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Interview : « Je suis une oreille très attentive aux besoins des femmes enceintes », Grâce B. Koumayi Sage-femme

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Elle est connue sur les réseaux sociaux comme sage-femme, mais aussi jeune femme politique. Grâce Bikoni Koumayi, la trentaine, togolaise, exerce le métier de sage-femme avec passion depuis bientôt 10 ans après sa licence professionnelle en obstétrique. Après une expérience professionnelle dans les hôpitaux, elle constate que les femmes enceintes ont besoin de conseils et de préparation pendant leur temps de grossesse pour mieux gérer les accouchements et éviter les traumatismes et séquelles que cela occasionne. C’est ainsi que la sage-femme crée son cabinet d’accompagnement à la naissance.

Au-delà de sa profession, Grâce Bikoni Koumayi est une femme politique, qui hier était dans le Bureau Exécutif d’un parti politique de l’opposition. Elle démissionne du parti cette année, à la veille des élections législatives d’avril 2024.

Dans cette interview, la sage-femme et femme politique nous parle de son parcours et de son avenir politique. Bonne lecture.

Au moment venu de pousser, elle croise les jambes. Finalement, toutes les 10 personnes de l’équipe  étaient venues exercer une violence pour pouvoir la faire accoucher.

Brève description de votre parcours scolaire et professionnel

J’ai fait la majorité de mon cursus scolaire au sud du Togo (Haho). J’ai eu un BAC D en 2012 après-avoir repris plus de quatre (04) fois la classe de Terminale. La même année, j’intègre l’École Nationale des Sages Femmes à Lomé sur concours où j’en sors en 2015, nantie d’une licence professionnelle option obstétrique.

J’ai capitalisé 05 années de travail au CHU Sylvanus Olympio sous plusieurs contrats. J’ai travaillé également dans certaines structures privées de la place dont la polyclinique Saint-Joseph et en 2021, j’ai décidé de me lancer dans l’entrepreneuriat en créant mon cabinet de santé mobile puis le cabinet d’accompagnement à la naissance. J’ai été Secrétaire Générale chargée à la formation et à l’information de l’ASSAFETO (Association des Sages – femmes du Togo), puis présidente fondatrice de mon association ‘Faire Autrement’.

 

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans ce métier ?

Dans ce métier, nous avons la grâce ou la chance, d’accueillir un être humain, de faire naître une personne et de voir la joie des parents. Et ce qui me passionne le plus dans ce métier, c’est justement de partager l’événement le plus marquant dans la vie d’un couple qui est la naissance d’un enfant.

 

Quelle est l’histoire ou le fait qui vous a le plus marquée ?

Nous avons reçu une jeune dame pour l’accouchement qui ne coopérait pas du tout à cause de la douleur intense. Au moment venu de pousser, elle croise les jambes. Finalement, toutes les 10 personnes de l’équipe (gynécologue, pédiatre, Sage-femmes, infirmière, garde-malade) étaient venues exercer une violence pour pouvoir la faire accoucher. Après l’accouchement, l’enfant allait bien sauf que la maman, elle, repart avec certaines séquelles comme la déchirure du col, du vagin, du périnée sans oublier les troubles psychologiques. (Je revis l’événement tout comme si c’était hier). Quelques mois après, en visitant la jeune dame chez elle qu’elle m’expliquait qu’elle souffrait du vaginisme. C’est donc ce trouble qui a entraîné la douleur extrême, ce qui l’empêchait de pousser et si l’équipe avait l’information, on lui aurait proposé une césarienne.

J’ai servi derrière, j’ai servi au milieu, maintenant, je vais servir devant.

Aujourd’hui, vous avez un cabinet de conseil et accompagnement des femmes enceintes, qu’est-ce qui a motivé cette orientation ?

 

Comme je vous l’ai dit plus haut, j’ai travaillé pendant près de 10 ans dans des hôpitaux où j’ai eu l’occasion de suivre beaucoup de femmes durant leur grossesse. Je me suis rendu compte que la majorité de ces femmes, n’étaient pas préparées à la grossesse ni à l’accouchement. Et généralement, le personnel de santé chargé de les accompagner ne disposait pas de temps et de moyens nécessaires pour aider ces dernières alors que l’étape de préparation est cruciale et essentielle. J’ai donc décidé d’apporter ma contribution à la réduction de la mortalité néonatale en créant ce cabinet.

 

Que proposez-vous donc en termes d’accompagnement et quels en sont les avantages ?

C’est une panoplie d’activités que nous menons notamment l’accouchement quotidien à travers les cours de préparation à la naissance, les gymnastiques pendant la grossesse, les différentes positions d’accouchement et surtout à l’identification de leurs droits et comment les reconnaître quand ils sont violés. Je suis une oreille très attentive aux besoins des femmes enceintes, nous répondons quotidiennement à leurs préoccupations et leur donnons les détails sur toutes les transformations que vont subir leur corps durant et après la grossesse.
L’avantage de tout cela est que les femmes se sentent prêtes, confiantes et sereines, ce qui aboutit à un accouchement sans complication.

 

Au-delà de votre profession, on vous a connue comme une militante du parti le NET. Où en êtes-vous aujourd’hui ?

J’ai quitté le NET après 07 ans de parcours où j’ai exercé premièrement comme chargée de la promotion du genre et des affaires féminines puis comme vice-présidente nationale du parti. J’ai été candidate aux législatives de 2018 puis aux locales de 2019.
Aujourd’hui, pour nos divergences d’opinions au sein du parti, j’ai décidé de quitter les choses avant qu’elles ne me quittent. J’ai servi derrière, j’ai servi au milieu, maintenant, je vais servir devant.

Quel avenir pour votre engagement politique ?

La jeunesse togolaise occupe 70 % de la population togolaise. Théoriquement, cette jeunesse, qui devrait constituer un atout pour le développement du Togo, risque de devenir une bombe si l’on ne fait rien.
La jeunesse togolaise broie le noir, elle vit le noir à la quête permanente d’une lueur de lumière. Je m’engage politiquement à réinventer un cadre d’éducation et d’épanouissement harmonieux en informant, formant et en transformant la mentalité de la jeunesse en vue de créer un nouveau patriotisme.

Un dernier mot

Juste, vous dire merci pour l’opportunité et témoigner toute ma gratitude aux personnes qui me soutiennent dans mes différentes initiatives. 

 

 

FAITIERE
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