Interviews : Des coins bébés sur les lieux d’activités professionnelles
Les chances de participations aux prises de décision des jeunes femmes et jeunes hommes ne sont pas les mêmes. Parmi la multitude de difficultés, les organisations de la société civile recensent la garde de l’enfant quand la maman doit travailler.
Les femmes sont moins actives dans les organisations de la société civile quand elles deviennent mère. Entre gestion des activités de l’OSC et la garde de leur enfant pendant des jours, elles finissent par être moins actives. La situation est bien connue de Alice GOZA, Présidente de l’Association Internationale des Femmes et Jeunes Leaders (AIFJL), coordinatrice de la plateforme Young Women 4Devellopment, consultation genre.
Dans cette interview qu’elle a bien voulu nous accorder, elle fait un plaidoyer.
Afrikelles : Vous êtes à la tête d’un regroupement d’organisation de jeunes femmes, dites-nous quelles sont les difficultés rencontrées dans la mobilisation donc de ces femmes ?
Alice GOZA : En effet, en mai 2020, l’AIFJL que je préside a initié, le Young Women 4 Development qui est un creuset de jeunes femmes engagées pour le développement. C’est une réponse à la pandémie du Covid-19, pour encourager la participation de ces dernières dans un moment crucial et capitaliser les acquis de la contribution des jeunes femmes au développement en période de crise. Nous avons voulu aussi relever les défis et affronter nos réalités pendant cette crise et préparer ensemble l’après Covid. Et justement au nombre de ces défis : la mobilisation. Inutile de dire que c’est un défi pour toutes les organisations surtout celles avec des moyens limités. Ceci étant, il faut reconnaître la particularité du défi que cela comporte pour les jeunes femmes, mères quand il s’agit de la présence effective au cours des activités.
Afrikelles : Comment la maternité empêche -t-elle les femmes d’être actives dans les organisations de la société civile ?
Alice GOZA : Je ne parlerai pas d’empêchement, je parlerais de défis. La maternité est une bénédiction qui tend à ralentir tant soit peu l’élan de la femme quelle que soit sa détermination. Moi, je n’ai pas encore cette chance mais autour de moi, j’observe ce fait. Pour commencer, elle a un nourrisson qui a besoin d’elle, elle doit faire attention aux plaies, aux séquelles, elle doit réorganiser sa maison, redéfinir ses priorités et jouer également le rôle de femme au foyer bien que de plus en plus, les hommes comprennent la nécessité de leur responsabilité sur ce dernier point.
Afrikelles : Pensez-vous que les congés de maternité sont-ils insuffisants ?
Alice GOZA : C’est une bonne chose d’avoir des congés de maternité, mais je trouve que ce serait encore mieux de travailler dans un espace où on tient compte de la spécificité des conditions de la femme, mère. Imaginer tout le travail qui vous attend après 03 mois ou quelques mois de repos ? Vous devez être efficace à votre retour. Les 03 mois veulent simplement dire que vous avez un nourrisson de moins de 03 mois. Imaginez-vous même.
Afrikelles : Quel mécanisme peut-on mettre en place pour permettre la pleine participation des jeunes femmes mères aux prises de décisions dans les OSC ?
Alice GOZA : Je pense que Plan International Togo que je félicite nous montre bien l’exemple. On peut mettre des garderies dans nos espaces de travail comme ils l’ont fait et quant aux activités de terrain , moi j’ai toujours conseillé aux femmes avec qui je travaille de venir aux réunions ou activités avec leurs bébés et à notre dernière formation qui date de mai où nous parlions des outils et mécanismes de protection et de promotion des droits de la femme, une des recommandations phares est de s’organiser pour qu’au cours des ateliers ou des activités de terrain, qu’on ait un coin de bébé/enfants pour faciliter la participation des femmes, mères qui ne désirent qu’à participer également.
Afrikelles : Comment donc peut-on faire fonctionner ces coins bébés au cours des activités ?
Alice GOZA : En ce qui concerne notre recommandation, au cours de nos activités, nous allons créer un petit espace qu’on va appeler coin de bébés où on aurons dans ce coin, une ou 02 personnes qui seront identifiées à l’avance et dont leur présence serait consacrée spécialement à garder les bébés, le temps d’intervention ou de contribution de leurs mamans. Mais c’est le moment pour moi de lancer un appel à toutes les organisations et mêmes d’autres secteurs à suivre le pas.
Afrikelles : Merci à vous !
Alice GOZA : c’est moi.