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TOGO: huile de palmiste, l’activité principale des femmes de Kassé

Très consommée par les populations en milieu rural et même dans les villes, l’huile de palmiste est produite de façon artisanale à Kassé dans la préfecture de la Kozah. L’huile de palmiste est la matière première de la savonnerie artisanale. Elle est convoitée par les fabricants des savons traditionnels appelés  « Akoto » (savon noir), « Kpéviri » ou encore, «  Si je savais » et dérivés.

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Lundi, 12 juin 2023, il sonne 9H. Le soleil vient de se lever, la rosée du matin a laissé place à une légère chaleur. Nous quittons la commune Kozah 1 et prenons la direction Est de la ville. Nous arrivons dans le canton de Kassé, situé entre celui de Pangalo et la ville de Kétao à l’Est de la ville de Kara à environ 17Km. À l’entrée de ce canton, les odeurs de l’huile nous souhaitent la bienvenue, même l’air respiré à Kassé est parfumé à l’huile de palmiste. Dans les concessions, généralement non clôturées, les marmites et bassines utilisées pour la préparation de l’huile sont visibles dans chaque cours de maison, c’est l’activité principale des femmes de Kassé.

L’entrée d’une maison

L’huile de palmiste est fabriquée à base de l’amande des noix de palme. Ces amandes sont achetées principalement dans le marché de Niamtougou qui s’anime chaque dimanche dans la préfecture de Doufelgou. Le prix du bol est de 800F et quand le produit se fait rare, le prix va jusqu’à 1300F.   Pour un bidon de 25L d’huile, il faut utiliser 20 bols de noix de palme. La préparation mérite des précisions pour pouvoir extraire une certaine quantité d’huile pour un nombre de bols donné.  Le processus est long et il faut commencer tôt: « je me suis réveillée aujourd’hui à 2h du matin. Les noix sont d’abord cassées à la machine, délayer dans de l’eau, malaxer avec de l’argile pour recueillir les amandes qui remontent à la surface de l’eau. Ces amandes sont ensuite lavées et bien séchées. Celles-ci sont enfin torréfiées, laissées refroidir et envoyées au moulin. De retour du moulin, il faut délayer dans de l’eau et remuer à l’aide d’un long bâton jusqu’à ce qu’une mousse blanche ne se pose dessus, elle va disparaitre progressivement et laisser place à l’huile », a expliqué Pyalo, une productrice.

Étape de torréfaction

 L’étape la plus dure, c’est celle de la torréfaction des amandes : « là, on lutte contre le feu, si c’est trop cuit, tu n’auras pas une huile de qualité et là, on ne peut plus consommer, mais vendre uniquement aux femmes de la savonnerie, au pire des cas, ça peut prendre feu et là, tu as tout perdu », se lamente-t-elle.

Abiré, la trentaine, fait l’huile de Palmiste depuis cinq ans : « c’est de ce travail que je gagne ma vie. J’ai découvert également des localités avec ce commerce, nous allons au marché de Kara, de Kétao, de Soumdina et dans bien d’autres cantons pour la vente. Sur un bidon de 25 litres, je gagne 5 000 francs par exemple », nous a-t-elle confié.  Abalo, l’époux de Abiré, tailleur de profession à Kétao, a vu son atelier démoli dans les travaux d’aménagement de la route. Cela fait déjà près de trois mois déjà, il vit aux dépens de sa femme: « le sel, le poisson, le piment, c’est elle qui achète désormais. C’est ce travail qui nous nourrit. C’est vrai que je ne sais pas faire l’huile pour l’assister, mais je garde les enfants pendant qu’elle le fait et je donne aussi un coup de main pour arranger le feu ou encore pour sortir les marmites ou les noix qui sont dans les sacs » affirme-t-il.

Afoua a laissé l’école en classe de CM1 pour aider sa mère dans la production de l’huile de palmiste. À 43 ans aujourd’hui, elle le fait pour son propre compte: « quand j’étais encore petite, j’étais à côté de maman qui le faisait pour payer notre scolarité parce que papa était déjà mort. Elle se battait toute seule pour sept enfants, j’ai dû laisser l’école pour l’aider dans son commerce. Aujourd’hui, vu que nous sommes grands, elle a pris sa retraite et moi, je suis restée dedans. C’est cette huile que nous vendons et consommons, mais lors des fêtes, on achète l’huile importée vendue dans les boutiques pour changer un peu les habitudes. Sinon les enfants mêmes sont fatigués de sa consommation ».

 Pour Dame Manguiliwè, au-delà de l’argent qu’elle gagne de la vente de son huile, le tourteau issu de la production de l’huile est vraiment bénéfique dans les champs :« je gagne doublement. De l’argent et aussi du fumier pour mes champs. Ce que je mange, c’est sans engrais chimique. Quand la saison pluvieuse arrive, après le défrichage du champ, j’envoie du fumier que je verse dans le champ avant même que les sillons ne soient faits. Jusqu’aux récoltes, je n’y ajoute plus rien mais j’ai de très gros épis de maïs. Pour celles qui n’ont pas de champs, je prends leur tourteau et je leur donne une partie de mes récoltes en retour », explique-t-elle.

Chaque acteur de la chaine de production de l’huile de palmiste gagne pour son compte. Dame Bouwoussouwè est meunier dans le canton de Kassé, dans mon moulin il n’y a aucune graine de céréale « j’écrase uniquement que ces amandes pour en faire de l’huile. Je travaille les lundis, mardis, vendredis et samedis. Pour 20 Bols, je perçois 800 francs CFA, il n’y a pas d’aller-retour comme pour la farine. Ici, tu renverses les noix dans le moulin, tu vas t’occuper d’autre chose et ensuite, tu viens l’enlever pour écraser pour d’autres femmes qui attendent déjà. Comme cette activité marche bien, j’ai également acheté le moulin de concassage des noix et là, je prends 1000 francs CFA pour 20 bols. En une journée, je peux même gagner plus de 10 000 après achat du gaz oïl que consomme mon moulin. C’est vrai qu’il y a de la concurrence aujourd’hui à cause des moulins électriques, mais, quand il y a délestage, je suis la reine du canton, je deviens incontournable », a-t-elle déclaré avec sourire.

 

Pour mieux vendre, ces femmes ont besoin de se réunir en groupement pour une harmonisation des prix et une organisation interne pour bénéficier des différents programmes et projets mis en place par le gouvernement pour accompagner les initiatives des femmes dans les différentes communautés.  Aussi, il est bien possible d’exporter cette huile sur le marché sous régional et faire du Togo une référence dans la fabrication de l’huile du palmiste.

 

Espoir TAWI

 

 

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