Méthodes contraceptives: le revers de la médaille
La planification familiale permet à toute personne de fonder une famille composée du nombre d’enfants de son choix et de prévoir le rythme de ses grossesses, selon l’organisation mondiale de la santé (OMS). Dès lors, il convient de recourir à des méthodes contraceptives qui sont de types réversibles ou irréversibles. Avant de poser l’acte, généralement, un entretien a lieu entre le spécialiste de la planification familiale et la ou les demandeurs de ce service et ces derniers choisissent librement la méthode qui leur convient. Des femmes ont eu recours aux méthodes contraceptives et ont eu des difficultés selon des témoignages, une idée rejetée par le personnel soignant spécialiste de la planification familiale.
Un jour, en 2020, du sang coulait en abondance de mon vagin. Nous sommes allées voir le gynécologue, on me parle d’hémorragie interne, d’ovaire gonflé.
Les méthodes contraceptives existent par dizaine, soit naturelles, soit modernes. Ces dernières font objet de débats. « Nous avons des méthodes réversibles et celles dites irréversibles. Les méthodes réversibles sont les pilules, les injectables, les implants, le dispositif intra-utérin, les préservatifs et également le collier. La ligature des trompes et la vasectomie sont des méthodes irréversibles, une fois que l’acte est posé, la conception n’est plus possible », a affirmé Pa’Ani GNAKOU, Sage-femme, responsable de la Protection Maternelle et Infantile (PMI) Kara. Elle ajoute en outre que tous les demandeurs de la Planification familiale sont bien informés sur les méthodes disponibles et font le libre choix de celle qui convient à leur aspiration. Ce n’est pas toujours le cas.
Témoignages
Ruth s’est fait insérer un stérilet le jour même de la naissance de son deuxième enfant alors qu’elle n’avait que 19 ans. Elle ne le saura que le lendemain, puisque selon son témoignage, la Sage-femme ne lui en a pas parlé: «C’est quand je devais faire ma toilette le lendemain que j’ai senti un fil à l’entrée de mon sexe. J’ai demandé à la Sage-femme, c’est en ce moment qu’elle me fait comprendre qu’elle m’a mis le stérilet, nous étions en 2007», se rappelle-t-elle. Elle n’aurait pas de mauvais souvenirs de cette méthode s’il n’y avait pas eu des soucis: « Déjà, à la deuxième semaine, je suis retournée vers la dame parce que le fil était visible à l’entrée de mon vagin. Elle a dû couper le fil le même jour. Au départ, mes règles se sont régularisées et venaient chaque mois. Sauf que trois ans après, je constate des douleurs dans mes genoux, mon bas ventre. J’allais faire le contrôle et elles m’ont toujours rassurée que tout allait bien. Un jour, en 2020, du sang coulait en abondance de mon vagin. Nous sommes allées voir le gynécologue, on me parle d’hémorragie interne, d’ovaire gonflé. Nous avons pu stopper l’hémorragie, mais depuis lors, malgré tous les traitements, mes menstrues ne viennent plus», témoigne-t-elle.
Elle n’est pas la seule à parler des effets secondaires des méthodes contraceptives: « J’ai fait la contraception en utilisant l’implant de trois ans. Après, je suis allée le retirer. Depuis cette expérience, je n’ai plus conçu, je cherche en vain, ça ne vient plus, mon premier enfant après qui, j’ai fait la planification est malheureusement décédé et actuellement, je n’ai plus rien. Mon mari m’a abandonnée et me voici seule aujourd’hui, je vais retourner vers mon créateur tel que je suis venue. Je regrette amèrement », nous a confié Philomène, la quarantaine.
Malgré les nombreux avantages qu’offre la planification familiale, l’apparition des effets secondaires décourage d’autres femmes qui n’ont plus le contrôle de leur fertilité comme le confie Dame Adjo : « J’ai fait 2 enfants, la dernière a 30 ans aujourd’hui, la contraception a limité mes naissances à deux et c’est fini. J’ai dit à mes filles de faire autant d’enfants qu’elles veulent, je vais m’en occuper », nous a-t-elle confié.
Des jeunes filles qui ne sont pas encore en couple ou mariées font également la planification familiale pour éviter des grossesses afin de poursuivre leurs études, formation ou apprentissage. Mariam, apprentie couturière, s’est convenue avec son fiancé de faire des enfants après sa formation. Elle est allée faire une Planification Familiale qui malheureusement a mal tourné, elle n’a pas pu supporter les malaises : « Le soir même, quand je suis rentrée, je faisais la fièvre, les maux de tête et des courbatures, j’ai supporté jusqu’à trois jours ça n’allait pas, je suis retournée vers eux, mais ils m’ont dit de revenir dans deux semaines si ça ne va pas du tout. Ils m’ont prescrit des médicaments et je suis rentrée. Le temps passe, mais pas d’amélioration, je suis allée supplier pour qu’on le retire parce que je prenais du poids. Je me demande si je le referai un jour avec ce que j’ai vécu » se demande-t-elle.
Ce que dit la science
Lié donc l’infertilité à la planification familiale est un faux problème
Les effets secondaires ne sont pas méconnus du personnel du planning familial : « Comme tous les autres médicaments, la contraception a des effets secondaires qui varient d’une femme à une autre. Les maux de tête, la nausée, des courbatures, la prise de poids ou l’amaigrissement, l’absence de règles et encore des saignements à compte-goutte sont entre autres les malaises qu’elles nous signalent. Tout ceci, nous leur expliquons ça avant même que la méthode ne soit adoptée. Il y en a pour qui aucun effet secondaire n’est enregistré et suivent toujours nos conseils et programme », a déclaré GNAKOU.
La planification n’a jamais été source d’infertilité, affirme Mme Essobouyou LOMDO Sage-femme, responsable de maternité de la Polyclinique de Kara :« Plusieurs femmes ont fait la planification familiale et ont eu des enfants au moment voulu, c’est vrai que pour certaines méthodes le retour à la fertilité est lent, mais si cette attente se conjugue avec le stress, la survenue de la grossesse prend encore plus de temps. Lié donc l’infertilité à la planification familiale est un faux problème », a-t-elle martelé. Elle propose, en outre, que quand les difficultés de retour à la fécondité surviennent, les bénéficiaires doivent revenir pour des échanges et des analyses pour trouver l’origine du mal. « Personne ne sait d’ailleurs combien d’enfants Dieu a prévu pour le sujet en question » a-t-elle conclu.
La planification familiale a démarré au Togo depuis 1975 avec la création de l’Association Togolaise pour le Bien-Être Familial. Plusieurs femmes ont recouru à la planification familiale et sont en bonne santé. Tout dépend de la conception de tout un chacun ou aussi des croyances des unes et des autres.
Espoire TAWI