« Parcours régionaux pour la prévention de la migration irrégulière, la lutte contre le trafic des migrants, la traite des êtres humains et la protection des femmes et jeunes en situation irrégulière en Afrique de l’Ouest, y compris la sous-région sahélienne », c’est autour de cette thématique que journalistes, blogueurs et influenceurs ont été outillés les 04 et 05 novembre 2025 à Kara. Organisé par le consortium WiLDAF Afrique de l’Ouest et WiLDAF Togo, en collaboration avec l’organisation WeWorld, cet atelier est financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’ICMPD (Centre international pour le développement des politiques migratoires).
L’objectif est de renforcer leurs capacités à produire et relayer des messages adaptés, toucher les jeunes et groupes vulnérables via des canaux accessibles, et co-produire des contenus fiables et sensibilisateurs afin de renforcer la résilience des communautés face aux dangers de la migration irrégulière.
La sous-région ouest-africaine est confrontée à de nombreux défis liés à la migration. En 2024, le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (UNDESA) a recensé 8,2 millions de migrants en Afrique de l’Ouest, dont 12 % se dirigent vers l’Europe. La majorité des migrations (74 %) est Sud-Sud, voire intrarégionale, et implique 45,4 % de femmes. La mobilité de la main-d’œuvre en est la forme principale, représentant environ 70 % des flux, incluant des mouvements saisonniers, temporaires ou permanents.
Au Togo, les flux migratoires, qu’ils soient réguliers ou irréguliers, affectent particulièrement les femmes, les jeunes et même des enfants. L’âge moyen des jeunes filles migrant seules, souvent pour travailler comme domestiques, est estimé à 14 ans.

Dans ce contexte, il est crucial de doter les organisations de la société civile, les journalistes de la presse écrite et radiophonique, les influenceurs et blogueurs de compétences pratiques. Cela va de l’analyse des causes de la migration à la production de contenus éthiques, afin de renforcer leur rôle dans la sensibilisation aux risques de la migration irrégulière et à la lutte contre le trafic de personnes migrantes. L’objectif final étant de les impliquer activement dans les campagnes d’information et de sensibilisation au sein de leurs communautés.
« Au niveau de la sous-région ouest-africaine, les politiques dont nous disposons ne favorisent pas vraiment une relation aisée ; elles ont donc des limites. D’un autre côté, nous souhaitons que les politiques régionales s’alignent sur celle de l’Union Africaine, afin que la migration soit désormais perçue comme une opportunité de développement, et non comme une cause de souffrances pour ceux qui souhaitent migrer », explique Anne Colette Kpedji, Directrice exécutive de WiLDAF Togo.

« La plupart des personnes optent pour des migrations irrégulières, empruntant des voies dangereuses. Elles deviennent souvent victimes de trafic, en particulier les femmes et les jeunes. Les femmes subissent fréquemment des violences de tout genre, ce qui engendre beaucoup de souffrances. C’est pourquoi nous prônons en priorité une migration légale, respectueuse des droits humains et de la dignité », ajoute-t-elle.
Par ailleurs, ces deux jours de formation ont privilégié une approche pédagogique interactive et pratique. Les séances ont été structurées autour d’exercices concrets et de mises en situation, encourageant les participants à développer leur autonomie en matière de documentation et de vérification des faits avant toute production de contenu. Cette méthodologie a permis une meilleure assimilation des connaissances, tout en renforçant la capacité des professionnels à traiter les questions migratoires avec rigueur et impartialité.
En améliorant l’information, la sensibilisation et en renforçant les services de protection et d’assistance dans les communautés locales, ces acteurs deviennent des maillons essentiels pour démanteler les réseaux de trafic et prévenir les départs à risque.
Nadège ADIKI




