Le meurtre de Dame Grâce, survenu à Abidjan, a bouleversé la Côte d’Ivoire et suscité une onde d’indignation nationale. Mais au-delà de l’émotion, ce drame met en lumière une réalité tragique et persistante : les féminicides. Ces crimes commis contre des femmes parce qu’elles sont des femmes restent une urgence sociétale, en Côte d’Ivoire comme ailleurs. La Coalition des Organisations et Militantes Féministes de Côte d’Ivoire (La Comfeministes-CI) a publié un communiqué pour exprimer son indignation, interpeller les autorités compétentes et appeler à des actions concrètes.
Le 08 septembre 2025, Dame Tra Lou Grâce, élève infirmière à l’Institut National de Formation des Agents de Santé (INFAS), a été poignardée à mort par son compagnon, devant ses enfants et sa sœur. La scène, filmée puis largement diffusée sur les réseaux sociaux, a choqué par sa violence insoutenable. Plus troublant encore, certaines réactions sur la toile ont tenté de justifier l’acte, évoquant des rumeurs d’infidélité ou des clichés sexistes visant les étudiantes de l’INFAS.
Ce féminicide n’est malheureusement pas un cas isolé. Ces dernières années, plusieurs femmes ont été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints en Côte d’Ivoire. Pourtant, le cadre juridique est sans équivoque : la Constitution garantit le droit à la vie, le Code pénal punit l’apologie du crime et la loi sur les violences basées sur le genre (VBG) engage l’État à prévenir, réprimer et éradiquer toutes les formes de violences faites aux femmes. Mais dans les faits, trop de féminicides sont encore banalisés, réduits à de simples « drames conjugaux ».
Selon ONU Femmes, près de 45 000 femmes et filles ont été tuées dans le monde en 2022 par leur partenaire intime ou un membre de leur famille. Cela revient à une femme assassinée toutes les onze minutes, souvent dans l’indifférence. En Afrique de l’Ouest, ces violences s’enracinent dans des systèmes patriarcaux, alimentés par la dépendance économique et les stéréotypes sexistes.
Face à cette hémorragie silencieuse, il urge de renforcer les mécanismes de prévention, multiplier les centres d’accueil pour les victimes, et intensifier les campagnes de sensibilisation. La société civile, à l’image de la Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes, joue un rôle crucial : dénoncer les violences, exiger des sanctions, et briser la loi du silence. La Coalition des Organisations et Militantes Féministes de Côte d’Ivoire (La Comfeministes-CI) a publié un communiqué pour exprimer son indignation, interpeller les autorités compétentes et appeler à des actions concrètes.