INTERVIEW : « Mon expérience en tant qu’épouse de pasteur a facilité mon travail à la télé », KOUMAKO Pélagie épse HEINDE
KOUMAKO Ameyo Massan Pélagie épse HEINDE est l’une des figures télévisées bien connues des jeunes et adolescents togolais. Depuis près de 20 ans, elle a travaillé en tant que journaliste-animatrice de l’émission PODIUM JEUNESSE diffusée sur la Télévision Togolaise (TVT). Une émission débat produite par les jeunes, pour les jeunes et qui traite des questions et maux liées à cette frange importante de la population. Tout commence au micro de la radio JVA où ‘tata Pélagie’ animait une émission interactive en Anglais dénommée ‘CIRCLE OF FRIENDS’. Sa voix est celle qui annonçait également les bonnes nouvelles et les opportunités en Anglais, Français et Ewé. Au fil du temps, sa passion et sa rigueur l’amène devant les écrans de télévision. L’épouse de Pasteur devra ainsi conjuguer avec les exigences de son métier et la mission pastorale de son époux qui lui imposent une vie exemplaire. Mission qu’elle a réussi , dirions nous, puisqu’elle l’a fait pendant 18 bonnes années et a su impacter de milliers de jeunes. Au-delà de sa vie à l’écran et de sa communauté religieuse, Mme HEINDE est également manager de HAVILLAS COMMUNICATION, une agence de communication événementielle et de production audiovisuelle, également engagée dans des actions sociales avec plusieurs associations qu’elle a créées dont la toute dernière ‘Invest For Girls’. Dans cette interview qu’elle a bien voulu nous accorder, elle revient sur son travail et sa casquette d’épouse de pasteur et ses actions en faveur des jeunes et des jeunes filles. Bonne lecture !
Vous êtes femme de média depuis près d’une vingtaine d’année, qu’est-ce qui vous a amenée à l’écran ?
Enfant, j’étais à la fois étonnée et fascinée par la boîte qui parle (la radio). J’ai grandi avec cette fascination pour la radio ; lorsque j’ai eu l’opportunité d’étudier les Lettres Modernes à l’Université du Bénin, (actuelle Université de Lomé j’ai su que ma voie était tracée : je serai une voix, une journaliste.
En 1998, la radio confessionnelle JVA m’a accueillie à bras ouverts comme bénévole, apprenant les ficelles du métier ; j’y ai découvert la magie des micros, j’ai appris à choisir mes mots avec soin, à créer des images dans l’esprit des auditeurs, à être leur compagne invisible.
Le travail à la télévision est des fois épuisant émotionnellement.
Puis vint le jour où l’écran s’est invité dans ma vie. J’avoue que c’est la surprise de ma vie parce que j’étais très timide; mais c’est en même temps la concrétisation d’un rêve d’enfant. La radio était mon premier amour, mon confident silencieux. Mais la télévision promettait une audience plus large, une visibilité éclatante. Alors, j’ai plongé. Ce qui m’y a emmenée c’est surtout la poursuite de ma vision et cette force intérieure qui me donne la force d’avancer.
La transition n’a pas été sans heurts. Les micros ont cédé la place aux caméras, et mes mots ont dû se parer de gestes, de sourires, de regards. J’ai appris à me maquiller, à choisir mes tenues, à contrôler mes expressions. Les coulisses étaient plus peuplées, les enjeux plus grands. Je me suis retrouvée face à des millions de téléspectateurs.
Mais au-delà des lumières, j’ai trouvé ma voix. J’ai interviewé des artistes, des politiciens, des anonymes aux destins extraordinaires. J’ai exploré des sujets brûlants, des reportages sur le terrain, des débats enflammés. J’ai appris à rester calme lors des imprévus, à sourire même lorsque mon cœur battait la chamade.
Aujourd’hui, je suis journaliste-animatrice TV, mais la radio reste mon refuge, mon cocon intime. La télévision est ma scène, mon théâtre où je mets en scène le monde. Et dans ce voyage, j’ai compris que peu importe le médium, l’essentiel est d’être cette voix qui inspire et motive.
J’ai vu des étudiants en journalisme me dire : “C’est grâce à vous que je suis là.” J’ai reçu des lettres, des messages, des sourires reconnaissants.
Vous avez inspiré plusieurs jeunes particulièrement les filles, comment appréciez-vous l’impact de votre travail ?
Il y a une vingtaine d’années, je tenais mon premier micro. Mes mots étaient timides, hésitants, mais ils portaient déjà en eux une promesse : celle d’inspirer, d’élever, de changer des vies. Je n’étais qu’une voix parmi tant d’autres, mais j’ai appris que les voix ont un pouvoir extraordinaire.
Les jeunes, surtout les filles m’écoutaient, se voyaient à travers moi.
J’ai parlé de courage, de résilience, de rêves qui ne demandent qu’à éclore. J’ai raconté des histoires de femmes fortes, de pionnières, de battantes. Et dans ces mots, j’ai semé des graines.
Ces graines ont germé. Les jeunes sont devenus des hommes et des femmes, des leaders, des créatrices, des entrepreneurs etc. Ils ont suivi leurs passions, ont osé rêver grand. Et moi, je les ai regardés grandir, s’épanouir fière de qui ils sont devenus.
J’ai vu des étudiants en journalisme me dire : “C’est grâce à vous que je suis là.” J’ai reçu des lettres, des messages, des sourires reconnaissants. J’ai compris que mon micro était bien plus qu’un outil de communication. C’était une passerelle vers l’avenir, un pont entre les générations.
