INTERVIEW : »Il faut mettre des fonds à la disposition des femmes formées et qui ont des projets viables », Yasmine SADJA
Longtemps considéré comme une chasse gardée des hommes, le domaine entrepreneurial est pris d'assaut ces dernières années par les femmes. Elles y excellent, innovent et créent. Directrices Générales de leurs propres structures, Présidentes d'association, Fondatrices ou initiatrices de projets d'envergure, les femmes ne laissent rien passer. Parmi ces femmes, Yasmine SADJA demeure une figure de proue. Perfectionniste, la Présidente de la chambre nationale des femmes cheffes d'entreprise de Côte d'Ivoire (CNFCE-CI) veut ardemment voir les femmes de son pays, la Côte d'Ivoire, à la tête de grandes multinationales. Celle qui connait l'odeur du parfum de l'entrepreneuriat depuis son jeune âge est une véritable modèle en matière entrepreneuriale en Côte d'Ivoire et au-delà de ses frontières. Celle dont nous imaginons le CV (curriculum vitae) bien long, au regard des postes de responsabilité qu'elle aligne dans son parcours, s'ouvre à AfrikElles dans votre rubrique " Elle de la Semaine". Bonne lecture !
Yasmine SADJA, nos lecteurs sont impatients de savoir un peu plus sur vous?
Yasmine est une femme entrepreneure ivoirienne. Directrice Générale de Event Xpert, Présidente de la Chambre Nationale des Femmes Cheffes d’Entreprises de Côte d’Ivoire, je suis mariée et une femme épanouie. Je suis passionnée d’événements et de communication, sans oublier l’entrepreneuriat. Je fais partie des personnes qui aiment prendre des initiatives, et à mon compte, ces initiatives sont nombreuses. Je pense toujours que la femme peut faire de grandes choses et à mon humble niveau, je donne tout pour contribuer à sa promotion, sa valorisation.
Quatre de vos qualités et dites-nous comment vous aident-elles au quotidien ?
Je suis ouverte et empathique, sans façon, au quotidien ça m’aide à comprendre les autres et à essayer de les aider comme je peux.
Je suis un petit peu perfectionniste et surtout exigeante. J’aime les choses bien faites, qui frôlent le parfait. Au quotidien, ce n’est pas toujours facile mais j’arrive à gérer…
Je suis curieuse : j’aime explorer de nouveaux challenges, découvrir, poser des questions… ça me permet d’anticiper et de proposer mes valeurs ajoutées, essentiellement d’apprendre !
Je suis honnête. Yasmine ne mâche pas ses mots. Elle dit ce qu’elle pense et ne baigne pas dans l’océan du faux. Les gens me respectent pour cette qualité.
Jeune femme entrepreneure, comment cela a commencé ? Quel a été le déclic ?
Depuis toute petite, j’ai toujours été entreprenante et je prenais régulièrement les initiatives. Un soir, à un événement auquel je participais, j’ai trouvé que le service des hôtesses pouvait être amélioré. Alors, j’ai décidé de trouver des hôtesses plus qualifiées et de les proposer à des personnes… ça s’est fait de plus en plus. J’y ai pris goût et hop ! je faisais d’autres choses comme la décoration et l’organisation. C’est donc tout naturellement que je suis dans l’événementiel.
La question de financement vient à chaque fois que l’on parle d’entrepreneuriat, selon votre expérience, est-ce réellement un frein ?
Le financement, oui, il constitue un frein dans la mesure où les entreprises ont besoin de grandir, de s’étendre… C’est une question primordiale et il est important pour un entrepreneur de l’aborder avec soin.
Les difficultés en entrepreneuriat vous ont-elles fait regretter votre décision de quitter le statut d’employée pour celui d’employeur ?
Parfois oui, tu regrettes un peu. Mais, il faut toujours garder la tête haute et faire face aux défis.
Vous fondez la Chambre Nationale des Femmes Cheffes d’Entreprise de Côte d’Ivoire. Quelle est la vision ?
Vous savez, je suis moi-même une entrepreneure et au vu des difficultés que je rencontre au quotidien, l’idée est venue de créer un réseau de femmes qui elles aussi, ont fait le choix d’entreprendre. Notre vision est d’avoir de grandes femmes entrepreneures en Côte d’Ivoire, à la tête de multinationales.
Sur quel moteur doit-on s’appuyer selon vous pour propulser l’entrepreneuriat féminin ?
Pour nous, il y a trois leviers essentiels à actionner pour voir rayonner l’entrepreneuriat féminin. On peut en définir une pléthore mais voici ce que nous pouvons retenir :
Le premier levier, c’est la formation. On ne peut rien sans la connaissance. C’est elle qui peut définir nos possibilités et une maitrise des outils. « L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ». Cette citation de Nelson MANDELA, rappelle l’importance primordiale du savoir et donc de la formation.
En deuxième lieu, se trouve le financement. Il faut mettre des fonds à la disposition des femmes formées et qui ont des projets viables. Il faut faciliter les accès au financement des femmes. Seulement près de 3 femmes sur 10 obtiennent un financement contrairement à 5/10 pour les hommes.
Enfin, il faut alléger davantage les procédures de création d’entreprise et favoriser une bien meilleure concurrence dans tous les secteurs.
Quelle sera la part des femmes elles-mêmes ?
Elles font déjà leur part. Elles sont motivées, elles s’organisent déjà en associations, coopératives et autres. Elles vont chercher du financement et elles ont des activités à fort potentiel qui fonctionnent déjà. Quelle autre chose demanderait-on ?
Quels seront vos conseils à une femme qui a une idée d’entreprise mais qui hésite encore ?
L’entrepreneuriat est un métier à temps plein. Il faut s’armer de courage, de passion et de persévérance. Je lui dirai de ne pas attendre… C’est tout ça, mais c’est aussi passionnant de savoir que nous apportons une valeur ajoutée aux personnes et que nous sommes des solutions aux problèmes quotidiens.
Un mot pour clore ce formidable moment que nous passons avec vous ?
Je ne regrette pas ma vie d’entrepreneure. C’est parfois difficile, parfois, on veut abandonner, mais tenir et rester focus, c’est la meilleure des choses à faire…
Je suis aussi fière de mon parcours jusqu’ici. Et, quand je pense que j’ai encore du chemin, je suis enthousiaste et confiante pour la suite. Le chemin est plus agréable que la destination. Merci à vous pour cette lucarne !
Propos recueillis par Eugenie GADEDJISSO TOSSOU