Togo : pays des « Patronnes »
La promotion du genre est une réalité au Togo. Les grandes Institutions de la République sont dirigées par des femmes. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir celles qui dirigent l’Assemblée nationale, la Primature, le Secrétariat Général de la Présidence ou encore le service de la Médiation de la République. Au sein du gouvernement actuel, les femmes représentent les 1/3. Aux postes électifs, elles y sont. A l’Assemblée nationale, elles sont 15 députés femmes sur les 91 et 12 maires à la tête des communes. Une avancée considérable qui a permis à ce pays ouest-africain d’être classé 7eme pays « Women, Business and Law » de la Banque mondiale .
Pour certaines personnes, cela est impensable et insoutenable sur la terre de nos aïeux, et pourtant, c’est bien réel. Une femme Premier ministre, une autre Présidente de l’Assemblée Nationale. Le Togo, pays situé en Afrique de l’Ouest entre le Bénin et le Ghana est l’un des rares pays africains à avoir des femmes à la tête de grandes institutions. Une véritable ambition du Président de la République Togolaise, Faure Gnassingbé. En décembre 2012 déjà, il a annoncé une mesure : l’instauration de la parité homme-femme dans la présentation des candidatures à des postes électifs. Cela a permis à l’Assemblée nationale d’adopter la loi sur la parité l’année suivante. Cette loi favorise les candidatures féminines aux postes électifs et diminue drastiquement le montant de la caution des femmes à ces différents postes. Pour les premières élections locales, le montant de la caution des femmes était à 10 000 francs CFA (16 Euros) soit la moitié de celle des hommes. Même si cette volonté existe, il faut souligner qu’au niveau des partis politiques, l’on a du mal à voir des femmes sur les listes électorales encore plus en tête de lice.
Cent dix-sept (117) femmes sont élues conseillères municipales et douze (12) femmes maires. D’ailleurs, à la tête de la Faitière des Communes du Togo (FCT) se trouve une femme, Yawa Kouigan. Avec 15 députés femmes élues, cette législature est la deuxième à avoir plus de femmes.
Au niveau de l’hémicycle, elles sont quinze (15) femmes députés élues. Cette législature est la deuxième à avoir plus de femmes après celle de 2013 qui a eu dix-sept (17) députés femmes alors qu’en 2007, elles n’étaient que 09.
En 2007, elles n’étaient que deux (2) femmes au sein du gouvernement sur les vingt-cinq postes ministériels. La situation va s’empirer l’année suivante avec une seule femme ministre. Les choses vont nettement s’améliorer en 2010 avec sept (7) femmes aux postes ministériels sur les 31 postes ministériels. Dans le gouvernement actuel avec une femme cheffe de gouvernement, l’on constate la présence de onze (11) femmes à la tête des ministères.
LES PATRONNES ET LES INSTITUTIONS
Cheffe du gouvernement
Elle est très bien connue par la plupart des Togolais surtout des jeunes et des populations à la base. Victoire Tomégah-Dogbé avant d’être nommée Cheffe du gouvernement en septembre 2020, a occupé le poste de Directrice de Cabinet de la Présidence de la République, ministre du Développement à la base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi depuis 2010. A la tête de ce département ministériel, elle a initié et mis en œuvre des projets visant l’inclusion des femmes, des jeunes et des artisans notamment au travers du Fonds national de la finance inclusive (FNFI). Elle est la marraine de plusieurs jeunes entrepreneurs grâce aux initiatives telles que le Fonds d’Appui aux Initiatives Économiques des Jeunes (FAIEJ), le Projet d’Appui à l’Employabilité et à l’Insertion des Jeunes dans les Secteurs Porteurs (PAEIJ-SP), de l’Agence Nationale du Volontariat au Togo (ANVT) … Victoire Tomégah-Dogbé entre ainsi dans l’histoire pour avoir été la première femme à occuper le poste de Directeur de cabinet de la Présidence mais aussi première femme Premier ministre au Togo.
Présidente de l’Assemblée Nationale
Les pronostics sur le futur Président de l’Assemblée nationale ont tous échoué.. Au soir du 23 janvier 2019, le Togo connaitra sa première femme Présidente de l’Assemblée nationale. Yawa Djigbodi TSEGAN, la cinquantaine, juriste spécialisée en Droit des Affaires a fait son entrée au parlement en 2013 sous les couleurs de son parti Union pour la République UNIR. Elle était à cette époque premier questeur de 2013 à 2018. Femme politique engagée, et Trésorière Générale au sein du bureau national UNIR, Yawa Djigbodi TSEGAN est depuis janvier 2019, la toute première femme élue Présidente à la tête de l’Assemblée nationale Togolaise.
Secrétaire Générale de la Présidence
Sandra Ablamba Johnson est Ministre et Secrétaire Générale de la Présidence de la République Togolaise . Elle a été nommée le 28 septembre 2020. Sandra Ablamba Johnson était ministre déléguée, conseillère du Président de la République en charge de l’amélioration du climat des affaires. A ce poste, elle a permis au Togo de faire des bonds dans les classements internationaux tel que le rapport Doing Business de la Banque Mondiale. Elle a travaillé sur plusieurs sujets d’ordre économique dont l’évaluation des politiques publiques, le partenariat Public-Privé, la promotion de l’investissement, le suivi stratégique des réformes pour l’amélioration du climat des affaires, allant de l’institutionnel à l’opérationnel y compris l’accompagnement et l’appui-conseil aux opérateurs économiques.
Médiateur de la République
A ce poste sensible et d’une importance capitale pour la lutte contre l’enrichissement illicite se trouve une femme. Haut magistrat du Togo, Awa Nana-Daboya occupe cette fonction depuis 2015 mais a été reconduit par décret présidentiel en août 2021. Elle a pour mission de recevoir la déclaration des biens et avoirs des hautes personnalités, hauts fonctionnaires et agents publics. En tant que médiatrice de la République, elle peut également mener des enquêtes ou investigations pour s’assurer d’une part, de la justesse, de l’équité et de la qualité des services publics pour aider à une administration publique, juste, équitable et de qualité au service des citoyens. Awa Nana-Daboya est également à la tête d’une autre institution, le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN).
Elles sont présentes à des postes, jusqu’ici masculinisés
Il y a de ces postes qui sont dans la plupart des gouvernements réservés aux hommes. Mais pour le nouveau gouvernement il y a eu un renversement de la situation, des femmes sont à la tête de ces portefeuilles. Le ministère de l’Économie numérique et de la transformation digitale est occupé par Cina Lawson depuis 2017. Les sports ne sont pas qu’une affaire des hommes. La Médecin-Colonel Kama Lidi Kedjaka Gbessi assure le fonctionnement du ministère des sports et des loisirs. Elle s’attèle à promouvoir le sport des femmes et à inciter les jeunes filles à s’intéresser aux sports. D’ailleurs, c’est sous son égide que les Eperviers dames se sont qualifiées pour la première fois à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) féminine. Le portefeuille des armées est depuis octobre 2020 dirigé par Essozimna Marguerite Gnakadè.
En dehors des nominations des femmes à la tête des grandes institutions de la République, c’est tout un programme élaboré pour l’équité des genres au Togo. Dans tous les ministères, une cellule genre est installée pour s’assurer de la promotion des femmes.
Article écrit et publié sur Agora Francophone dans le cadre de la création d’un réseau international de jeunes journalistes enquêtant sur les Objectifs de développement durable afin de sensibiliser les populations au respect de ceux-ci.