Les filles en particulier ont appris à se tenir debout, à réclamer leur place dans un monde qui parfois les ignorait. Elles ont su que leurs voix comptaient, qu’elles pouvaient changer des destins. Et moi, j’ai continué à parler, à encourager, à semer des graines.
Aujourd’hui, je regarde en arrière avec gratitude. Une vingtaine d’années de carrière, une vingtaine d’années d’impact. Les jeunes sont devenus des adultes accomplis. Ils ont gardé en eux cette étincelle que j’ai allumée, cette conviction que rien n’est impossible.
L’impact est immense.
Vous êtes la tata des jeunes et des adolescents de la Télévision Togolaise, pourquoi s’intéresser particulièrement aux thématiques liées aux jeunes ?
Depuis toujours, je me suis sentie investie d’une mission envers les jeunes et les adolescents. Et moi, en tant que journaliste-animatrice, j’ai choisi de tendre l’oreille vers la mélodie des jeunes et des adolescents parce qu’ils constituent une énergie débordante qui a besoin d’être canalisée pour le bénéfice de nos communautés ; ils posent les questions essentielles et c’est de leurs interrogations que naissent les grands projets. Les jeunes se serrent les coudes, se soutiennent dans leurs combats. Ils créent des vagues d’espoir. Ils savent que l’union fait la force, que leurs voix, ensemble, peuvent briser les chaînes. Ils ont le pouvoir de changer le monde tout en gardant une part de douceur. Et moi, je veux être leur porte-voix.
Alors, quand je parle des jeunes et des adolescents, je parle de ces graines qui germent dans le sol fertile de l’espoir, je parle de l’avenir.
C’est une initiative qui vise à élever une armée de jeunes filles conscientes de leur valeur et prêtes à s’outiller pour servir leurs communautés.
Vous êtes généralement en tenue wax lors de vos apparitions à la télé, vous en avez combien de complets ? Rire
Rires. Je ne les ai jamais comptés. Rires. J’adore tout simplement le wax. En fait je suis née dans le wax. Lorsque je prenais conscience de la vie, le premier tissu que j’ai rencontré c’est le wax. Mon père travaillait à UAC (actuel VLISCO) et ma mère commercialisait le wax. On nous habillait avec le wax. C’est là l’origine de mon amour pour le pagne wax.
Vous êtes également maman Pasteure (épouse de pasteur), cela a-t-il facilité ou rendu compliqué votre travail à la télé ?
En tant qu’épouse de pasteur travailler comme Journaliste Animatrice TV, est une réalité unique et complexe.
Être à la fois épouse de pasteur et animatrice TV signifie jongler entre deux univers très différents. D’un côté, je suis engagée dans le ministère de mon mari, avec ses responsabilités spirituelles et émotionnelles. De l’autre côté, je travaille dans un environnement médiatique exigeant, où l’image et la performance sont primordiales. Cette dualité peut être épuisante et complexe à gérer.
En tant qu’épouse de pasteur, les attentes de la congrégation peuvent des fois, peser lourdement. Les membres de l’église peuvent avoir des opinions sur votre rôle, vos actions et même votre apparence. En même temps, dans le monde de la télévision, vous êtes également soumise à des attentes professionnelles strictes. Trouver un équilibre entre ces deux sphères est des fois difficile.
En tant qu’épouse de pasteur, on est souvent considérée comme un modèle pour les autres femmes de l’église. Notre comportement, nos paroles et nos choix sont scrutés de près. Cela peut créer une pression supplémentaire lorsqu’on est également sous les projecteurs à la télévision. On doit constamment réfléchir à l’impact de ses actions sur son témoignage et son ministère.
Le travail à la télévision est des fois épuisant émotionnellement. Les horaires irréguliers, les critiques, les exigences de performance et les défis techniques peuvent s’accumuler. Ajoutez à cela les responsabilités pastorales et la charge émotionnelle liée au ministère, et il est normal de se sentir épuisée par moments.
Mais dans tout ceci, je prends toujours du temps pour moi j’arrive à trouver aussi des moments de repos et de rafraîchissement.
En fin de compte, mon expérience en tant qu’épouse de pasteur a facilité mon travail à la télé, parce qu’elle m’a permis de donner un sens profond à mon rôle d’animatrice TV ; la patience et la grâce de Dieu m’aident, à surmonter les difficultés.
Au-delà de la télévision, que faites-vous d’autre pour les jeunes ?
Au-delà de la télévision, j’ai une grande vision pour les jeunes, en particulier les filles et les jeunes femmes. Cette vision a commencé à se concrétiser depuis Mars 2023, où j’ai créé l’association “INVEST FOR GIRLS”. Cette association a pour mission d’encourager les jeunes filles à prendre soin d’elles-mêmes, à poursuivre leurs ambitions et à se positionner en tant que priorité dans leur propre vie. Nous organisons des rencontres trimestrielles pour inspirer et autonomiser les filles et les jeunes femmes. Nous faisons aussi du coaching de groupe et du coaching personnalisé.
C’est une initiative qui vise à élever une armée de jeunes filles conscientes de leur valeur et prêtes à s’outiller pour servir leurs communautés.
En résumé, je suis une professionnelle polyvalente qui combine journalisme, gestion d’agence et engagement social pour soutenir les jeunes femmes et les aider à atteindre leur plein potentiel.
Un dernier mot?
Je remercie AFRIKELLLES pour cette opportunité offerte pour partager mes passions et mon parcours avec ses lecteurs.
Chaque parcours est unique, il n’y a pas de formule magique. Il faut juste trouver ce qui fonctionne avec vous et continuer à avancer avec détermination.
Merci à vous!