Dapaong : Des fagots de bois, les femmes nourrissent la famille
Des fagots de bois sur la tête, sous un soleil ardent ou sous une fine pluie, les femmes traversent les rues de Dapaong chaque samedi. Elles se rendent au grand marché de la ville. Elles viennent généralement du village de sidiki, canton de Toaga, dans la commune Tône 1. Ces fagots de bois sont vendus au marché où elles font des approvisionnements pour la maison.
Des kilomètres à parcourir
Des bois coupés dans leurs champs ou en brousse, les dames les mettent en tas bien attachés et les convoient vers la ville. La tête, c’est le moyen de transport de ces fagots de bois qui sont revendus dans le marché de la ville. À pied pour la plupart, elles parcourent environ 70 km en aller-retour. Yendoubouam quitte chaque samedi son village Sidiki pour rallier le grand marché de Dapaong : « Samedi, c’est le jour du marché. Je dois venir vendre le bois pour acheter quelques condiments pour la maison », nous a-t-elle confié.
Avec son bébé au dos, Fatima fait pareil, vendre du bois de chauffe aux bonnes dames de la ville : « Au village, beaucoup de choses nous manquent. C’est samedi qu’on peut les avoir en ville. Et pour avoir un peu d’argent pour les provisions, je cherche du bois pour vendre au marché», rajoute la jeune dame à peine la vingtaine d’ages.
c’est avec l’argent récolté que je vais acheter mes cahiers et pour mes petits frères et sœurs. Maman va continuer la vente pour payer l’écolage pendant qu’on va à l’école. Papa, lui autre, s’est remarié et donc il ne nous regarde plus
Si pour ces deux femmes, il faut attendre le samedi, jour du marché, pour vendre du bois, Selbé, elle, en fait une activité quotidienne : « Chaque jour, je viens en ville avec du bois. Il y a une dame qui vend des repas, elle a besoin de mes services et donc je lui apporte du bois chaque jour ».
Clairement, les fourneaux à bois sont les plus utilisés pour la cuisson dans cette région du Togo. Cela explique donc que la vente du bois, l’élément majeur, soit une activité génératrice de revenu.
Des fagots de bois, des familles entières nourries
Les travaux champêtres sont les principales sources de revenus des populations. Le bois de chauffe, les produits agricoles et aussi le charbon de bois sont les pourvoyeurs de revenus pour les ménages. Un fagot de bois coûte entre 400 et 2000 francs CFA. « Quand je vends le bois, j’achète les petits poissons, les condiments, tout ce qu’il faut pour la cuisine. Mon mari est vieux et ne peut plus travailler au champ. Tout repose sur moi », confie Assana. Elles sont nombreuses, ces femmes qui s’occupent seules de leur famille avec ce commerce du bois de chauffe. Dambé fait partie de ces braves: « Le savon, les soins des enfants, la cuisine, je prends l’argent dans la vente des fagots de bois. La vente du bois est ma source de financement pour le bien-être de la famille », a-t-elle révélée.
Boularké, élève en classe de 5ᵉ, prépare sa rentrée prochaine avec la vente du bois : « Depuis le début du mois d’août, c’est mon travail chaque samedi: aller vendre le bois. Au début du mois de septembre, c’est avec l’argent récolté que je vais acheter mes cahiers et pour mes petits frères et sœurs. Maman va continuer la vente pour payer l’écolage pendant qu’on va à l’école. Papa, lui autre, s’est remarié et donc il ne nous regarde plus », confie-t-elle, la mine serrée et le visage dormant.
Trouver de quoi nourrir les familles, c’est ce que ces femmes font à travers la vente du bois de chauffe, même s’il faut couper des dizaines d’arbres par semaine, de quoi inquiéter l’environnement déjà en mal.
Espoire TAWI