Reportage : Calvaire dans la garde des enfants, grands parents à la rescousse

La garde des enfants quand la femme doit travailler est un calvaire en Afrique. Emilie par exemple, maman de deux enfants et son époux Stéphane, sont obligés de laisser leur fils ainé de 4 ans chez ses grands-parents en semaine. Il ne revient dans la maison de ses parents que le week-end. La petite fille du couple quant à elle, reste avec ses parents mais doit également rejoindre son frère tous les matins pour permettre aux parents de se libérer pour le travail. C’est l’organisation qu’ Emilie et son époux ont fait pour la garde de leurs enfants. Eugenie GADEDJISSO TOSSOU a passé une matinée avant le départ au domicile du couple, reportage.
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La journée d’Émilie commence à 4h30 à Agoè Anonkoui où elle habite avec son mari et ses 2 enfants. Les chants des coqs et les appels à la prière des musulmans se font entendre de loin. Émilie s’empresse pour les travaux domestiques. Elle commence d’abord par la vaisselle, ensuite arrose la petite cour cimentée et enfin balaie. C’est en ce moment que la porte du salon s’ouvre faisant apparaître Blessing, la petite fille de 2 ans du couple qui se dirige vers sa maman. Elle sera très vite stoppée par son père.

Émilie : « tu rentres dans la douche, la petite te suit. A la moindre inattention, elle risque de se glisser. Tu ne peux même pas l’empêcher de ne pas te suivre. A la cuisine, tu es en train de faire par exemple la friture, quand elle est sous la cuisine, quelque chose de chaud peut se renverser facilement puisque la porte fait face à la cuisinière ».

Après ces travaux, Émilie se rend à la douche. Un moment qui lui permet d’écouter une de ses émissions matinales préférées sur son téléphone. Aussitôt sortie de la douche, Émilie reprend sa fille pour permettre à son père de faire de même. Au moment du petit déjeuner, c’est Stéphane, sa fille sous son bras gauche qui sert la famille.

« Du moment où je peux mettre la main à quelque chose pour que ça passe vite, je le fais. Je ne regarde pas que ceci est dédié à la femme, ou ça c’est pour l’homme. Tous les deux font le même travail. L’objectif, c’est que le couple soit stable et les enfants épanouies. Tant qu’elle n’est pas prête à partir, je ne suis pas tranquille. Donc, il faudrait qu’on puisse ensemble synchroniser afin de pouvoir tous quitter ensemble pour que chacun puisse vaquer librement à ses occupations ».
Les gestes et mouvements du couple tiennent compte désormais de la présence des enfants.

« Peut-être quand ils dorment, tu vas vouloir aller te coucher avec leur papa et rester un peu dans ses bras. C’est normal mais à peine vous faites une ou deux heures de temps, tu entends les cris et tu es obligé de courir et sortir pour venir rester près d’eux. Le grand frère de temps en temps, se réveille carrément pour voir si je suis à ses côtés. Et si je n’y suis pas, il commence par crier quelque soit l’heure. Il y a certains trucs que vous ne pouvez pas faire devant les enfants. Nous sommes obligés de nous cacher ou de laisser carrément qu’ils dorment avant de pouvoir se retrouver à deux et discuter calmement »

6h50, la famille est prête pour quitter la maison. Le papa sort sa moto, s’installe et dispose son sac sur sa poitrine. La maman à son tour s’installe derrière, en mettant la petite au milieu. Après avoir porté chacun leur casque la famille démarre, direction Agoè zongo où le couple doit laisser leur progéniture.

10km, c’est la distance du trajet que parcourent Stéphane et Émilie chaque matin et chaque soir pour déposer et chercher leurs enfants. Arrivé dans la maison ce jour, c’est le petit frère d’Emilie qui récupère Blessing. La grand-mère étant occupée à vendre du riz aux élèves dans une école juste à côté. Émilie passe quelques instants avec sa maman. Le couple quitte Agoè toujours à moto. Stéphane va déposer sa femme à son travail à Amoutiéve avant de revenir à son bureau à Lomé.
La grande mère de son côté installe Blessing sur une chaise et lui remet un morceau de saucisse.

« Ça me réjouit de prendre soin de mes petits-fils. Quand on prend par exemple une femme de ménage elle fera ce qu’elle veut avec les enfants. Tant que je suis en bonne santé je ferai ce qu’il faut pour eux. Quand les enfants sortent et que je dois vendre je les ramène à une sœur parfois ou je les mets au dos. Au début ce n’était pas du tout facile pour Émilie, elle a même voulu démissionner de son travail. Quand je vois comment elle se bat avec les enfants et son travail, j’imagine un peu la souffrance de celles qui n’ont pas leur mère à leur côté » a déclaré maman Emilie .

Le soir Émilie et son époux reviendront chercher leur fille. Le lendemain le cycle va reprendre. Devant toutes ces difficultés certaines femmes s’appuient sur des aides ménagères. Même là , la situation n’est pas toute rose .

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