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Interview : « Les Etats africains doivent prendre au sérieux la question sur la précarité menstruelle en Afrique », Sherine M Bouassa

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Les femmes et filles rencontrent des difficultés à trouver des serviettes hygiéniques au cours de leurs menstruations. Elles sont des milliers à vivre chaque mois la précarité menstruelle, ceci les empêche de s’épanouir et d’apporter leur contribution au développement de leur communauté. En soutien à celles-ci, des initiatives à l’instar du projet GÊNA sont créés. FAM’A’PART, une association gabonaise s’est donné pour mission à travers le projet GÊNA de sensibiliser sur la précarité menstruelle et de distribuer des serviettes hygiéniques aux filles dans le besoin. L’organisation collecte d’ailleurs du 1er au 31 mai 2022, des serviettes hygiéniques afin de les distribuer. Sherine M Bouassa, Chargée de projets innovants de l’association FAM’A’PART, Référent Digital, Alumni YALI GABON, Alumni AIESEC GABON, Alumni Ashoka a bien voulu nous dire plus sur le projet, lisez :

 

Afrikelles : Qu’est-ce qui a suscité votre désir de mettre en place le projet GÊNA ?

 

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Sherine Bouassa : C’est l’histoire d’une gamine de 7 ans qui voit sa jeune voisine installer des morceaux de chiffons à la corde un matin et se pose la question de savoir ce que c’est ? Curieuse et très observatrice, elle finit par avoir sa réponse auprès d’une autre aîné du quartier qui lui confia que c’étaient des serviettes hygiéniques artisanales. Ébahie, l’enfant commença à se poser beaucoup de questions sur l’usage de ces chiffons qui portaient encore pour certains l’empreinte du sang menstruel de la jeune fille (pas si bien lavée). Cette gamine, c’était moi, dans un quartier sous intégré de Libreville au Gabon. Je venais ce jour-là de faire connaissance avec la précarité menstruelle. Et 5 ans plus tard au lycée, j’avais mes règles et j’ai eu peur d’avoir à utiliser la même chose que ma voisine. Je me suis donc promis de faire l’école afin de me mettre à l’abri de tels besoins primaires et vitaux pour la femme.

 

Premier apéro Menstru’El

 

Afrikelles : A quel besoin concret répond-il ?

 

Sherine Bouassa : GÊNA révèle un problème de santé publique, mieux, ce projet revendique une politique efficace pour la santé de la femme au Gabon et en Afrique. L’éducation à l’hygiène menstruelle, des installations fiables pour le lavage des mains et des toilettes privées et sûres sont des facteurs importants qui permettent aux filles d’aller à l’école et contribuent à l’atteinte de l’Objectif de développement durable 4 (ODD4). Assurer une éducation de qualité inclusive et équitable et de l’ODD6, assurer la disponibilité et la gestion durable de l’eau et de l’assainissement, mais l’adoption d’une approche globale de la GMS répond également à plusieurs autres ODD et c’est donc pour tous ces besoins humains que le projet GÊNA vient plaider afin que les règles cessent d’être un Tabou en Afrique et que la précarité menstruelle ne soit plus qu’un vague souvenir.

La santé sexuelle est au cœur du renouvellement du monde mais le Tabou reste le mot d’ordre à croire qu’on veut bien parler de tout sauf de ce qui est à source de la création du monde : les menstruations. L’association FAM’A’PART via le projet GÊNA vient lever le Tabou par la sensibilisation autour des règles, appeler à l’humanité via la collecte car si vous en avez les moyens, d’autres femmes perdent leur dignité chaque mois au nom d’une société capitaliste. Enfin, la distribution pour plus d’équité sociale.

 

Afrikelles : Comment se fera la mise en œuvre ?

 

Sherine Bouassa : Nous avons d’un côté la cause : la précarité menstruelle

● Au centre, GÊNA qui se veut être le 1er distributeur de produits périodiques au Gabon et en Afrique pourquoi pas.

● De l’autre côté, la création d’un réseau de distribution via des points focaux tels que le SAMU social afin d’accompagner cette structure dans son action de soins gratuits. L’idée est de permettre à une femme qui vient pour des soins en gynécologie au SAMU social de repartir avec un kit GÊNA

● Enfin, la création d’un entrepôt de stockage des dons en serviettes hygiéniques et autres produits hygiéniques pouvant servir à la femme et jeune fille.

● Nous serons constitués en activité génératrice de revenus spécialisée dans la distribution de produits périodiques dans les entreprises, bars, restaurant etc. Partout où les femmes passent et repassent afin que ces femmes n’aient plus honte d’avoir leurs menstrues mais aussi se sentent incluses où qu’elles soient.

● Des partenaires et subventions seront les bienvenus !

 

Les Etats africains doivent prendre au sérieux la question sur la précarité menstruelle en Afrique. L’Afrique a besoin de tous ses enfants pour se développer et la précarité menstruelle est un frein à l’éducation des jeunes filles voire un frein au développement entrepreneurial des femmes dans la société.

 

Afrikelles : Les serviettes hygiéniques réutilisables sont-elles vraiment la solution à la précarité menstruelle ?

 

Sherine Bouassa : Oui, pour un achat éco responsable en phase avec les objectifs de développement durable. Mais la réalité sur le terrain nous fait défaut car l’assainissement de la viabilité des zones couvertes en eau potable reste un véritable problème en Afrique et au Gabon en particulier. En attendant une volonté politique pour résoudre ce problème, l’alternative de l’usage des serviettes hygiéniques biodégradables est de mise pour stopper la précarité menstruelle afin de permettre aux jeunes filles en Afrique de l’Ouest surtout d’aller à l’école sans s’inquiéter pour leurs règles.

 

Afrikelles : Quelles doivent être les contributions de la société et des dirigeants pour réduire la précarité menstruelle ?

 

Sherine Bouassa : Les Etats africains doivent prendre au sérieux la question sur la précarité menstruelle en Afrique. L’Afrique a besoin de tous ses enfants pour se développer et la précarité menstruelle est un frein à l’éducation des jeunes filles voire un frein au développement entrepreneurial des femmes dans la société. Les préjugés, les stéréotypes et la stigmatisation n’aident vraiment pas ces femmes à éclore leurs talents.

Je pense que des lois et budgets doivent être votés afin que les règles ne soient plus un choix mais un DROIT HUMAIN. L’Afrique du Sud est un cas d’école sur ce sujet. Alors, d’autres pays peuvent emboîter le pas d’où mon abnégation au Gabon avec le projet GÊNA. La recherche sur l’endométriose et les autres maladies autour des règles doivent être prises en compte par la sécurité sociale et l’on doit encourager les recherches sur ces malades afin de trouver des solutions adaptées. La pré ménopause et la ménopause elle-même doivent aussi être prises en compte car la vie commence à partir de 50 ans.

 

 

Afrikelles : Un message pour finir l’entretien !

 

 

Sherine Bouassa : En Afrique subsaharienne selon l’UNICEF, une fille sur 10 ne va pas à l’école pendant son cycle menstruel ce qui correspond à 20% de temps scolaire sur 1 an, certaines abandonnant complètement l’école après avoir eu leurs 1er règles. Alors j’aimerais me lever un matin sachant qu’une fillette de 9 ans où qu’elle soit en Afrique, a eu ses règles en toute sérénité parce qu’elle aurait trouvé aux toilettes de son lycée ou tout autres lieux, une GÊNA Box et une notice lui expliquant comment prendre soin d’elle durant cette période de sa vie !

 

 

Propos recueillis par Eugenie GADEDJISSO TOSSOU

 

 

VIOLENCE
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