Origine du Koko Dunda
Ce tissu imprimé a été longtemps stigmatisé parce qu’il était porté uniquement par les moins nantis et généralement en milieu rural. Mais aujourd’hui, le Koko Dunda fait la fierté du peuple burkinabé qui l’adopte comme un pagne traditionnel lors des grandes cérémonies. Des années auparavant, le “Koko Dunda” était dénommée “tchiè ti barala” (Mon mari ne travaille pas) en langue Dioula. Un nom qui reflète bien la stigmatisation subie par cette étoffe durant des années. Le nom Koko Dunda est donné à ce pagne en lien avec son lieu de vente au marché de Bobo Dioulasso. « Notre grand marché a plusieurs entrées. Avant pour trouver ce pagne, il faut aller au marché en passant par le quartier Koko dans les années 80-90. C’est donc le seul endroit où se pagne était disponible. Au fil des années, ce pagne a pris le nom du lieu de sa vente et devient ainsi le Koko Dunda qui signifie ‘le Pagne de Koko’, un nom qui le valorise plus que son ancienne appellation », explique BANCE Ousseni, Journaliste, Communicateur.
La fabrication
Le Koko Dunda est un assemblage de couleurs imprimés sur un tissu en coton de couleur blanche ou du sale blanc. Le tissu pour le Koko est unique, nous confie dame Gniré Djénébou BAMBA, jeune entrepreneure : « Parfois, tu peux acheter un pagne mais au cours du travail ça ne marche pas, ça veut dire simplement que tu as acheté le mauvais tissu. La qualité du tissu est primordiale pour un bon Koko Dunda ».
Des techniques et de la créativité, il faut en avoir pour faire de beaux Koko Dunda. Reconnaissable à ses rayures souvent multicolores, le Koko Dunda s’obtient grâce à une technique de teinture vieille de plusieurs générations. « Le tissu est d’abord plié en forme d’éventail et attaché par endroit avec du fil en nylon pour créer des motifs, les différentes rayures. La teinte du tissu se fait à la main. On trempe le pagne vierge en coton, successivement, dans des bains colorés, de la couleur la plus claire à la plus sombre, et on obtient les différentes teintes. Ensuite, le pagne est séché et enfin, on enlève les fils du nylon », décrit Dame Djénébou.
Le gagne-pain des femmes de Bobo Dioulasso
Le Koko Dunda participe à l’amélioration de la vie économique des femmes du Faso. À Bobo Dioulasso, les femmes sont dans la fabrication, dans la commercialisation, l’exportation du Koko Dunda. Ce pagne est beaucoup prisé par les populations qui le trouvent relativement moins cher que le Faso Dan fani. Dame Djénébou, produit et vend du Koko Dunda depuis 2018 quand elle a raccroché avec les cours à l’université : « Le Koko, c’est toute ma vie. Je fabrique ce pagne il y a cinq ans déjà. Je le vends en gros et en détails. Je fais des expéditions dans d’autres pays et cela me rapporte beaucoup plus d’argent » explique-t-elle. Pour Awa, sa famille vit grâce à ce commerce : « C’est ça qui nous sauve ma famille et moi. Quand je vends ce pagne, je nourris et soigne ma famille, et j’arrive à épargner pour envoyer à mes parents qui sont au village ».
Aujourd’hui, avec la mondialisation, les facilités de déplacements, la clientèle de Koko Dunda devient diversifié. « Notre chou gras, c’est quand les touristes viennent à Bobo. Ils en achètent beaucoup pour ramener dans leur pays. Le Faso Dan fani le moins cher est à quinze mille (15 000 F cfa) or le Koko le moins cher est à deux mille (2000 F cfa), donc le choix est clair. Avec quelques billets, les touristes ont de quoi se remplir les valises et retourner dans leur pays », a affirmé Françoise.
Le pagne Koko Dunda est désormais vendu partout au Burkina Faso, dans les marchés et aussi dans les boutiques. Son fief de fabrication reste la ville de Bobo Dioulasso, la capitale économique du pays. En 2021, le gouvernement burkinabè à travers le ministère du Commerce a procédé à la labellisation du Koko Dunda pour lutter contre la concurrence déloyale et la contrefaçon afin de créer plus d’emplois pour les acteurs de cette chaine et ainsi réduire leur vulnérabilité. Le pagne Koko Dunda est disponible en plusieurs qualités avec des prix différents.
Espoire TAWI
