Avoir un travail décent qui est rémunéré tous les mois, est chose difficile de nos jours. Ainsi, pour pouvoir survivre, les jeunes chômeurs spécialement les femmes ou jeunes filles sont obligées de devenir serveuses de bars. Bien que ce métier soit un gagne pain pour ces dernières, il contient des risques pour les filles qui s’en sortent avec des séquelles. Salaires miséreux et à compte goutte, harcèlement verbal et sexuel, voilà ce à quoi ressemble le travail de serveuses de bar.
En quête d’un mieux-être, elles sont souvent recrutées par les propriétaires de bars par le biais d’un simple entretien verbal, sans aucun contrat écrit. Dans ces conditions, elles ne sont protégées par aucune loi dans l’exercice de leur travail. Les heures de travail journalières dépassent largement les 8 heures par jour réglementaire mais avec des salaires minables qui tombent à dents de scie. « Dans ce métier, tu sais quand est-ce que tu vas au boulot mais l’heure à laquelle tu rentres chez toi, tu ne sais pas. Ici déjà à huit (8) heures, tu dois être au bar, le temps de faire le ménage et disposer les chaises avant neuf (9) heures, heure d’ouverture du bar. Et c’est parti pour x heure. Tant que le dernier client n’est pas parti toi aussi, tu ne bouges pas. Dès fois nous ne rentrons pas, surtout les périodes de fête », confie Sarah, serveuse dans un bar à Agoè-Assiyéyé, une banlieue de Lomé .
Ce travail, bien que contraignant et épuisant, rémunère très peu. « Avec tout ceci, je n’ai qu’un salaire de 25 mille francs CFA, environ 38 euros par mois que le patron à de la peine à payer. Je ne vis que des pourboires que certains clients me laissent de temps en temps » affirme Sarah.
En plus d’être sans protection légale, ces jeunes filles et dames sont obligées de faire face à la perversité de certains hommes. En effet, se basant sur l’adage selon lequel « le client est roi », ces clients vicieux qui se croient tout permis, ne cachent guère leurs intentions de faire de ces dernières des objets de leur soif sexuel. Le corps de ces serveuses devient une zone à explorer par les doigts et les yeux de ces clients. « Des clients nous draguent au vu et au su de tout le monde. Ils nous lancent des mots ou expressions très vulgaires », avoue Akoua, une autre serveuse. Ce n’est pas sur l’employeur qu’elles peuvent compter dans ces situations ou bien pire: « certains vont plus loin jusqu’à toucher nos fesses, la taille, les seins pendant qu’on sert et on ne peut pas refuser sinon ils ne reviendront plus. Parfois les patron(e)s eux-mêmes activent ce genre de comportement étant donné qu’ils nous demandent de ne pas faire fuir les clients en les repoussant mais de savoir jouer », renchérit Lina serveuse aussi à Lomé.
Outre ces attouchements, elles sont harcelées parce qu’il y a des clients qui tiennent à aller au bout de leurs désirs et donc persécutent les serveuses qui finissent par succomber ou dès fois sont violentées sexuellement par ces hommes vicieux.
Le cadre de travail étant dans ces conditions, les préjugés à l’égard de ces serveuses n’en manquent pas. De fait, pour la grande partie de la population, être serveuse est égale à être une vendeuse de sexe comme le pense d’ailleurs Charles, fonctionnaire d’État : « moi je ne sortirai jamais avec une serveuse de bar jusqu’à l’épouser. Elles sont toutes de travailleuses de sexe ». Allant dans le même sens, Mathias trouve qu’elles ont un train de vie au-dessus de leurs salaires. « Si elles ne se vendent pas sexuellement comment arrivent-elles à avoir ce train de vie avec des habits, sacs et chaussures et surtout portables de derniers cris. Alors que nous savons tous qu’elles ne sont pas payées plus de 30 milles francs CFA. »
Ces préjugés peuvent trouver leur fondement dans l’habillement et le comportement de certaines serveuses qui assument et donnent raison aux dires. « J’ai quitté mon village pour venir chercher l’argent et venir en aide à ma famille. S’il y a des hommes prêts à dépenser des sous pour mon corps je ne vois pas de problème. C’est mon sexe, je suis libre d’en faire ce que je veux », nous a déclaré une serveuse qui a souhaité garder l’anonymat.
Même si ces comportements seraient avérés, il faut préciser que ce ne sont que des cas exceptionnels car il y a parmi ces serveuses certaines qui sont irréprochables. C’est un métier qui mérite une considération dans la société et le gouvernement pourrait réglementer ce secteur en assurant d’ailleurs une protection sociale à ces serveuses.