Les attaques terroristes touchent la région des savanes au Togo. Elles fragilisent les communautés et deviennent une menace au développement des pays. Les personnes les plus vulnérables, les femmes, notamment, se retrouvent en difficultés, coincées entre sauver leur vie et la précarité. De victimes, elles peuvent passer parfois en complices, volontairement ou involontairement.
Très tôt ce matin du 11 mai 2022, à Kpékpakandi dans le Kpendjal, dame Yendoubé s’est réveillée par le crépitement des balles. L’ennemi est dans les environs. Se cacher, c’est ce qu’il fallait faire pour sauver sa peau : « Quand j’ai entendu les bruits, je me suis pressée de prendre mes deux enfants sous mes épaules. Les battements de mon cœur s’accélèrent. On devrait rester plus calme pour ne pas faire remarquer notre présence dans la pièce », a-t-elle raconté. Les minutes s’égrènent, le stress devient plus grand. Cette dame, veuve, la quarantaine, est obligée de quitter son lieu d’habitation pour rejoindre la ville, Dapaong, pour préserver sa vie et celle de ses deux enfants. Là, tout est à reprendre : « La vie dans son milieu d’origine est meilleure. Je suis obligée de tout reprendre pour ma survie et celle des enfants », affirme-t-elle. Peu à peu, elle a commencé par refaire sa vie, en se lançant dans la vente des légumes. Tout comme elle, plusieurs hommes, femmes, enfants ont dû quitter leur zone pour préserver leur vie.
Le gouvernement, plusieurs fois, a appelé à la veille des populations afin de dénoncer les comportements suspects. Les femmes ont largement leur part de responsabilité dans cette mission.
Les femmes, victimes et actrices du terrorisme
Les femmes par leur rôle dans la société sont des éducatrices et donc actrice de paix. Par ignorance ou en toute conscience, elles contribuent à la propagation du terrorisme : « Les femmes ne sont plus seulement que des victimes du terrorisme. Nous avons, dans nos actions de terrain, relevé que les femmes, parfois, approvisionnent les terroristes en carburant, en produit vivriers. Pour elles, c’est un acte banal, elles ne mesurent pas l’impact sur la cohésion sociale », a fait remarquer Estelle DJANATO doctorante, chercheuse sur des questions du terrorisme.
Les actes de ses femmes s’expliquent par l’insuffisance des ressources financières et aussi la radicalisation entre autres selon Mme Estelle DJANATO. La radicalisation est l’autre élément dans la propagation du terrorisme : « Pour un oui ou un non, quelqu’un peut prendre une position radicale, est donc prêt à se rallier aux groupes terroristes pour faire mal », a souligné Felix AKLAVON, expert en paix et sécurité.
Éduquer et dénoncer, le rôle des femmes
Les femmes sont sollicitées pour éradiquer le terrorisme. Grâce à leur rôle d’éducatrice, elles peuvent influencer la société : « Les femmes, aujourd’hui, sont des mères éducatrices. Une femme qui éduque son enfant sur la non-violence, la cohésion sociale, la paix ; contribue à l’élimination du terrorisme. Il faut également éduquer à la dénonciation des cas suspects dans les différents milieux et ça, les femmes peuvent le faire », a relevé Félix AKLAVON, expert en paix et sécurité.
La thématique du terrorisme était au cœur d’une formation des journalistes du 23 au 26 janvier 2024 à Lomé. Placée sous le thème : « Média, extrémisme violent et cohésion sociale », cette formation est une initiative de l’ambassade des USA au Togo en collaboration avec Hotsi Communication.
Espoire TAWI