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INTERVIEW : AGPEF associe les leaders communautaires à la lutte contre les VBG, «ils doivent au prime abord se rendre disponibles et écouter les victimes» Dr Irène Télé DJAHLIN

L’on estime dans le monde qu’une femme sur trois sera victime de violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. Pendant les périodes de crises notamment celle liée à la pandémie du coronavirus, les cas de Violences Basées sur le Genre VBG augmentent. L’association Alliance Globale pour la Protection de l'Enfant et de la Femme AGPEF Togo à travers son projet « mobilisation communautaire contre les VBG en période de crise : cas du covid-19 » veut limiter les dégâts. 

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Depuis Aout dernier, l’association AGPEF Togo grâce à l’appui financier de l’Urgent Action Fund, met en œuvre le projet « mobilisation communautaire contre les VBG en période de crise : cas du covid-19 » dans 3 villes du Togo à savoir Sokodé, Notsè et Lomé.  Docteure Irène Télé DJAHLIN, chargée de projet à l’AGPEF Togo lève le voile sur ce projet. 

Afrikelles : Quelle est la situation des Violences Basées sur le Genre depuis le début de la crise sanitaire ?

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Dr Irène Télé DJAHLIN

La crise sanitaire due à la Covid-19, a révélé au monde de multiples paradoxes dont celui relatif à la question de l’égalité de genre. Les femmes sont celles en effet, qui ont pris la plus grande part de charge dans la gestion de cette crise sanitaire, et ce sont elles aussi qui ont pris la responsabilité des services domestiques supplémentaires provoqués par les mesures de confinement plus ou moins généralisées à travers le monde.

D’autre part, ces actrices du bien-être ont été les principales victimes de la pandémie liée à la Covid-19, non seulement dans le domaine économique mais aussi l’on a noté que le nombre de violences et de harcèlements subis par celles-ci a été multiplié par trois et parfois par dix pour certains pays.

Elles ont eu des difficultés relatives aux droits à la santé sexuelle et reproductive, le non accès à l’eau potable, aux toilettes séparées, les discriminations et normes sociales liées à la menstruation, les mariages et grossesses précoces et non désirées, constituent des défis d’inégalités à la libération du potentiel de la femme et de la jeune fille. En milieu rural, les tabous, normes sociales et les inégalités ont étouffé la culture de dénonciation des VBG.

Les expériences et les leçons retenues de la COVID-19 démontrent que les pandémies aggravent les inégalités et les vulnérabilités existantes entre les sexes, augmentant les risques d’abus. En plus des violences économiques (privation de ressources financières et maintien dans la dépendance), les données révèlent une recrudescence de violences physiques et psychologiques de la part de leurs partenaires masculins comparés à la période avant la COVID-19. Ainsi, il est remarqué en période COVID-19 au Togo, que plus de femmes victimes de violences psychologiques (soit 57,10%) et physiques (soit 58,30%) que pendant la période avant COVID où moins de 43% des femmes sont concernées par les violences psychologiques et 41,7% par des violences physiques. En effet, l’augmentation des violences physiques trouve un répondant dans le confinement et les restrictions de déplacement qui a favorisé l’isolement social et instaurent l’enfermement des femmes ou des filles avec leurs « agresseurs ».  

Afrikelles : Vous pilotez un projet justement pour améliorer la situation des VBG dans certaines villes du Togo, concrètement qu’est ce qui est fait et pourquoi ces villes cibles ?

Dr Irène Télé DJAHLIN

Le présent projet de Mobilisation Communautaire contre les VBG en période de crise : Cas du Covid-19, a pour objectif de susciter l’engagement des leaders religieux et communautaires dans la promotion de l’égalité genre et dans la condamnation des actes de Violences Basées sur le Genre. Ainsi, des séances de formation ont été organisées pour sensibiliser les femmes et les filles sur les Violences Basées sur le Genre. Un guide d’accompagnement des survivantes de VBG a été élaboré pour leur donner de plus amples informations sur les mécanismes de gestion des cas de VBG et sur les institutions et OSC qui interviennent dans ce sens. Des plaidoyers ont été organisés à l’endroit des leaders communautaires dans le cadre de la prévention et des mécanismes de gestion des cas de VBG.

Le Guide d’accompagnement a été remis aux leaders communautaires pour leur permettre de gérer efficacement des cas de VBG dans leurs communautés, à travers des échanges et rencontres de plaidoyer ; tout cela grâce à l’appui financier de l’Urgent Action Fund.

Etape de Notsè avec les leaders communautaires et des jeunes.

 

Afrikelles : Que contiennent justement ces guides distribuées ?

 

Dr Irène Télé DJAHLIN

Le Guide d’accompagnement des Survivantes de VBG est un outil de référence aujourd’hui en matière d’accompagnement des survivantes, qui ont le droit à l’information et surtout aux voies de recours en cas de besoin.

Le Guide contient :

–              Les différentes formes de violences basées sur le genre et leurs conséquences sur les victimes

–              Des images relatives aux violences faites aux filles/femmes

–              Une liste d’adresse utile des OSC et centres d’écoute régionaux

–              Les stratégies d’accompagnement efficaces des victimes de Violences Basées sur le Genre durant la Covid-19 au Togo.

Ce guide est utile non seulement aux survivantes, mais aussi aux leaders communautaires, aux OSC, aux journalistes, bref à toute personne qui veut s’informer sur les questions de violences, celles liées au genre et les mécanismes d’accompagnement efficaces des victimes.

 

Afrikelles : dans l’exécution du projet vous mettez à contribution les leaders religieux et communautaires. Comment peuvent-ils contribuer à la réduction des VBG au Togo ?

Dr Irène Télé DJAHLIN

Plusieurs responsabilités et rôles incombent à nos leaders communautaires. Ils doivent au prime abord se rendre disponibles et écouter les victimes. Ils doivent promouvoir les mécanismes locaux de prise en charge en mettant les besoins et ressentis de la survivante en action prioritaire. Ils doivent sensibiliser et informer leurs communautés sur l’existence de cadre et des mécanismes juridiques/extra judiciaires de promotion et de protection de la jeune fille/femme.

Ils doivent lutter contre l’impunité de tout acte de violence à l’endroit de la jeune fille/femme dans leur zone d’influence.

C’est de leur responsabilité, et nous les amenons à le comprendre et à s’impliquer davantage surtout pour lutter contre ces violences faites aux femmes et aux filles dans nos communautés.

 

Etape de Sokodé.

Afrikelles : Que faire pour diminuer les cas de VBG ?

 

Dr Irène Télé DJAHLIN

Pour diminuer les cas de VBG il faut :

  • Une mobilisation communautaire à court, moyen et à long terme, et à tous les niveaux en faveur de la lutte contre les VBG ;
  • Des sensibilisations pour un changement de comportement ;
  • Lutter contre l’impunité à travers la dénonciation des auteurs de violences basées sur le genre ;
  • Sanctionner effectivement les auteurs de VBG et ne pas culpabiliser les victimes
  • Renforcer l’autonomisation économique des femmes
  • Accompagner les survivantes de VBG, et leur apporter un soutien communautaire
  • Impliquer les hommes et les garçons dans les actions de promotion et de protection des filles et des femmes.

Afrikelles: Merci Docteur Dr Irène Télé DJAHLIN

Dr Irène Télé DJAHLIN

Je vous en prie. Merci également à vous. 

 

Propos recueillis par Eugenie GADEDJISSO TOSSOU.

VIOLENCE
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