Les « Entreprises s’engagent pour la Protection des Femmes et des Filles » (EP2F), c’est le nouveau projet lancé ce jeudi 23 octobre 2025 à Kpalimé. Financé par l’Union européenne, il est mis en œuvre par le consortium CARE France, CARE Bénin/Togo, Nouvelles Alternatives pour le Développement Durable en Afrique (NADDAF) et le Groupe de Réflexion et d’Action Femme, Démocratie et Développement (GF2D). Concrètement, EP2F vise d’abord à renforcer les capacités des organisations de la société civile afin qu’elles deviennent des actrices crédibles et influentes dans la promotion de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Ensuite, d’engager les entreprises togolaises grandes, moyennes et petites à adopter des politiques et des pratiques internes qui garantissent l’égalité, la sécurité et la dignité des femmes et des filles au travail. Et enfin, favoriser un dialogue structuré et durable entre la société civile, les pouvoirs publics et le secteur privé pour avancer ensemble pour la promotion des droits des femmes et des filles au Togo.
Un événement d’envergure pour une cause cruciale
Le lancement du projet EP2F a eu lieu à dans la commune de Kloto 1 à Kpalimè. Ce fut un moment solennel avec la présence galvanisée de la vice-présidente des programmes et opérations internationaux de CARE USA, Claudine MENSAH Awute, de la délégation de l’Union européenne partenaire financier du projet, du staff du consortium demandeur ( CARE France, CARE Bénin/Togo, NADDAF et GF2D) L’atelier a réuni également des institutions publiques en l’occurrence (le ministère des solidarités du genre de la famille et de la protection de l’enfance, la Commission Nationale des Droits de l’Homme , la Faitière des Communes du Togo , l’exécutif communal de Koto1)des représentants du secteur privé notamment(l’ASAZOF, le Groupement Togolais des Petites et Moyennes Entreprises/ Petites et Moyennes Industries, la Chambre du Commerce et de l’Industrie du Togo … ), les organisations patronales notamment le Conseil National du Patronat , des organisations syndicales : la Confédération Syndicale des Travailleurs Nationale du Togo, la société civile RESOKA, RESODERC,COADEP et des associations féminines de Kloto.


C’est le Secrétaire Général du ministère des solidarités, du genre, de famille et de la protection de l’enfance FLAGBE Nukunu yaovi Edem qui a procédé au lancement officiel du projet.

Rythmée par plusieurs allocutions des officiels, de la CNDH, la CNP et le CSTT, la cérémonie de lancement a également permis la présentation de l’étude diagnostic sur l’état des lieux sur la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) en matière de Droits Humains au Togo, les grandes lignes du projet et des intermèdes artistiques assurés par des jeunes dynamiques du club culturel des jeunes de Kpalimé
Dans son allocution de bienvenue, le Maire de la commune Kloto 1, Winny Yawo Dogbatsè, au nom des autres autorités locales de toutes les 12 préfectures et 24 communes bénéficiaires, affirmé son engagement et celui de ses pairs à accompagner ce projet avec détermination, en facilitant les synergies entre les acteurs locaux, les entreprises et les organisations communautaires. « Ensemble, nous avons le devoir de bâtir une société plus juste, plus inclusive et plus respectueuse des droits des femmes et des filles » a-t-il déclaré


Contexte et activités principales du projet
Des résultats du Diagnostic sur l’état des lieux de la RSE au Togo, il ressort que la terre de nos aïeux est l’un des premiers pays de l’Afrique de l’Ouest en matière de législations favorables à l’égalité de genre avec un cadre légal et institutionnel propice à la protection et à la promotion de la femme, à l’inclusion sociale et économique. En exemple, la Politique Nationale d’Equité et d’Egalité de Genre (PNEEG) de 2011, le code du travail révisé en 2021 qui renforce la protection contre la discrimination et le harcèlement en milieu professionnel, les 04 lois Sociales votées à l’Assemblée nationale en 2022 qui accordent congé de maternité, sécurité sociale, égalité salariale aux femmes, et enfant, l’Arrêté interministériel interdisant le harcèlement moral et sexuel au travail en 2024.
Cependant malgré cet arsenal juridique les femmes et les filles subissent toujours des discriminations et violences multiples divers niveaux. Les défis se situent entre autres, au niveau de l’application inégale des lois dans l’informel, le manque de suivi et d’outils de redevabilité institutionnelle les normes sociales patriarcales fortes et Harcèlement et discriminations peu sanctionnées.

Le projet EP2F vient donc contribuer à répondre à ces réalités persistantes en utilisant la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) comme un levier stratégique de transformation sociale. Le projet entend renforcer l’engagement des entreprises togolaises à travers des axes stratégiques tels que :
– le renforcement de la connaissance et de l’application des principes RSE en matière de droits humains des femmes et des filles ;
– l’implication active des entreprises dans la prévention des violences basées sur le genre en milieu professionnel ;
– l’encouragement à la collaboration entre le secteur privé, l’État et la société civile pour un environnement de travail plus équitable.
Les stratégies clés incluent le renforcement des OSC togolaises pour la demande de la RSE, le plaidoyer, la sensibilisation et la mise en place de partenariats avec des entreprises.

