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VBG : Un mariage par chantage, une vie fragilisée

Solange (nom d’emprunt) est une jeune femme d’à peine la trentaine, mère d’une fille de quatre ans. Mariée depuis environ cinq ans, elle vit dans l'angoisse, peine et peur. La cause de cette souffrance n’est rien d’autre que le changement de comportements de son conjoint. Son petit ami hier devenu aujourd’hui son mari lui fait des misères à la suite de l’annonce de la rupture souhaitée. Elle passe donc ces journées depuis cinq bonnes années à essuyer insultes, humiliations et menaces. Comme Solange, nombreuses sont ces femmes survivantes de Violences Basées sur le Genre (VBG) sans s’en rendre compte forcément. La vie en dehors de leurs cocons familials semble belle et celle à l’intérieur de leur maison, misérable. Les conséquences sont énormes tant sur les victimes, que sur leurs proches et d’ailleurs la société.

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Cet article a reçu le premier prix du concours March4Women de Care International Togo Bénin.

 

De la menace aux humiliations, un quotidien englouti

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Tout est parti de l’annonce de Solange à quitter la relation. « Il manquait souvent de respect à ses parents. Dès que je l’ai informé de mon souhait de rompre, il m’a fait comprendre que ce ne sera pas possible et qu’il détruira ma vie. Je lui avais envoyé des images intimes de moi et c’est avec ces images qu’il a commencé par me menacer », confie-t-elle. Solange sera donc contrainte de rester dans la relation et même d’accepter une union, espérant que les menaces vont cesser. Malheureusement, celui qui est censé la protéger est devenu celui qui l’expose : « il n’y a pas une seule journée où je n’ai entendu des propos humiliants ou des insultes. J’en suis d’ailleurs habituée. Quand on sort, devant les autres, il est l’époux parfait, le gendre que tout parent aurait souhaité pour son enfant. Cela fait que, même quand je leur dis que je suis malheureuse, ils ne me comprennent pas » déclare-t-elle en sanglots.

Visiblement, Solange est à bout, et sa peine est encore plus grande, face au manque de soutien de sa famille. En Afrique généralement, au nom de la soumission qu’une femme doit à son époux, les familles, alliés, exigent de la femme l’endurance au détriment de sa vie.

 

Les signes qui alertent…

Contrairement aux violences physiques qui alertent même l’entourage, les violences psychologiques sont, elles, muettes pour l’entourage. En France, selon le service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI) « pour les 208.000 victimes recensées en 2021, “Deux tiers de ces violences sont des violences physiques, un peu moins d’un tiers sont des violences psychologiques ou verbales. Ces dernières sont celles qui augmentent le plus entre 2020 et 2021 (+35 %)”.

Encore désignées violences morales ou émotionnelles, ces violences comprennent « les paroles blessantes, humiliantes, l’abaissement, la dévalorisation, les moqueries, les insultes, les intimidations, le rejet, l’isolement, des menaces, qui ont pour effet, d’affaiblir, de fragiliser et de blesser psychologiquement la victime », a déclaré Chanselle Claude KOUMBA BOUNGOU, psychologue. En Afrique, au nom de la tradition ou de la religion, il est demandé à la femme d’être soumise à son époux. Cela contribue à maintenir les femmes dans les violences psychologiques. Selon Reyhanath TOURE MAMADOU, Directrice-Exécutive de l’association TCHOWOURE, Women Empowerment : « soumise veut dire accepter ce qu’on n’aime pas, et quand on accepte ce qu’on n’aime pas, on est en déphasage avec soi-même. Il n’y a pas pire torture que celle qui te fait sentir mal dans ta peau et que tu es contraint d’accepter et de vivre avec », a-t-elle ajouté.

 

Vie bouleversée, société impactée

 

La violence psychologique faite aux femmes peut avoir une multitude de conséquences dévastatrices sur leur santé et leur bien-être à court et à long terme, mais aussi sur leur famille et même la société : « on peut observer un problème de développement personnel dû à une baisse d’estime de soi, des comportements autodestructeurs, l’anxiété, le stress chronique, les phobies, les troubles du sommeil ou de stress post-traumatique, la dépression, des pensées suicidaires, des troubles psychosomatiques tels les problèmes cardiovasculaires, l’amaigrissement… », renseigne la psychologue Chanselle Claude KOUMBA BOUNGOU.

Au niveau familial, une femme victime de violence psychologique ne peut avoir de bonnes relations avec sa famille. En d’autres termes, les relations intrafamiliales se détériorent. « On peut observer par exemple : une femme démissionnaire, agressive, désobligeante… envers ses enfants, une femme qui ne remplit plus ses devoirs conjugaux » a-t-elle renchéri

Du point de vue de la société, on peut relever une incidence sur sa participation et son engagement dans différents aspects de la vie et de la société. « Par exemple, on observe une baisse de productivité au niveau de son travail, détérioration des relations interpersonnelles », a conclu Chanselle Claude KOUMBA BOUANGOU.

Dans le monde, les violences faites aux femmes touchent de manière disproportionnée les pays et régions à faibles et moyens revenus. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) Afrique dans ses lignes directrices cliniques et stratégiques relatives à la réponse du secteur santé en cas de violence sexuelle ou conjugale à l’encontre des femmes qu’elle a publiées, l’OMS souligne le besoin urgent d’intégrer ces questions dans la formation clinique initiale des agents de santé.

 

Eugenie GADEDJISSO TOSSOU

 

VIOLENCE
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