INTERVIEW : « À travers Bonheur Illusoire, j’ai voulu déconstruire les illusions qui entourent le bonheur », Dhemanane KAFECHINA
La littérature togolaise peut se vanter du dynamisme axé sur l’inspiration féconde de sa plume féminine ces dernières années. Longtemps considérée comme l’apanage des hommes, la littérature togolaise enregistre depuis quelques années déjà et continue d’enregistrer de nouvelles plumes féminines aussi inspirées que passionnées. C’est évident que l’inspiration n’a pas de sexe. Dans le champ de ces nouvelles auteures qui font la fierté de la littérature togolaise, se trouve Dhémanane KAFECHINA. Ce nom n’est pas inconnu par le public togolais, surtout celui passionné par la littérature, mieux, la lecture, voire du cinéma. Ceux qui peuvent revendiquer, dans un passé récent, le droit de ne pas la connaître, ont déjà changé d’avis suite à la publication de son ouvrage « Bonheur illusoire » en 2023. AfrikElles, pour cerner la femme et son œuvre, est allée à sa rencontre pour vous. Dhémanane KAFECHINA, auteure-scénariste et réalisatrice togolaise est notre « Elle de la Semaine ». Laissez-vous embarquer dans son espace littéraire !
Trois mots ou expressions pour définir votre ouvrage ?
Fiction – Développement personnel – impact social
Bonheur illusoire, un titre évocateur. Pourquoi c’était si nécessaire d’écrire une telle œuvre ?
Cette œuvre était nécessaire pour explorer et mettre en lumière une réalité profonde et universelle : la quête du bonheur et la façon dont nous nous laissons parfois piéger par des illusions.
Dans notre société, nous sommes constamment bombardés d’idéaux de bonheur superficiels et éphémères. Nous sommes conditionnés à croire que le bonheur réside dans la possession matérielle, la réussite sociale ou l’amour romantique idéalisé. Mais qu’en est-il de notre bonheur intérieur véritable ? Qu’en est-il de la connaissance de soi et de la recherche du sens dans nos vies ?
À travers Bonheur Illusoire, j’ai voulu explorer ces questions et déconstruire les illusions qui entourent le bonheur. En suivant le parcours de Bamilta, une jeune femme en apparence comblée, mais profondément insatisfaite, j’ai cherché à dévoiler les fausses croyances et les masques derrière lesquels nous nous cachons.
Qu’est-ce qui fait du contenu ou de l’intrigue de cette œuvre littéraire, un contenu particulier ?
Bonheur illusoire aujourd’hui n’est plus seulement un roman, car derrière se cache un projet social à l’endroit de nos jeunes frères et sœurs.
Je pense que ce qui rend le contenu de mon roman particulier, c’est que c’est une fiction captivante autour du développement personnel. On part d’une histoire d’amour, puis on arrive tout doucement vers un thriller dans lequel toute l’intrigue se crée, car il y a un meurtre inattendu à résoudre. Et, tout au long de l’histoire, ce sont des sujets de développement personnel, des questions profondes auxquelles répondent des personnages complexes.
Le roman avait connu une première édition, qu’est-ce-que vous apportez de nouveau dans cette seconde édition ?
La première différence se trouve dans la profondeur des thématiques liées au développement personnel.
La deuxième est le style d’écriture qui a connu une nette amélioration et cela rejoint la maturité dont j’ai parlé plus haut. J’ai effectué un travail technique pour continuer à écrire aussi simplement, mais mieux.
La troisième chose est l’habillage : la couverture a connu un grand changement et la qualité d’impression est meilleure que la précédente.
Pourquoi devrions-nous dire que le roman Bonheur illusoire n’est pas juste un roman ?
Bonheur illusoire aujourd’hui n’est plus seulement un roman, car derrière se cache un projet social à l’endroit de nos jeunes frères et sœurs.
La grande idée aujourd’hui est de créer une plateforme d’écoute bienveillante pour ces jeunes-là. Le projet de la plateforme se subdivise en trois étapes.
- L’écoute bienveillante :
Les écouter et leur offrir la sécurité de parler librement de leurs émotions sans porter de jugement.
- Une aide psychologique :
Je prends l’exemple d’enfants victimes de violences physiques ou psychologiques, il s’agirait dans ce cas d’apporter l’aide adaptée en se rapprochant d’ONG compétentes
- Apports ONG ou organismes pouvant aider financièrement à sortir des personnes de certaines conditions critiques.
En dehors de la plateforme, le projet est aussi d’organiser des rencontres pour un partage d’expériences, du coaching et des ateliers pour les aider dans leurs orientations et choix de vie.
Je suis fière de faire partie de cette communauté d’écrivaines togolaises et de contribuer à la richesse de notre littérature. Je suis fière de faire partie de cette communauté d’écrivaines togolaises et de contribuer à la richesse de notre littérature.
Trois raisons fondamentales pour lesquelles, cette œuvre doit être lue ?
Trois raisons, je dirai….
- Une fiction passionnante et captivante qui traite de thèmes universels liés au développement personnel tels que la recherche du bonheur, l’importance de la connaissance de soi, la nécessité de faire des choix conscients en se projetant dans l’avenir. Ce qui rend l’histoire inspirante, car grâce à ce roman, vous pouvez avoir des idées pour améliorer votre vie et repousser vos limites.
- C’est un roman qui traite également de thématiques inhérentes à nos sociétés telles que les relations parents-enfants, à quel point les relations que les parents entretiennent avec leurs enfants ont un impact sur les émotions de ces derniers et sur la société. Nous retrouvons entre autres la thématique de la relation professeur-étudiant, l’avortement, du revenge porn…
- La troisième raison est qu’au-delà de toutes ces leçons qu’on tire à travers les diverses thématiques, c’est un véritable roman à intrigue qui vous tient en haleine pendant des heures.
Votre regard sur la plume féminine dans la littérature togolaise ?
Je porte un regard admiratif sur la plume féminine togolaise. Le Togo compte un grand nombre d’auteures qui se distinguent par la finesse de leur plume et la profondeur des sujets. Je suis fière de faire partie de cette communauté d’écrivaines togolaises et de contribuer à la richesse de notre littérature. J’espère que notre plume continuera à susciter des conversations importantes, à ouvrir des horizons et à encourager un changement positif dans notre société.
Vos perspectives ?
Mes perspectives, je les divise en trois parties.
La première est de continuer à écrire : Poursuivre ma carrière d’auteure en publiant davantage de romans et de nouvelles. Explorer pourquoi pas différents genres littéraires et continuer à aborder des sujets sociaux pertinents qui touchent les lecteurs.
La deuxième est d’élargir ma présence cinématographique : En tant que scénariste-réalisatrice, continuer à créer des films et des court-métrages qui mettent en lumière des problématiques sociales et qui offrent des messages positifs. Et adapter pourquoi pas mon roman « Bonheur illusoire ».
La troisième et dernière chose : Mettre en place des initiatives et des projets visant à améliorer les relations des jeunes avec eux-mêmes et avec les autres. La création d’une organisation à but non lucratif qui vise à l’amélioration des situations des plus jeunes.
Propos recueillis par Innocent Komlan WOTOGLO