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Serveuses de bar : être ou ne pas être, vivre ou survivre!

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Serveuses de bar. C’est généralement sous ce titre qu’elles sont désignées. Dans le dispositif de fonctionnement d’un débit de boissons, elles constituent la pièce maitresse. À cheval entre la vingtaine et la trentaine, voire plus, plusieurs jeunes filles ou femmes, à un moment donné, prennent le chemin du bar, pour servir la clientèle. Si pour certaines, c’est une courte aventure pour surmonter des difficultés financières, pour d’autres, c’est une carrière définie. Nonobstant, les difficultés, elles s’y accrochent. Salaires dérisoires, pression des patrons, la vulgarité des clients, n’émoussent pas l’ardeur de certaines serveuses de bar. Pourquoi c’est si difficile pour ces jeunes filles de quitter ce métier vu comme un gagne-pain à la base ? Quelles réalités vivent-elles ? Quel est le cliché le mieux partagé sur les serveuses de bar ? AfrikElles s’immisce dans un monde professionnel, banalisé, mais capital.

 

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Toi, c’est seins, tu as oublié, le vieux qui me demandait, si je peux venir prendre un coup dans son véhicule pour 5 000 francs CFA ?

« Serveuse ! Serveuse ! Un Lager bien tapé ! ». Agoè (banlieu de la capitale togolaise), un samedi soir, il est 18h. Les chaises pour s’asseoir se raréfient dans l’un des bars les plus fréquentés de la zone. Musique. Danse. Discussions à voix fortes, quoique, incohérentes des fois. Normal, l’alcool est fidèle à son effet. Les Serveuses s’activent. Les va-et-vient se multiplient. Une addition à rendre aux clients ? Des bières à ajouter ? Un message à faire passer au DJ ? De nouveaux clients à installer ? Des commandes à prendre ?

 

Des clichés ! 

Les serveuses sont au premier plan, parfois entre violences verbales et harcèlement sexuel. Elles sont habituées, Matéwé, originaire du nord Togo, a six ans d’ancienneté au compteur, rien de nouveau sous le soleil, pour cette jeune fille, la trentaine :« Ah, monsieur le journaliste, tout ça, ce n’est rien, ce travail, il faut avoir du cœur. Tu vois, le Monsieur en blanc ? La dernière fois, il était venu. Après avoir bu, il demanda l’addition. Une fois, avec lui, il me tapote les seins, j’ai réagi, mais, vous savez quoi ? Ma patronne est sortie pour s’excuser auprès du monsieur et m’a dit après que je risque de chasser ses clients. Bizarre ou bien ? ». « Toi, c’est seins, tu as oublié, le vieux qui me demandait, si je peux venir prendre un coup dans son véhicule pour 5 000 francs CFA ? », réplique, Sandra, très jeune,19 ans, visiblement dans le métier un long moment.

De ces témoignages, il ressort un cliché fort selon lequel, les hommes, estiment que les filles qui travaillent comme serveuses dans les bars, sont des travailleuses de sexe, d’où, parfois, leur vulgarité.

Eh bien, en mars dernier, j’ai voulu faire un jeu, économiser 50 % des pourboires par jour, surprise, je me retrouve avec 34 850 francs CFA. Plus que ce que je gagne par mois.

Mais, à y regarder de près, la réalité est tout autre chose, même s’il y a quelques exceptions. « Moi, j’ai terminé mon apprentissage de coiffure, je n’avais aucun soutien après la naissance de ma fille, son père est un Ibo, qui a quitté le pays depuis 2020. C’est compliqué pour moi. J’ai dû opter pour ce travail et franchement, je me défends », a affirmé Matéwé. Justement, à la question de savoir si ce métier nourrit vraiment, Matéwé est sans langue de bois « Oui… Oui… Mais cela dépend de comment tu reçois les gens, comment tu te respectes, comment tu respectes. Moi, j’ai trois mois de salaire impayés chez ma patronne, mais je viens toujours au service, curieux, n’est-ce-pas ? Eh bien, en mars dernier, j’ai voulu faire un jeu, économiser 50 % des pourboires par jour, surprise, je me retrouve avec 34 850 francs CFA. Plus que ce que je gagne par mois. J’ai 30 000 comme salaire. Je regrette de n’avoir pas commencé cette méthode depuis. Moi, je les dépensais le même jour dans les habits (rire) et esthétique », se confie-t-elle avec un goût de satisfaction, mais de regret.

 

Quand quitter devient une croix

Il n’y a pas de sot métier. Mais, plusieurs jeunes filles qui s’adonnent à ce travail, ont du mal à l’abandonner même si l’objectif recherché est atteint. Comment cela s’explique ? Il n’y a pas mieux qu’une dame, la quarantaine, rencontrée dans un autre bar dans les environs de Bè lagune pour nous éclairer avec ses 16 ans d’ancienneté : « Hum… Je ne sais pas si c’est un envoutement, j’ai commencé ce travail très jeune à Kpalimé, j’y suis rentrée pour juste faire trois mois. J’avais besoin de 50 000 francs CFA pour un besoin. Le salaire était de 25 000 F CFA, donc j’avais fait des calculs sur cela. Mais, je ne sais pas comment cela s’est passé, je me retrouve toujours dedans, c’était 16 ans le 18 mars dernier », a-t-elle fait savoir. 

Exercer ce métier, avec les clichés autour, ne permettent pas à ces jeunes femmes et filles une stabilité familiale. « À cause de cela, mon premier petit ami a pris son chemin, car il ne voulait pas que je travaille longtemps dans les bars. Pareil pour le deuxième. Bon, je fais avec. Chaque fois que je quitte, je reviens toujours. Certains disent que c’est mystique, mais je ne sais pas exactement. Demandez voir, cela nous arrive majoritairement. J’ai une amie qui a épousé un homme. Vous imaginez qu’après un an au foyer, elle retourne au bar ? Son mari a dû la laisser. », confie-t-elle, toute inquiète. 

Mysticisme ? Volonté ? Décision personnelle ? La question taraude les esprits des serveuses et toutes personnes curieuses. Un regard autour de nous, nous confirmera la réalité. Elles quittent. Vous les retrouvez dans un autre bar, parfois dans le même quartier ou ailleurs. Elles sont nombreuses à afficher manifestement une volonté de quitter ce métier, mais leur volonté ne reste qu’au stade de projet généralement. Amour du métier ?

Une chose est certaine, ce domaine mérite une régulation pour le rendre plus professionnel, offrir une Sécurité sociale à ces jeunes filles et femmes. Cela urge surtout que ce n’est plus un métier réservé pour une catégorie de filles. Étudiantes, diplômées sans emploi, apprenties en fin de formation, élèves… Toutes y excellent.

 Innocent Komlan WOTOGLO

 

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