REPORTAGE : que c’est difficile dans les marchés après les fêtes!
Les pages de fêtes de fin d’année sont désormais fermées. Seuls les souvenirs sont restés. Place à l’ombre des diverses dépenses effectuées durant ces moments festifs qui planent sur le quotidien des ménages qui peinent à faire face aux charges habituelles durant ce mois de janvier. Si les salariés peuvent percevoir leurs salaires à la fin du mois pour pousser un ouf de soulagement, il n’en n’est pas de même pour les acteurs du secteur informel, en particulier les femmes revendeuses dans les marchés périphériques.
Nous sommes le vendredi 19 janvier 2023, au marché d’Agoè Assiyéyé dans la commune d’Agoè Nyivé 1, l’un des marchés les plus animés du Grand Lomé. C’est l’ambiance habituelle. Des va-et-vient des clients dans les allées, des klaxons de motos, le bruit était au comble.
Cette ambiance, loin de traduire de bonnes affaires dans le marché, ne cache que la mévente. Que ce soit la vendeuse de légumes, fruits, céréales, tubercules, même des non vivres, aucune n’est épargnée comme l’explique Da kayi, qui propose du poisson fumé : « les poissons que j’ai ici actuellement font deux jours sur l’étalage. Et je ne peux pas les jeter non plus ».
Selon elle, ce ralentissement d’écoulement de sa marchandise s’explique par la difficulté financière à laquelle font face les familles généralement en janvier après les fêtes. « En janvier, les gens ne font pas vraiment d’ achats. Ils se rabattent sur les restes de fêtes », a-t-elle confié avant d’informer qu’avant le premier mois de l’année, la même quantité de poisson qu’elle vend actuellement avec peine finissait déjà en début d’après-midi.
Un peu plus loin, nous retrouvons dame Ayaba devant son étalage de friperies. Son portable en main, elle se contente de regarder des vidéos Tiktok, à défaut d’être en discussion avec des clients qui se font rares . « Au moins, avec ça, je ris en attendant le soir pour me rendre compte que je n’ai rien vendu ou que, ce que j’ai vendu a servi à payer le ticket et de quoi manger », nous a-t-elle confié.
A l’autre étalage, sont exposés des habits d’enfants. La propriétaire, Da Mimi n’est pas touchée par la mévente au même titre que ses voisines du marché. Elle témoigne : « Moi j’ai remarqué le contraire. J’ai ouvert le ballot la semaine passée et il a considérablement diminué ». Si la situation n’est pas identique chez elle, c’est en raison du rang social de sa clientèle, majoritairement aisée .
Les commerçantes ne sont pas les seules à se lamenter de la situation, les potentiels clients le sont plus. Car ceux-ci sont dans le besoin mais manquent de ressources financières pour les satisfaire.
« En janvier, j’évite au maximum de venir au marché parce que je ne souhaite pas dépenser l’argent de mon déplacement pour acheter des habits. Donc actuellement, je fais l’effort de ne pas faire des achats d’habits et autres », raconte une jeune dame, comptable dans une structure privée.
Au même moment, certains font face à des dettes contractées pour faire des achats pour le compte des fêtes de fin d’années. Le remboursement de la dette les empêche alors d’effectuer de nouveaux achats.
Janvier est un mois généralement difficile pour plusieurs en raison des dépenses liées aux fêtes de fin d’année. Si les salariés et fonctionnaires peuvent espérer le salaire, le secteur informel, à l’instar des femmes commerçantes, doit encore attendre et prier pour que leurs clients fassent des achats conséquents.