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INTERVIEW: « Lorsque j’ai fait mon entrée en fauteuil roulant, le responsable et ses collaborateurs étaient surpris… Fin de l’entretien», Babette AKAKPO 

 Babette AKAKPO est Directrice-Formatrice au centre Informatique 'Le Printemps' qu'elle a fondé en 2008. Jeune femme handicapée motrice et secrétaire de formation, elle est refoulée dans une grande société de la place juste en entrant dans le bureau en fauteuil roulant. Cette énième discrimination est transformée en opportunité. Grâce à son père, elle se lance en entrepreneuriat et le centre informatique de formation 'Le Printemps'. Et pour défendre les droits des personnes en situation de handicap, elle adhère à l’Association pour la Promotion de la Femme Handicapée du Togo (APROFEHTO) la même année. Au-delà de son centre de formation, elle est également pâtissière et décoratrice. De ses doigts, plusieurs cérémonies de mariage et d’anniversaire ont brillé. Pour elle, le handicap n’est qu’un état d’esprit. Elle nous fait rentrer dans son monde à travers cette interview. Bonne lecture.

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Parlez-nous de votre cursus scolaire.

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D’abord, il faut dire que je suis handicapée motrice depuis mes trois mois de vie suite à une vaccination. Si le moment d’aller à l’école arrive, mes parents devraient se mettre en deux : s’occuper de leurs activités et me porter au dos pour l’école. C’était leur quotidien pendant plusieurs années. J’ai continué mes études jusqu’au lycée où mes problèmes de santé se sont accentués. J’ai dû arrêter les études et me refaire une bonne santé. C’est de là que j’ai décidé de ne plus retourner à l’école, plutôt, me former en informatique. Trois ans après, j’obtiens mon diplôme.

 

 

Comment êtes-vous arrivée dans l’entrepreneuriat et pourquoi le choix d’une formation en informatique ?

L’homme propose, Dieu dispose ! À la base, je me suis formée en secrétariat pour travailler dans un bureau. Mais mon handicap a été un frein et ce rêve a été brisé. J’ai été recommandée pour un poste de secrétariat dans une grosse boîte de la capitale. J’ai pris rendez-vous avec le premier responsable au téléphone, il m’a demandé de passer déposer mon dossier. Je devrais commencer le service un lundi quand le vendredi j’ai reçu un appel pour un entretien avec le responsable. Lorsque j’ai fait mon entrée en fauteuil roulant, le responsable et ses collaborateurs étaient surpris de me voir dans cet état. Il me demande si c’est moi qu’ils attendaient ? Je lui ai dit oui. Il répond ensuite ‘nous vous reviendrons’. C’était la fin de l’entretien, pas parce que mon dossier n’était pas bon mais parce que je suis handicapée motrice. À mon retour à la maison, j’ai raconté la scène à mon papa et il dit d’espérer l’appel retour de la société en question. Nous avons attendu mais hélas. C’est de là que mon père, à qui je dis un sincère merci, a pris la décision de m’ouvrir un centre en informatique pour éviter que je sois humiliée encore une fois sur le marché de l’emploi. Depuis les bancs d’école, j’assistais déjà mes camarades de classe à faire des saisies et des traitements de texte. J’ai donc décidé de partager mes connaissances en informatique en faisant des formations.

Babette et ses apprentis en fin de formation.

 

 

Au-delà de l’informatique, vous êtes aussi dans la pâtisserie et la décoration, comment arrivez-vous à gérer tout ça ?

La pâtisserie et la décoration ont été toujours une passion pour moi. Très souvent, je suis sollicitée par les clients les vendredis et les weekends. Ce qui fait que j’arrive à gérer mon centre et mes petites activités. Je suis amoureuse aussi des pagnes, donc je confectionne des sacs et boucles d’oreilles en pagnes. Tout est une question d’organisation, et quand il y a la volonté, le manque de temps n’est pas une excuse.

 

Comment trouvez-vous les marchés ?

Je ne fais de publicités mais ce sont mes amis (es), mes connaissances qui m’aident à trouver les marchés. Un travail bien impeccable et avec un accueil chaleureux trouve toujours un marché (rire).

 

Malgré votre handicap, vous êtes très mobile !

Effectivement! Je dirai même que je suis plus mobile que ceux qui ont tout leur corps. Je me déplace beaucoup pour des décorations lors des mariages, anniversaires, et tout autre évènement. Je peux le faire dans deux ou trois maisons dans la même journée tout en gardant à l’esprit que je dois revenir dans mon centre de formation ou les apprenants m’attendent. Quand on est une entrepreneure, on doit savoir gérer son emploi du temps.

 

Quels sont vos projets ? 

Les projets, j’en ai beaucoup mais pour l’instant, je me réserve d’en parler. (Rires) Je demande à Dieu la Santé et le reste vous en découvrirez.

 

Babette est un cœur à prendre ?

Oui, je suis un cœur à prendre car je suis une femme vertueuse et ma porte est ouverte à tous ceux qui viendront à moi, mais il y a un adage qui dit « il vaut mieux être seule que d’être mal accompagné ». C’est libre de tout commentaire.

Un message à la jeune fille togolaise.  

La jeune fille togolaise doit être battante. Elle ne doit pas rester les bras croisés sans rien faire. Même si elle trouve 500 F, qu’elle commence par un petit commerce. Dans mon centre, j’encourage souvent les jeunes filles à entreprendre quelque chose. L’entrepreneuriat, rend beaucoup plus autonome, surtout financièrement. Même ceux qui sont dans les bureaux aujourd’hui, entreprennent quelque chose pour joindre les deux bouts. Oser entreprendre, c’est mieux.

 

Propos recueillis par Espoire TAWI

 

 

 

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