprise des « clubs écoliers éco-responsables » par le biais des pairs éducateurs est très primordiale dans l’enseignement de la vie sexuelle. « Mieux, il faut que le gouvernement puisse revoir le contenu des messages, des audios, des clips qui passent sur nos médias, et que les parents réglementent l’accès aux réseaux sociaux de leurs enfants et surtout leur dire les vérités en ce qui concerne la sexualité », interpelle Mme Dede Akpedje Messan
« La culture de dénonciation des viols et du harcèlement sexuel et le renforcement des mesures punitives à l’endroit des auteurs pourraient baisser la barre », suggère Mme Akouvi Bella Honkou, activiste genre et autonomisation des femmes et filles. Pour elle, il faut surtout intégrer l’entrepreneuriat dans le cursus scolaire dès le collège afin d’aider ces jeunes, surtout les filles à pouvoir se prendre en charge tôt et à sortir de la pauvreté et de la précarité.
Le pouvoir de l’éducation aujourd’hui n’est plus à démontrer. Les filles étant des futures actrices importantes de développement, il est important, d’éradiquer les grossesses précoces afin qu’elles aient les mêmes chances de réussite que les garçons.
Nana Djapa