Gestionnaire EP2F
Un projet, une transformation durable
Le projet qui sera exécuté dans 4 régions Maritime, Plateaux, Centrale et Kara ambitionne de toucher directement 100 000 femmes, qu’elles soient employées ou aspirantes à l’emploi dans le secteur privé, ainsi que des femmes vulnérables et des filles victimes des pires formes du travail des enfants. L’impact escompté est une transformation durable des environnements de travail et une meilleure protection des droits des femmes en milieu professionnel et ceux des filles de formation et d’apprentissage.
Avant ce lancement, plusieurs institutions ont été consultées pour leur expertise et partage de connaissance en lien avec la RSE au Togo. Entre autres, le Conseil National du Patronat, la Confédération Syndicale des Travailleurs du Togo, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH). « Le projet est une réponse à autant de situations observées sur le terrain, qui n’exclut aucune entreprise », explique Mahulé DEGBOE, coordonnatrice du programme genre et justice économique à CARE Bénin/Togo. Programme duquel le projet EP2F est mis en œuvre au niveau de l’organisation.

Il est prévu dans le cadre de ce projet, entre autres :
– L’organisation de sessions de renforcement des capacités des structures publiques (ministères, autorités déconcentrées et décentralisées) sur les enjeux de la RSE en matière de droits humains et leur rôle dans la promotion de la RSE ;
– L’organisation d’un forum national sur la Responsabilité Sociale des Entreprises en matière de Droits de l’Homme au Togo afin d’en évaluer les progrès et les défis ;
– La mobilisation des chefs et cheffes d’entreprises autour du développement et de l’adhésion à une charte en matière de respect des droits des femmes au travail ;
– La formation d’un réseau de professionnels et professionnelles des médias pour accompagner les initiatives de sensibilisation et de communication/plaidoyer des OSC tierces ;
– La réalisation d’un état des lieux de l’engagement du secteur privé et de la société civile sur la promotion de la RSE et du cadre institutionnel y afférent ;
– La mise en place d’un vivier de 30 formateurs/trices nationaux sur différentes thématiques de la RSE, notamment en matière de droits des femmes.
CARE, l’expertise au service de l’équité
Care est une organisation internationale engagée dans la lutte contre l’injustice sociale et la promotion de l’autonomisation des femmes et des filles. Elle agit dans le monde entier depuis plus de soixante-quinze ans, et depuis plus de trente-cinq ans au Togo. Son action vise à transformer les systèmes pour un monde plus équitable.
En tant que coordinateur principal du projet EP2F, Care mobilise son expertise pour faciliter l’engagement du secteur privé et renforcer les capacités des acteurs de la société civile à veiller au respect des droits des femmes et des filles dans les entreprises. Guillaume AGUETTANT, Directeur pays de CARE Bénin/Togo, résume l’essence et le principal défi du projet : « EP2F, est un projet financé par l’Union Européenne, de Responsabilité Sociale des Entreprises. Le plus grand défi, c’est de vulgariser ce cadre légal au Togo et de s’assurer qu’il soit connu et appliqué en faveur des cibles concernées. »

Ainsi, pour contribuer à la protection des droits des femmes et des filles, leurs équipes travaillent avec des femmes et des jeunes filles vulnérables pour qu’elles puissent non seulement accéder à des moyens de subsistance, mais aussi exercer pleinement leurs droits économiques et sociaux. La nouvelle étape franchie, qui est celle de mobiliser le secteur privé togolais, consiste à le transformer en un allié stratégique dans la lutte contre les discriminations, les violences et les injustices faites aux femmes.
Mona Mopin, chargée de programme chez CARE France a exprimé ses souhaits et attentes « Nous attendons d’importantes avancées de ce projet et espérons pouvoir y aboutir. Ce projet est innovant pour nous, car il englobe à la fois les secteurs privés et public. Notre vœu le plus cher est de voir la promotion des droits des femmes véritablement évoluer grâce à cette initiative. Avec toutes les parties prenantes réunies aujourd’hui, nous souhaitons intensifier la sensibilisation des entreprises sur l’importance de la RSE. Les droits des femmes et des filles nous tiennent profondément à cœur, et notre objectif est de garantir que leur place et leur dignité soient pleinement respectées au sein du milieu professionnel », a-t-elle affirmé.

L’égalité de genre n’est pas seulement l’affaire du secteur public ou des ONG, elle est une responsabilité partagée qui engage la prospérité et la dignité de tous. En mobilisant le secteur privé dans quatre régions clés, le projet EP2F ne se contente pas de sensibiliser ; il vise une intégration structurelle des droits des femmes et des filles dans la gouvernance des entreprises.
Un stand d’exposition a permis aux participants de mieux connaître les autres actions et projets CARE Bénin/Togo, de GF2D et de NADDAF. La visite de ce stand a mis fin à cette cérémonie de lancement et raccompagné les parties prenantes sur une note d’engagement pour la promotion des droits des femmes et des filles au Togo à travers la RSE.
GADEDJISSO T Eugenie et Nadège ADIKI




