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NTERVIEW : « Le féminisme est un idéal politique, c’est aussi une philosophie de vie » Carelle Laetitia Goli

À 33 ans, elle est l’une des féministes africaines active sur les réseaux sociaux. Carelle Laetitia Goli utilise ces médias pour déconstruire les stéréotypes et combattre les injustices sociales. Juriste et consultante, maman, blogueuse et activiste, la jeune femme Féministe Ivoirienne, citoyenne africaine, œuvre à une société plus juste et plus équitable envers tous les groupes marginalisés. Après avoir milité auprès de nombreuses organisations pendant presqu'une décennie, elle décide de créer un think tank ‘Organisation pour la Réflexion et l’Action Féministe’ destinée à la recherche féministe, en 2023. Avec beaucoup d’humour et de fermeté, Carelle Laetitia Goli se fait plus découvrir et parle de sa conception du féminisme. Bonne lecture!

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Je me définie comme une féministe et cela s’applique dans la sphère la plus
Privée et intime de ma vie

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Brève description de votre parcours académique et professionnel ?

 

Je suis juriste en Droit Public/ Droit des organisations internationales. J’ai obtenu un master 2 en ce sens. J’ai eu la chance d’avoir acquis des compétences, de diverses expériences tirées de mes engagements avec la société civile. Le travail avec la société civile s’est aligné avec la théorie issue de la formation universitaire. J’ai eu donc la chance de travailler avec des organisations internationales et maintenant de me consacrer en plein-temps à la consultance avec ces entités.

Aujourd’hui, je suis l’une des employées d’une firme qui déploient ces experts partout dans le monde. Je reste rattachée à mon engagement qui constitue aussi une partie de mon travail professionnel.

 

Comment êtes-vous devenue activiste-féministe?

C’est une question aussi simple que complexe. Je pense qu’on naît avec une partie de rébellion et cette envie de ne pas se soumettre à un ordre social se manifeste forcément.

J’ai eu l’opportunité de m’engager avec la société civile concernant les sujets de la gouvernance, c’est un domaine qui me passionne, mais je pense qu’en tant que femme, la gouvernance politique ne peut se départir de la justice sociale. Le féminisme est un idéal politique, c’est aussi une philosophie de vie qui s’apprend. Années après années, j’ai appris et donné toutes ses valeurs, L’activisme a été favorisé par les réseaux sociaux. Il m’a paru important de communiquer et de distiller autant que possible toute cette philosophie. Les réseaux sociaux ont été un catalyseur de l’activisme moderne et féministe en Afrique. Après, tout s’est vraiment structuré avec d’autres activistes et mouvements.

 

Comment vivez-vous cet engagement au quotidien ?

Comme je l’ai dit plus haut, le féminisme est une philosophie de vie, de ce fait le féminisme s’applique à nous en toutes circonstances. Cet engagement m’oblige dans les interactions avec tout le monde à prendre en compte l’intersectionnalité, à croire en la sororité et à ne pas imputer des fautes à des femmes parce que ‘c’est soi-disant leurs natures’’. L’engagement m’oblige à comprendre les stéréotypes avec lesquels j’ai été éduquée et/ou conditionnée et à les déconstruire. Cela implique de me battre contre tout sexisme ordinaire, même dans une discussion anodine, par exemple au salon de coiffure « Sourire ».

Le plus important encore est d’être devenue une mère féministe. Cet engagement est au centre de l’éducation de ma fille. C’est encore difficile de faire une éducation totalement non genrée, mais c’est possible de la faire grandir avec le moins de stéréotypes et de cloisons possibles en essayant d’affiner le plus possible le plafond de verre.

Je me définie comme une féministe et cela s’applique dans la sphère la plus privée et intime de ma vie. Le choix de chaque ami et partenaire de vie ou de travail est examiné sous l’angle de l’égalité et de la justice sociale.

 

Nous avons aussi notre travail sur la professionnalisation des militantes.

 

Les féministes exagèrent ou encore, elles ne trouveront pas de mari, a-t-on
l’habitude d’entendre. Comment gérez-vous souvent ces stéréotypes ?

 

Je pense que les féministes n’ont pas besoin de se justifier de leurs vies privées ou d’autres choses les concernant. Je pense aussi qu’avoir un mari ou ne pas avoir n’est pas important. La société a érigé le célibat en punition ultime de la femme et ce serait dommage pour les femmes féministes de tomber dans le piège, de rentrer dans les habits du patriarcat en essayant de prouver quoi que ce soit. En outre, le féminisme est un combat et de ce fait, exagérer n’a rien de mauvais. Quand vous êtes dans la réalité des violences, vous ne pouvez qu’être incisive. Les gens n’ont pas idée des horreurs qu’on voit et qu’on rencontre ainsi que des histoires des femmes. Honnêtement, je pense qu’on n’en fait pas assez.

 

 

Vous portez un nouveau projet : ORAF ! Quelle est la vision derrière cette initiative ?

 

L’ORAF, Organisation pour la Réflexion et l’Action Féministe, se définit comme un Think tank, un laboratoire, centre de recherches et de propagation de l’idéologie féministe.

Notre vision est d’arriver à éduquer au féminisme en tant qu’idéologie politique qui vise une transformation structurelle de la société et d’investir les espaces intellectuels. Notre approche est intersectionnelle et rassemble tous les groupes oppressés. Nous voulons former une élite féministe intellectuelle, et théoriser notre féminisme. En tant que francophones et africaines, nous sommes soumises à des contingences qui nous restreignent. Nous devons nous préparer à la montée des mouvements anti-droits et des groupes d’opposition. Nous avons aussi notre travail sur la professionnalisation des militantes. Elles représentent une force de travail exploitée (souvent inconsciente) et à qui nous pouvons donner plus de capacités, surtout les plus jeunes. À terme, nous visons à redéfinir une meilleure relation entre les partenaires techniques, financiers, la coopération bilatérale et la société civile féministe africaine francophone.

 

Comment bénéficier des formations de votre organisation ?

L’ORAF va ouvrir des formations pendant le premier trimestre 2024, nous publions toutes les opportunités sur nos réseaux sociaux et dans les espaces militants. Mais nous aurons une newsletter qui permettra de tenir informée toute personne désireuse de nous rejoindre.

Enfin, notre bibliothèque est ouverte et c’est un espace qui aide à en apprendre plus sur le féminisme, la politique et le droit des femmes.

 

Imaginons, vous avez un superpouvoir. Qu’auriez-vous changé dans la société africaine ?

 

Peut-être montrer à chaque femme qu’elle est celle qui décide et qui doit toujours décider pour elle.

 

Un dernier mot ?

Le travail de libération est inhérent à chaque génération et à chaque groupe opprimé. Nous sommes en train d’accomplir le nôtre. C’est un engagement envers celles qui arrivent.

 

 

Propos recueillis par Eugenie GADEDJISSO TOSSOU

 

 

 

VIOLENCE
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